John Maus va sauver le monde mais il m' a gâché la Route du rock.
Avertissement à l' attention du lecteur :
Cet article provient d'une personne victime de troubles psychiatriques et neurologiques graves. L'article en question concerne également un artiste victime des mêmes maux. Donc Prenez garde! vous risquez vous aussi de devenir un MALADE infecté par la Folie Maussienne.Je vais essayer de vous décrire par une petite anecdote l'effet que le garçon me procure.Cela se passe à la Route du Rock 2011, mais avant cela je vais vous expliquer pourquoi je me suis cru malade depuis 2010.
J'étais devenu accro depuis ma première rencontre avec Maus vers la fin 2010. Mon état se détériorait de plus en plus. Des symptômes apparurent. Des dizaines de liens publiés sur Facebook. 15 plus précisément de janvier à Octobre 2011, et ce sans savoir communiquer mon engouement. J'ai mis en place des ruses machiavéliques imaginables que par l'esprit perturbé d'un schizophrène pour toucher la communauté facebookienne. Certains me reprochèrent même d'en faire trop! Je ne suis pas un adepte de la fan attitude, mais j' avoue que l'indifférence rencontrée m'entraînait dans le fanatisme. Des jours entiers à éplucher le net pour en savoir plus. A traduire ses interviews ou tout ce qui se rapportait de près ou de loin au bonhomme. Que ce soit en anglais, en espagnol ou en estonien .
Des heures et des heures de monologues et de délires analytiques sur le sujet. Fallait voir les yeux au plafond de ma bien-aimée quand j'abordais le sujet une énième fois en plein milieu du repas. Heureusement elle comprenait un peu. C'est que elle aussi est atteinte d'un virus. La grippe A, enfin La Grippe Dominique A.
John Maus n'avait pas l'air de déclencher la même passion chez les autres et cela créait en moi un terrible sentiment d' injustice. Mais on est en France, et en France on est toujours un peu plus lent à la détente. Les médias étaient trop occupés à glorifier Anna Calvi et Metronomy. Qu' il soit désigné disque du mois de juin chez Magic n'y changea rien. Tout au juste ça sauva l'honneur de la mère Patrie.
Le doute s'empara de moi. Et si John Maus n'était que le fruit de mon imagination? Mon système auditif serait-il devenu défaillant au point de ne plus faire la différence entre un truc pourri et un truc génial.
Horreur!
Et si en fait John Maus était Christophe Maé? Mon système cérébral défaillant me faisant croire à un Bordeaux grand cru alors que j'avalais de la soupe Leader Price pour midinette.
Et puis ouf!
En 2012, le nom de John Maus apparaît dans les conversations mondaines. Je n'étais plus malade. Le pic de la maladie était passé mais des séquelles persistaient. Le traumatisme subi était tellement puissant que j'eus recours à une cellule psychologique pendant des mois. C'était le 14 Août 2011 à 17h45 et ce fut terrible. Pire que les 8 secondes de Laurent Fignon. Pire que Glasgow 1976 ou Séville 82.
Pendant les trois jours et même après l'édition RDR 2011, il se passa un truc horrible dans ma petite tête.Quelque chose de totalement inédit. Un manque terrible. Pas aussi puissant que l'éloignement de l'être aimé mais son équivalant en matière musicale.
Ce n'était plus arrivé depuis fort longtemps. Un sentiment de frustration latent m'a accompagné tout au long du festival. C'est venu progressivement pour atteindre des sommets à la fin du festival. A peine si j'identifiai sa cause.
Les moyens de substitution ne manquaient pourtant pas. Dan Deacon, monstrueux. Dirty Beaches, intense. Fleet Foxes, Electrelane, Kills,Mogwai, Low, etc etc... C'est sûr que certains tueraient pour voir un seul de ces artistes. En dernier secours, tel de la méthadone, il me restait ma clef usb pour les trajets routiers reliant St Malo au Fort Saint Père. Mais je ne pouvais écouter comme il se doit mon gourou, trop perturbé par les vociférations de mon ami basque qui goûte peu mon art de la conduite. Ce n'est que le troisième jour que j'ai enfin pu identifier la raison de ce vide. Et je ne pouvais pas partager mon désarroi.
Nous étions sur la plage pendant un concert d' un intérêt secondaire. Au moment de quitter le sable breton, je croisai ce type. Rien de spécial à première vue.Un peu le genre de ces amateurs de musique indie qui se contrefoutent de leur look. Le mec passerait plus facilement pour un geek que pour un fan des libertines. Plus Décathlon-polaire quéchua que veste en cuir et jeans slim. Certainement un garçon trop timide et complexé pour afficher ses passions musicales au grand jour. A la Route du Rock on en croise plein. A peine si on les voit. Pas des quéquets comme votre serviteur avec qui on sait tout de suite qu'on va pas parler du catalogue la Redoute ou des Aaron. L'unique différence entre eux et moi est dans le comportement face au monde qui nous entoure. Ils se recroquevillent quand d'autres affrontent le monde extérieur avec arrogance et fierté mal placée.
C'est tout juste si on sait ce qu'ils aiment ces types là . Mais pour une fois, peut-être la première fois de sa vie, il avait osé. Il affichait clairement ses amours. Que dis-je! Sa prétention! Sa fierté! Quand nos regards se croisèrent il baissa le sien. L'habitude qu'il a certainement face aux branleurs. Et pourtant. Entre lui et moi comme je l' expliquais juste avant, il y a finalement très peu de différences .
Si seulement il avait su la timidité et le malaise qui s'étaient emparés de moi en sa présence. A-t-il vu seulement que j'avais mouillé mon pantalon?
C'était la posture très mâle d'un lads Mancunien à la Ian Brown qu'il aurait du adopter. Le torse bombé, oscillation de bas en haut de la tête, jambes écartées.
Pourquoi cette fébrilité et cette honte de ma part? Cet apocalypse interne. Très simple.
Sur son t-shirt était écrit "I SAW ... JOHN MAUS".
Si seulement il avait su la timidité et le malaise qui s'étaient emparés de moi en sa présence. A-t-il vu seulement que j'avais mouillé mon pantalon?
C'était la posture très mâle d'un lads Mancunien à la Ian Brown qu'il aurait du adopter. Le torse bombé, oscillation de bas en haut de la tête, jambes écartées.
Pourquoi cette fébrilité et cette honte de ma part? Cet apocalypse interne. Très simple.
Sur son t-shirt était écrit "I SAW ... JOHN MAUS".
Donc, "J'ai vu machin" était écrit sur un t-shirt. Y a pas plus prétentieux tout de même. Fierté mal placée? Bien sûr! Mais parfois on peut en faire preuve.
Je n'aurais jamais osé pensais-je. Et puis, si! John Maus a la capacité de faire de vous un fanatique hystérique prêt à tout pour votre sauveur. Bref vous devenez une Nadine Morano ou un terroriste kamikaze.
Sauf que moi, misérable vermisseau, petit cancrelat du trou du cul de la campagne française, je ne l'ai pas vu le John Maus en concert.
Mais qu' a-t-il pu bien voir ce geek timide & complexé pour devenir ce mec arrogant et prétentieux?
Ce jeune éphèbe boutonneux a du vivre une expérience sensationnelle pensez-vous.
Un trip sous LSD? Une nuit avec Kate Moss défoncé à la coke. Aurait-il vu dieu?.
Les petits hommes verts? Andy Shleck courir intelligemment et gagner le Tour de France?
Gérard Depardieu devenir végétarien?
OUI & NON.
Et finalement, un peu de tout cela en fait.
Une sorte de voyage dans la folie. Il s'est retrouvé dans une situation irrationnelle.
Les vidéos sur youtube de John Maus ont une telle force d'attraction que ses concerts en live doivent être monstrueux. On a goûté très certainement à quelque chose qu'y s'en rapproche au cours des sets de Dan Deacon, Dirty Beaches, Aphex Twin durant la Route du Rock 2011. Mais à la vue des extraits, il faut ces concerts réunis pour les égaler en intensité. Je rajouterai en prime la frénésie véhiculée par Jarvis Coker, la promenade au bord du gouffre offerte par une Cat Power, et cette intuition que l'on a face à Pete Doherty que toute cette histoire va très mal et sordidement se finir dans un caniveau de Londres.
J'ai lu un peu partout que citer Scott Walker au sujet de John Maus était envisageable. C'est une idée très juste. Dans la famille je fais de la pop mais j'ai un cerveau en ébullition et je nourris l'espoir de révolutionner cet art, il peut bel et bien faire figure de fils spirituel pour Scott Walker. Son pote Ariel Pink tiendra le rôle du grand frère. Pour Maus, le petit truc baroque en plus que possédait le grand Scott. Ariel Pink est trop occupé à fouiller les archives de Brian Wilson enterrées dans le bac à sable du piano du Beach Boys. Si je cite Walker en référence, c'est surtout à propos du fond, les motivations d'un type au moment de la création d'une oeuvre de musique populaire. Si les travaux du bonhomme vous font dire "rien de neuf & c'est inoffensif", je vous conseille chaudement d'aller voir ses interviews sur le net et vous comprendrez que les enjeux ici dépassent largement le cadre étriqué d'une simple nostalgie synthpop 80's et qu'il cherche vraiment de quoi sera fait la musique des années à venir.
John Maus et son copain Ariel me font vraiment espérer une progression et ne représentent pas un autre retour en arrière improductif. (cf l' article sur l' Hypnagogic-pop)
Le fait que le bonhomme ait travaillé avec les Animal Collective et ait également fréquenté les amphis de la California Institute of the Arts, représente un réel gage en matière de recherche et d'innovation.
Y a de la pensée derrière tout ça. Du neurone en ébullition. Des questionnements sur l'avenir de la musique. Que doit être la pop musique? Quels sont les objectifs au moment de sa création. Qu'est-ce qu'une chanson et son but en 2012 ?
L'expérimentation sans concessions, c'est à dire créer une oeuvre forte & souvent difficile d'accès ne nous mène-t-elle pas droit dans le mur en se coupant de l'essentiel ?
On est pas ici dans la consommation d'un simple produit culturel comme malheureusement c'est souvent le cas de nos jours. Plus proche du mc-do que de l'art. Qu'il soit majeur ou mineur. Y a t-il une solution alternative au choix trop simpliste: Autechre d'un côté, Coldplay de l'autre ?
L'expérimentation sans concessions, c'est à dire créer une oeuvre forte & souvent difficile d'accès ne nous mène-t-elle pas droit dans le mur en se coupant de l'essentiel ?
On est pas ici dans la consommation d'un simple produit culturel comme malheureusement c'est souvent le cas de nos jours. Plus proche du mc-do que de l'art. Qu'il soit majeur ou mineur. Y a t-il une solution alternative au choix trop simpliste: Autechre d'un côté, Coldplay de l'autre ?
Quand on écoute Maus, on doit chercher à savoir ce qui se déroule sous nos yeux. C'est qu'il se passe enfin quelque chose avec ce type.
Peut-être une sorte de ces remises en question et de ces coups d'accélérateur qui boostent l' histoire. Un "truc" équivalent à ceux de cette trop rapide énumération qui suit.
Le Velvet Underground avait fait rentrer l'art dans le rock et la pop musique. Miles Davis nous a expliqué la musique modale. Quand Eno, avec l'aide des allemands, crée l'ambient, on n'écouta plus, on se laissa envelopper. On ne s'intéressait plus seulement à l'artiste mais autant à la façon d'écouter son oeuvre. Kraftwerk a confirmé ce que l'on commençait à deviner : toute évolution technique apporte un changement dans la façon de composer et d'apprécier la musique. La machine n'est pas toujours l'ennemi de l'homme. Et que dire du punk et de la démocratisation du sampler.
Ne plus croire certains musiciens réactionnaires: la technique et la virtuosité ne sont pas essentielles à la création. Elles seraient même parfois un rempart à l'innovation. Je cite les punks mais d'autres sont allés encore plus loin. Les Punks: "n 'apprenons que 3 accords et montons un groupe". Génésis P-Orridge de Throbbing Gristle: "Pourquoi diable? Ce sont encore trois de trop".
Un artiste se doit-il de jouer live de son instrument? La musique enregistrée en tant qu'instrument a-t-elle enfin gagné sa légitimité? Une simple bande magnétique et la voix ne suffisent-elles pas donner de l' émotion ?
Y a tout ça dans le discours et la musique de John Maus.
Peut-être une sorte de ces remises en question et de ces coups d'accélérateur qui boostent l' histoire. Un "truc" équivalent à ceux de cette trop rapide énumération qui suit.
Le Velvet Underground avait fait rentrer l'art dans le rock et la pop musique. Miles Davis nous a expliqué la musique modale. Quand Eno, avec l'aide des allemands, crée l'ambient, on n'écouta plus, on se laissa envelopper. On ne s'intéressait plus seulement à l'artiste mais autant à la façon d'écouter son oeuvre. Kraftwerk a confirmé ce que l'on commençait à deviner : toute évolution technique apporte un changement dans la façon de composer et d'apprécier la musique. La machine n'est pas toujours l'ennemi de l'homme. Et que dire du punk et de la démocratisation du sampler.
Ne plus croire certains musiciens réactionnaires: la technique et la virtuosité ne sont pas essentielles à la création. Elles seraient même parfois un rempart à l'innovation. Je cite les punks mais d'autres sont allés encore plus loin. Les Punks: "n 'apprenons que 3 accords et montons un groupe". Génésis P-Orridge de Throbbing Gristle: "Pourquoi diable? Ce sont encore trois de trop".
Un artiste se doit-il de jouer live de son instrument? La musique enregistrée en tant qu'instrument a-t-elle enfin gagné sa légitimité? Une simple bande magnétique et la voix ne suffisent-elles pas donner de l' émotion ?
Y a tout ça dans le discours et la musique de John Maus.
Quand le bonhomme est en interview et qu'il cite une multitude de références philosophique (Badiou!) , serait-ce poudre au yeux pseudo intellectuelle? Peut-être. C'est l'avenir qui nous le dira. Au moins celui-là il a le mérite de nous faire réfléchir sur notre passion. Pour qui veut bien s'en donner la peine, bien sûr.
Revenons à mon anecdote malouinne. Le mec de la plage s'éloigna accompagné de ses trois copains. Geeks eux aussi. Ça marche toujours par 3 ou 4 ces machins-là. La tête basse comme d'hab et pas de présence féminines autour. Y a rarement des filles avec ces types-là. Que voulez-vous messieurs-dames. Les filles ont mauvais goût. C'est la vie. Certainement sont-ils passé par un Casino acheter des chips et du Nuttela. A leur âge votre serviteur ne se serait pas contenté de ça pour débuter sa soirée.
Jamais au cours des précédentes Routes du Rock je n'ai ressenti cette telle sensation de manque à mon retour de Saint-Malo. Je loupais un truc énorme. C'était sûr! Il avait manqué l'essentiel.
Je n'oublierai jamais cet instant précis sur la plage.
Le jour ou je croisai ce "pauv type" qui n'aura jamais sa rolex avant ses 50 ans mais qui un beau jour avait vu... John Maus.
Et pour conclure ce message et exprimer publiquement toute la jalousie et la frustration qui est en moi 5 mois après je citerai une énième fois cet idiot de Thierry Rolland :
"Monsieur le Geek binoclard de la plage de Saint-Malo avec votre t-shirt "I saw John Maus", vous êtes un SALOP ! "
Contacte moi s’il te plais..! Facebook : Ophélia Harrison
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