En passant : The-Drum, une certaine idée du futur.
DWTN ne pouvait pas passer à coté de ce disque.
Parfois des groupes que tout oppose choisissent des pseudos se ressemblant et si cela peut entraîner de sacrés quiproquos il se peut aussi que ce rapprochement du au hazard nous révèle beaucoup de chose sur nous même et sur la musique actuelle. Les fans d'indie-music connaissent probablement The Drums. Formation new yorkaise qui a eu son petit succès en malaxant la jangle pop british (The Smiths,Orange Juice) et sa cousine la surf-pop américaine (Beach Boys). En 1993 ans j'aurai adoré The Drums, en 2013 ils m'ont depuis longtemps lassé avec leur formule mainte fois entendue. Une formule bloquée sur le passé et ne piochant que dans "L'histoire de l'indie-music pour les Nuls".
Non, en 2013 messieurs et mesdames c'est pour The-Drum que DWTN s' excite.
The-Drum (n' oubliez pas le tiré) c'est Jeremiah Chrome et Brandon Boom, deux garçons de Chicago. Chicago? Ne voyez-vous pas venir la lubbie made in Chicago de DWTN avec ses gros sabots? De toute façon il va n' être question que de lubbies DWTN. Continuons.
Nos deux gars à la très grande différence de leur presque homonyme New Yorkais ne vouent pas un culte à pépé Morissey, loin de là. Si vous leur parlez musique anglaise ils vont vous répondre Art Of Noise et pas guitare et indie. Art of Noise? J'en ai déjà souvent parlé (Vessel et Jam City entre autres) et curieusement le nom de cette formation 80's comme celui de Talk Talk (pour These New Puritans et Julia Holter) est devenu un leitmotiv en 2013.
Je disais donc qu'ils nous venait de Chicago et qu'ils ont pris dans mon coeur la place due à The Drums. Là encore une énorme différence entre ces deux formations saute aux yeux. The Drums (NY) ne regarde musicalement que dans le passé, ils vivent dans une bulle. The-Drum ne se contentent pas de fouiner dans les archives, ils ne sont pas hermétique aux musique de leur époque, au présent. Non seulement ils écoutent ce qu'il se fait de neuf depuis 4-5 ans, mais en plus leurs goûts sont bien plus diversifiés et enfin, si ils sont nostalgiques ce n'est pas d'un style musical lui aussi nostalgique d'une certaine époque mais d'une musique qui voulait en son temps évoquer le futur. Approche que l'on nomme le "Rétro-futurism".
Grosse, très grosse tendance que le rétro-futurisme en 2013. Le rétro-futurism c' est comme Talk Talk et Art of Noise, DWTN en a beaucoup parlé (Ariel Pink, l' hypnagogic pop, Gatekeeper, Space Dimension controller, Flying Lotus, Daniel Lopatin etc etc). Alors que certains ne vont y voir dans la résurgence de ce style qu'une mode revival de plus (les menteurs!ou ...les idiots! c'est au choix) il convient surtout d' essayer de comprendre le pourquoi du comment. Très simple. En 2013 beaucoup (dont votre serviteur) en ont ras la casquette de tous ces revivals et veulent le futur et rien de mieux dans ce but que d' aller voir dans le passé la musique des aînés ayant eu les même aspirations. Une preuve flagrante est le succès rencontré par de la réédition de la BO de "Blade Runner" par de Vangelis. Il y a de ça quelques années c'était ringard et sans intéret d' écouter Vangelis. Limite considéré comme une attitude de vieux cons nostalgique de son enfance. En 2013 ce serait pas plutot l' indie rock nostalgique des 80's&90's qui est en passe de devenir réac?(là je vais me faire des amis).
The-Drums annoncent la couleur dès le premier titre par ces rares paroles"Cela se passe dans le futur, ou peut-être dans l'espace" et embraye avec un sample du légendaire "Moment in love" d' Art Of Noise.
Simple copiage non innovant? Non! Parce que comme je l' écrivais les deux chicagoans écoutent la musique novatrice de maintenant ou au moins en sont imbibés. Hypna-pop, Vaporwave (j'en reparle bientôt dans DWTN) et j'en passe. Si ils utilisent les synthé 80's c'est accompagné d' une palette sonore bien différente de l'époque. Les sons digitaux métalliques, le pillage et l'utilisation hors contexte de l'univers sonore des premiers logiciels Windows, la texture particulière des VHS. Toutes ces choses elles aussi maintes fois abordées dans DWTN. Quand on écoute ce disque une évidence nous saute à la gueule sous la forme d'un simple nom, James Ferraro(ici par exemple et n'utilisez pas le moteur de recherche du blog, votre ordi va sérieusement ramer tellement je suis obnubilé).
"Contact" surprend et déroute pour le non initié. Un peu à l'image de ce que le futur et réussit Oneohtrix Point Never va produire chez pour les aficionados de Warp qui croient encore que ce label est en tête de l' avant guarde (j'en reparle à l'occasion d'une spécial Lopatin).
La modernité et l' intérêt de The-drum ne vient pas seulement du fait qu'ils ne font pas preuve d' arrivisme en se drapant des habits Hypnago-Vaporwave pour se la jouer tendance, ils ont bien digéré toutes ces influences, mais qu' aussi ils osent le confronter à d' autres choses éloignées et novatrice elles aussi.
Et c'est ici que le moment est venu de vous faire écouter ce qui est d' hors et déjà considéré comme l'un des titres de 2013. Le beau et révolutionnaire "Narco"! Une sorte d' hymne pour DWTN.
En version courte:
Et en version album:
Le morceau commence doucement, c'est en apparence froid. Nous sommes bien sur les même territoires le "Far side Virtual" de Ferraro ou chez Lopatin. Un slap de basse et l'utilisation de sample venant de nulle part et c'est Art of Noise. La musique remplie peu à peu l'espace et comme chez Andy Stott ou Laurel Halo l'utilisation de la voix humaines tient le role de la rythmique . Et puis. Et puis un beat sourd et tarabiscoté entre en jeu à mi-chemin de la version longue. Bon dieu! Mais c'est du ...
"Bon sang mais c'est bien sûr!"
The-Drum nous vient de Chicago, et qui dit Chicago dit FOOTWORK!!!!
Le footwork conjugué à la sauce rétro-futuriste c'est pas nouveau ,le "2020" de Dj Spinn (présent dans la compile estivale de DWTN ici) ou, les oeuvres du jeune Young Smoke (par là). C'est pas un scoop mais cela prouve encore une fois que cette musique sortie tout droit des ghettos de Chicago n' a pas fini de s'initier partout et de voire son influence grandir mondialement.
The-Drum utilise le footwork parfaitement sans en rajouter et "Narco" peut ainsi décoller pour la stratosphère. Il faut préciser que The-Drum ne peut réellement être affilié à la clique Hypnagogic-pop du fait qu'ils viennent d'un tout autre univers. Ces deux dj des dancefloor de Chicago officiait plutot dans la wonky music, entre le dubstep et le hip hop . Une sorte de version américaine de Rustie toujours en mode rétro-futuriste mais à la sauce Flying Lotus cette fois-ci. Si en plus on écoute les premiers ep des deux gars on tombe sur des choses évoquant la Witchhouse tant évoquée ici aussi avec le label Tri-angle et Salem ce qui amène la conclusion suivante.
The-Drum est une formation importante parce que, fait très rare, ils se retrouve au confluent de tout ce qui se fait de moderne et de novateur en 2013.
Et c'est peut-être ça le truc qu'il manque tant aux The Drums New Yorkais et autres formations de l'indie-music. Ouvrir les fenêtres de leurs vieilles chambres d' étudiant pour l' aérer, parce que le poster de Morissey piqué dans un vieux numéro du NME tombe en lambeaux et commence franchement à sentir la moisissure.
Une dernière chose sur le "Contact" de The-Drum. Avec les références qui sont faite dans cet article vous pouvez être amené à imaginer une musique dansante, agressive et parfois imperméable car trop complexe ou froide. Détrompez-vous. "Contact" est un véritable trip hypnotique au même titre que certains disques psychédéliques ou prog-rock. Un voyage à travers le temps et les territoires sans oeillères. Passé, présent et futur.
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