Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

Route du Rock 2013 : des jeunes dansant sur de la musique de vieux et un vieux s' éclatant devant de la musique jeune!



Le moment clé du festival 2013.
Je suis en retrait de la grande scène pendant le set de Hot Chip. Entre moi et le gros de la  foule une bande de jeunes dansent comme des fous sur la musique 80's à peine reliftée 00's de quadras un peu trop nostalgique d'une pop vieille de près de 30 ans. Un malaise profond s'installe en moi. Un malaise maintes fois abordé dans ce blog. Mais malgré cela, cette danse improvisée avait quelque chose en elle que je n'avais plus retrouvé depuis bien longtemps dans le fort Saint Père. Quelque chose d'indéfinissable. Un truc entre-aperçue pendant certains concerts.Un parfum d'espoir comme si, après quelques  années de cynisme et de jachère, la loupe  qu'est la Route du Rock nous dévoilait des terres ,connues  ou inconnues, fertiles pour la musique, les idées et surtout à un certains état d' esprit teinté d'espoir en l' avenir.
Entre passéisme et modernisme il faudra un jour choisir. Il faudra aussi se demander si la musique est devenue aux yeux d'une large majorité un simple produit de consommation comme les autres. Si peut-on se contenter de parler de musique comme d'autres parlent d'un match de foot ou du feu d' artifice du 14 juillet. Mais plutot que la déprime parlons tout de suite des motifs d' espoir en l' avenir. Les rois et reines de cette édition 2013.

 Julia Holter, Fuck Buttons, Cankun, Iceage et TNGHT dans une moindre mesure pour l'aspect modernisme. Nick Cave, Godspeedyou Black Emperor, Clinic et certains autres pour expliquer que la seule façon de faire dans le passéisme sans pour autant devenir une autruche et un radoteur, c'est  d'avoir un vrai talent de créateur et/ou une très forte personnalité.


Que dire encore sur Julia Holter qu'il n'a pas encore été écrit dans ce blog. Rien sauf qu'elle a survolé les débats. Je n'ai pas encore chroniquer le Fuck Buttons par manque de temps mais aussi parce que je savais que le concert de la RDR serait plein d' enseignements entre-aperçus sur leur magnifique dernier disque. Elle va venir mais une chose est sûr, Fuck Buttons a été le pendant bruitiste de la belle Julia en matière de musique novatrice et originale, l' autre grande claque pressentie et avérée de ce festival.
Dans la même optique TNGHT et sa Trap-wonky music m'a beaucoup plus et j'ai été bien emmerdé pour expliquer à mes camarades festivalier que non, ce n'est pas du dubstep, mais plutot une belle évolution de ce style. Une sorte de mutation passionnante semblable par son maximalisme assumé à Rustie déjà défendu dans ce blog. Seul problème, tout comme Rustie, TNGHT est plus a classé comme des producteurs dj que comme des artistes de scènes selon les critères classique du rock ou de la pop. Beaucoup de musique enregistrée et une réelle envie de foutre le feu mais une quantité de travail de musiciens live quasi-inexistant (simple version cd de leur collaboration avec Kany West sans le moindre mixage). Ces mecs sont avant tout des djs en live, pas des musiciens.
 Je n'ai pas trop vu ni trop entendu Cankun , mais lui aussi regarde l' avenir plutot que le passé avec sa musique très hypnagogic-pop.
On arrive enfin au cas Iceage. Pour eux ce n'est pas par le son à proprement parlé que le modernisme passe.  Un punk hardcore sans compromis et rien que cela , ça fait du bien. Non le vrai truc d' Iceage c'est le choc devant l'urgence et la férocité de ces jeunes danois. Ils font peut-être une musique déjà vieille de trente ans mais ils nous parlent de leur époque, notre présent. Et ça fait mal, très mal. Le monde va mal et pour le savoir et connaître l' état d'esprit d'une certaine jeunesse laissez tomber les reportages caricaturaux des journaux télévisés, c'est Iceage qu'il vous faut. Encore plus d'urgence et de virulence (si cela était encore possible)  que Savages l'an dernier. La petite scène à une heure avancée de la nuit quand l' euphorie fait place à la déprime et à la gueule de bois aurait été préférable à la grande scène sous un soleil de plomb. Le message a eut du mal à passer, dommage.


Ensuite on va parler bien sûr de Nick Cave. Le grand concert "classique" de la RDR 2013. Nick Cave ne nous a peut être pas raconté 2013 en détail mais le prédicateur australien porteur de l' héritage d'un certain âge d'or du Rock nous a parlé comme personne d' un truc  important et  intemporelle, l' humain ! Le bien, le mal, l'amour, la haine, le sang, la rage.   Sur les grands écrans encadrant la scène l'image est passé très symboliquement le temps de sa prestation  de la couleur au noir et blanc. Parfois la réalisation et le grain de l'image évoquait cette vidéo des tournées Stax Records en Europe traînant sur youtube. Nick Cave appartient  bien à cette petite caste d' artistes intemporels et inimitables.
Après le passage de l' australien tous les jeunots un peu trop portés sur le passé passent inévitablement pour moins transcendant et paraissent même incongru. Il manque le "Truc". Malgré des concerts plus ou moins  réussis les Bass Drum Of Deaf , Allah-Las et autres  Parquet Courts ne m'ont finalement apporté qu'une chose, le désir de la nouveauté et de tourner la page du livre d' histoire. A trop rester enfermé dans son garage et ses cours du rock version youtube on ne voit plus le monde tourner et ça se ressent trop malgré toute l' énergie la volonté dont sont capables les grands solitaires. Une musique de solitaire coupé des autres. C'est bien ça qu'est devenu le garage rock. Dommage.

Autre époque (les 90's) et du coup une autre vision de ce que doit être le rock, Godspeedyou Black Emperor et Clinic. Moins de blues plus de post-punk. Les grands défenseurs en 2013 de la cause indie ce sont eux. Intégrité, volonté de toujours évoluer, refus du compromis, bref : INDEPENDANCE. Le passage dans un festival estival et sa grande scène a été difficile mais GSYBE reste GSPYBE et malgré un son trop faible leur concert a été parfait. Pas leur meilleur non plus mais largement au dessus du lot.  Et ce qu'il devait se passer s'est passé. Les canadiens ont encore une fois scindé le public en deux. Je répète ma question du début : "Il faudra aussi se demander si la musique est devenue un simple produit de consommation comme les autres?".
 Clinic quant à eux ont assuré comme toujours et nous ont annoncé deux jours avant ce qu'allait être la prestation des surestimés Suuns. Un groupe de lycéens trop influencés par leurs idoles(les clinics) juste bon pour la fête de la musique. Un reliftage de la musique des types de Liverpool fait de grosses ficelles et à travers le maquillage waterproof post-LCD Soundsystem on distingue un arrivisme et un manque de personnalité consternant.

Voici l'instant coup de gueule:
Il faudra un jour que la presse  et l'industrie musicale française comprennent que le Made in Canada n'est pas gage de qualité surtout quand, comme me l'a confirmé un français exilé à Québec pendant un an, on ne présente que la version aseptisée de la scène canadienne. Il faudra aussi s'interroger sur les liens étroits entre un certain faux festival de ce pays (M pour Montréal) et certains rocks critiques français qui devraient apprendre dans le dico la définition du mot déontologie.
 Les mêmes devraient également apprendre a éviter les hypes en en faisant trop. Porter aux nues des formations sous de faux prétextes qualitatifs (fréquemment une musique "légère") alors que la vrai raison est ECONOMIQUE !
 Il est souvent question  tout simplement d' artistes plus facilement exploitable par l'industrie musicale française (labels, tourneurs, concerts, journalistes). Deux raisons.  Soit parce que plus proches géographiquement (les français,Woodkid par ex) ou soit parce que ne bénéficiant pas franchement d'une forte cote de popularité et reconnaissance critique à l' étranger (Suuns, Hanni El Kathib) et du coup plus abordables pour notre pays(principe de l'offre et de la demande). En résumé on nous parle de Dacia en nous promettant la lune alors qu'à coté d' autres se passionnent ou roulent en Ferrari.
Et comme une preuve de tout ce que je viens de dire ne suffisait pas la Julie Pietry de la synthpop a enfoncé le clou, Austra canadienne elle aussi et défendu à corps et à cri par les mêmes. Pose arty à deux balles (après Julia Holter fallait oser) et musique encore plus inoffensive que sur disque pour la démagogie. Pathétique.
Pathétique comme Effterklang qui en un temps lointain (les deux premiers albums) nous offrait quelque chose d'intéressant. A présent on est plus proche du pire de Roxy Music 80's que des promesses d' autrefois.
Et autant en finir avec les rares fautes de goût du festival malouins, les futurs animateurs d'anniversaires de vos chères têtes blondes au Quick de Caen, les Concrete Knive. Les enfants adorent, les autres beaucoup moins. Musique festive sans relief et fond d' où rien ne ressortait à part peut-être les dents longues de la chanteuse qui va vite laisser tomber ses petits camarades de boum.


Parlons à présent des  satisfactions toutes simples qui furent majoritaires comme toujours parce que la Route du Rock reste tout simplement le meilleur des festivals. Je parlais  du retour d'un certain état d'esprit "Route du Rock" ressenti par votre serviteur à certains moment. Ce fut notamment le cas pendant la belle faille spatio temporelle Jacco Gardner, les toujours justes Woods, les !!! étonnant malgré l'absence de  l' effet claque de 2005, Windowspeak et sa très belle reprise de Chris Isaack, Junip par instant,  et les prestations honnêtes de Moon Duo et Disclosure qui n'inventent rien mais qui  tiennent leur rang sans pour autant donner l'envie de se plonger sur leurs disques.
 Local Natives,Orval Carlos Sibelius et Jackson Scott quant à eux sont à mettre à part. Pas vraiment mauvais voir même plutot honnêtes et intéressants ces derniers sont surtout les victimes des dommages collatéraux engendrés par les faiseurs de hype. Impossibilité totale de porter un jugement objectif sans faire abstraction du battage médiatique. Scott vu mille fois, Orval Carlos trop d'idées à la fois d'où une certaine confusion, et Local Natives et bien on connait déjà l' axe Foals/Fleet Foxes/Grizzly Bear.
    
Et pour conclure abordons les cas Hot Chip et certainement le plus bizarre (quoique?), l' énigme Tame Impala. Énigme pas si difficile que ça à résoudre quand on y repense.
Mais que ce concert des compatriotes de Nick Cave fut bizarre. Un début gâché par un son pourri à cause du vent, un alignement de 4-5 chansons hallucinantes et un soufflé qui retombe très vite sans que l'on comprenne trop pourquoi. Que c'est-il passé? Très simple.
 On a eut la confirmation de ce que je pensais depuis leur premier album. Il s' agit bien d'une faille spatio temporelle comme tant d'autres, un très bon groupe un poil au dessus des autres avec un leader aux idées larges, mais l'aspect novateur par rapport à leurs influences provient surtout de la production de leurs disques, lo-fi des oo's pour le premier et la touche magique de Dave Fridman pour "Lonerism". Les effets de studio ne sont pas toujours faciles à reproduire en live et c'est cela qui a pu laisser sur leur faim certains. Mais grand groupe tout de même et le fameux état d' esprit RDR réapparaissait dans toute sa splendeur quand la musique de Kevin Parker se faisaient plus dansante en lorgnant sur ses copains de Jagwar Ma avec une électronique plus présente sur certains titres. Donc fatalement un petit rappel d' une certaine scène mancunienne fortement présente dans la génétique de la Route Du Rock, soit Madchester  et les productions d' Andrew Weatherall.

Et Hot Chip dans tout ça?
Je n'ai jamais aimé Hot Chip et le concert  fut un parfait révélateur des raisons. Dès l' entrée sur scène j' ai compris tout de suite ce qui me déplaisait en Hot Chip. Mis à part le simple coté revival et ses conséquences déjà abordés en début d' article  il y a une petite précision à apporter concernant mon aversion pour eux. Et pour ça il va falloir vous parler Histoire et curieusement des ...Smiths et d'une bonne partie des raisons et causes de l'indie music apparue dans les 80's (Jesus & Mary Chains, C86, MBV, Sonic Youth etc etc). Courant musical par lequel je me suis ouvert à la musique.
C' était quoi les Smiths et les noms cités. Pour la faire vite ( et très vite même j' admet),  le rock et la pop indie 80's était une réaction à la musique mainstream dominant alors les tops mondiaux , une musique majoritaire très lisse , souvent dansante, avec un son propret souvent à base de synthétiseurs. Morissey et compagnie adoptèrent donc le songwritting étiqueté 60's (époque à leurs yeux porteuses d' une innocence corrompus par l'industrie musicale des 80's), son crystallin et/ou, le son crasseux et agressif de la lo-fi ou de la musique industrielle et du punk.
Alors quand Hot Chip déboule sur scène au son de Prince tout est dit. Prince, l' épine dans le pied des fans de musique indie un peu trop bornés. Tout n'était pas non plus mauvais dans la synth-pop et le mainstream des 80's. Le problème d' Hot Chip c'est qu'ils n'ont pas seulement écouté Prince, Talk Talk, Prefab Sprout, Soft Cell, New Order et tant d' autres. Ce soir-là dans le fort Saint Père nous avons eut aussi droit  à des relents d' Elton John, du funk finissant produit aux kilomètres au débuts 80's, à Phil Collins se la jouant James Murphy, les géniaux Pet Shop Boys ayant trop abusé du K2R et du poppers ou que sais-je encore. C'est peut-être efficace, c'est parfois bien fait,  mais faut avouer que parfois ça sentait franchement le renfermé, même pour celui qui place Mark Hollis sur un même pied d' estale que Kevin Schields.

Et là me reviennent encore mes deux  interrogations du début. Deux questions à propos desquelles  la Route du Rock joue son rôle admirablement en y répondant toujours parfaitement depuis plus de 20 ans et demeure le Meilleur festival de France:
"Entre passéisme et modernisme il faudra un jour choisir"
 " Il faudra aussi se demander si la musique doit devenir un simple produit de consommation comme les autres ".




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