Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

Pete Swanson & Yellow Swans.


Pourquoi ce nom pour mon blog, "Dancing with the noise"? Il correspond à une sorte de fantasme déjà décrit ici régulièrement. Danser avec du bruit. Pas nécessairement exécuter une danse au son de, sur le rythme de, aux ordres de... Le terme important à mes yeux est "avec". Se laisser happer, être englobé, traversé par une ambiance. Le "bruit" peut désigner des choses très diverses dans leur nature. Agressives, légères, vaporeuses, inaudibles, aquatiques, répétitives, etc.. L'important, c'est la musique bien sûr, mais également de quelle manière l'écouter. Désirez-vous regarder une piscine et dire,"oh mon dieu, qu'elle est belle" ou, tout naturellement, plonger et vous baigner dans son eau? Les deux choix sont possibles!
Existe-il un morceau qui peut représenter la synthèse absolue de mon fantasme? Oui plusieurs. Mais si on doit n'en garder qu'un seul, ce sera lui, ce TRUC! Ce machin. Cette chose d'une durée de 7 Minutes 45 secondes. Je rêve de le passer dans une soirée, au cours d'un interplateau, dans un véhicule à l'occasion d'un long trajet, dans un centre commercial le jour des soldes. Qu'il se pointe là. Maintenant. Vous fauche. Qu'il vous surprenne. Vous glace le sang pour ensuite le reliquéfier. Que vous soyez bousculé dans vos certitudes et vos sales habitudes.
Ce morceau est une merveille. Danser avec le bruit.
 La première musique que vous avez entendue n'est pas  une chanson de variété ou de rock, un grand songwriter sachant chanter, une nana avec une "belle voix", une comptine pour enfant, le son de la voix de vos parents vous parlant d'un au-delà pas encore découvert. Non, ce sont les sons biologiques du ventre de votre mère. Voici la bombe.


                              
Pete Swanson - Misery Beat from John Twells on Vimeo.

Pete Swanson. Membre fondateur des Yellow Swans. Mais c'était quoi Yellow Swans? Du bruit, du son. Bref, de La Musique. Une avalanche de sons qui vous tombent sur la tête, qui vous cognent.  Puis...
Puis vous vous y sentez bien. C'est du drone. Ne cherchez pas avec du drone le même plaisir qu'avec une pop song. C'est autre chose. Un autre plaisir.
 Avec la  chanson, c'est comme avec un film. Faut être au début pour comprendre la fin. Avec le drone, ce serait plutôt un paysage. Vous ne faites que passer. Vous vous asseyez dans l'herbe et vous vous laissez aller. C'était là avant vous et ce le sera après votre départ. Une fois que vous avez compris cela, vous allez évacuer les habitudes acquises avec la pop music. C'est qu'elles sont tenaces. Mais ça vaut le coup, le drone est tout autant jouissif. Je pense que si beaucoup goûtent peu des plaisirs issus de l'imaginaire des gars comme La Monte Young, c'est juste le résultat d'une incompréhension.
 Faut pas culpabiliser non plus. Vous n'êtes pas handicapé. Les amateurs de drone ne sont pas non plus  dotés d'une intelligence supérieur. Il n'est pas nécessaire d'avoir reçu un apprentissage comme cela peut être le cas avec les arts majeurs (peinture, musique classique).
Avec le drone on prend notre temps. Vaut mieux, ça peut durer des heures, des jours. La Monte Young faisait dans la répétition d'un seul accord, parfois d'une unique note, jouée ad vitam eternam. Et bien vous savez quoi? On s'est aperçu que notre cerveau provoquait des variations selon notre état physique ou psychique.
Houla !
Je vais trop loin.
 Revenons à Swanson et à son précédent groupe. Yellow Swans.




Ce noise peut devenir très jouissif. Il m'arrive même d'être pris par une sensation de liberté extrême pendant une écoute. Une sensation pas si présente que ça dans la pop music, le rock, etc. Liberté pour l'auditeur  parce que l'on ressent également la liberté totale des créateurs.
Le drone est de l'ambient et aussi des sensations ressenties avec le psychédélisme. Il était présent chez Yellow Swans. Un psychédélisme noisy. Fan de Mogwai & Godspeedyou! BlackEmperor, écoutez "Mass Mirage" de l'album "At all Ends" de 2007.



Les productions de Pete Swanson avec son défunt groupe ou en solo sont innombrables. Je n'ai pas tout écouté mais à chaque fois c'est différent. C'est un nouveau voyage.
La principale évolution du travail de Swanson avec son album "Man with Potentiel" est l'apparition des beats. Il y en avait avant mais ils étaient perdus au loin. Mais pourtant ils étaient bien là. On savait qu'ils allaient se pointer. Des battements marquant le rythme dans la musique dite "expérimentale", c'est pas si fréquent que ça quand on y repense. Dorénavant, on peut danser sur ces grincements, ces bourdonnements soniques. Ils nous accompagnent.
 Le mec a bossé avec les Skaters de James Ferraro. Encore James Ferraro.
Swanson ne cesse de travailler. En 2011, il a sorti un autre album, "I don't rock at all". L'électronique maltraitée est moins présente, les guitares sont revenues. Maltraitées également. C'est plus calme, les Bpm ne sont pas aux alentours de 150. Mais bon, y a toujours un grésillement en quelque part. On décolle de chez Vini Reilly et son Durutti Column pour voguer vers Mogwai.





Une anecdote: par une belle après-midi, je me baignais dans Yellow Swans. Malencontreusement j'avais laissé Facebook ouvert. Le bruit signifiant que je venais de recevoir un message m'extirpa de mon voyage.
Et je tombe sur: "Eh jojo! T'en penses quoi du dernier Belle & Sebastian?"
 Et en plus en le lisant j'imaginais la voix assez caractéristique du type, un grand amateur de vin au demeurant. Et bien la sensation éprouvée était certainement la même que celle que vous risquez de ressentir en écoutant Swanson et Yellow Swans pour la première fois. C'est juste pour vous dire que ce jour-là mon ami était dans une pièce et moi dans une autre. Mais dans la même maison. Et le couloir nous séparant n'est finalement pas très long, et peut assez vite être dégagé des objets encombrants (les habitudes). Alors n'hésitez pas à changer de pièce. Cela peut valoir le coup.
Je parlais récemment de Lana del Rey et des raccourcis journalistiques évoquant à son propos David Lynch. Je disais que l'on ne parlait ici pas de sa musique mais de son personnage. Et donc que je m'en foutais un p'tit peu de Lana Del Rey. A contrario, avec ce dernier morceau, Lynch est bel et présent dans la musique. Et Angelo Badalamenti bien sûr.



 Cadeau pour finir. Le lieu saint des amateurs de drone. La légendaire Dream House de La Monte Young. Occasionnellement dans le musée Guggheneim de New York. Sinon l'adresse de l'installation est celle de la MELA Foundation et elle est en fonctionnement non stop depuis ...1993. Parfois, des expos itinérantes la font voyager et passent par la France. Si ça vous dit, bien sûr.






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