Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : King Krule, un adulte dans un corps d' enfant.



Cf http://dancingwiththenoise.blogspot.fr/2013/01/en-passant-king-krule-la-belle-histoire.html


Souvent quand j'observe les jeunes générations je ressens culpabilité, inquiétude , mais  aussi de l' émerveillement face à la manière désinvolte et courageuse  dont ils font preuve pour affronter cette société pire que celle de ma jeunesse. Je sais, à mon âge je devrais plutot adopter l'autre cliché, l' attitude du vieux con pour qui ces "ptits cons" justement ne valent pas triplette à coté de leurs aînés et que de toutes manières, ces "ptits débiles"  sont tous hyper individualiste, complètement dépendant du capitalisme mercantiliste et ne rêvent que d'une chose, baiser des mannequins et être footballeurs pro. Trêve de caricature ! Ces ptits cons se démerdent pas trop mal avec le monde qu' on leur laisse et ne feront pas pire que nous.  King Krule en est l' éclatante  preuve vivante.
L'ex Zoo Kid, Archie Marshall dans le civil, sort enfin son premier album. Dire que "6 feet beneath the moon" était attendu est un vrai enfonçage de porte ouverte. Trois interminables années se sont écoulées depuis la découverte de son "Out getting Ribs" en décembre 2010. Un ep par-ci, des prestations scéniques acclamées par là, le long format du garçon était surveillé comme le lait sur le feu par tout ce que compte de blog et de sites musicaux la toile. Une sacrée hype pour une fois totalement justifiée. Et aussi une sacré pression sur les frêle épaules d'un  Archie Marshall âgé d'à peine 16 ans à l' époque.


Dès l'entame du disque, "Easy Easy", c'est la même claque reçue de "Out gettings ribs" qui frappe votre autre joue une deuxième fois. Toujours cette stupeur face à cette "putain" de  voix s' échappant de ce corps de gamin, cette terrifiante voix  de vieux pilier de comptoir épuisé par la vie  . La voix d' un enfant qui semble avoir perdu toute l'innocence qu' elle devrait véhiculer. Toujours cette guitare minimaliste au rythme lent qui  vous glace le sang. Cette sensation à la fois de calme, de mélancolie teintée d'optimiste et de brutalité qui me font oublier toutes les inquiétudes décrites plus haut.
Et que dire de cette musique. On retrouve sur "6 feet beneath the moon" ce que l'on avait eu toutes les peines du monde à réellement identifier à ses débuts face à l' étrangeté dégagée par les premières confrontations. Archie Marshall définit judicieusement son cerveau  par rapport à  l'utilisation de ses  influences musicales qu'il opère  "d'un hachoir à viande". C' est très juste tellement on est loin de la simple parodie et la multitude d' influences stylistique offre notre dose d' originalité. Si chez King Krule on soupçonne une passion pour le rock'n'roll blancs des 50's que dire alors des influences black, le jazz , le hip hop, l' UK bass et le dubstep comme c'était le cas souvent chez ses petites camarades de la Brit School de Croydon (Kate Nash, Adèle et Amy Winehouse). A ce propos un jour faudra vraiment que je vous parle de cette fameuse BRITschool (London school for Performing Arts Technology), institution qui a succédé aux non moins anecdotiques écoles d' art britanique, immense pépinière au cours des années pour le rock, la pop et le post-punk. Le truc qui manque tant à notre vieux pays.

Beaucoup à juste titre évoquent J-Dilla, quand on écoute"Foreign 2" et on ne peut qu' être d' accord. King Krule me rappelle aussi ce que l'on racontait de The Streets à ses débuts, le détenteur de  l'héritage d'un  certain  songwritting sociale anglais apparu dans  la pop et du rock . Une sorte de Paul Weller, Morissey ou Jarvis Coker post-rap& hip hop. Avec King Krule on est encore plus entre les deux et c'est peut-être ça aussi qui amène l' étrangeté. King Krule a le savoir faire de ses illustres prédécesseurs dans l' art de nous raconter des histoires et de dépeindre parfaitement notre époque en à peine trois minute.L' utilisation qu'il fait de sa guitare peut tout autant faire penser à ces grands tricoteurs du passé, Johnny Marr ou Aztec Camera par exemple, qu'à celle d'un sampler dans les musique électroniques.
La confrontation  de sa voix de baryton crachant ses paroles tel un Billy Bragg ou Joe Strumer avec ses influences hip hop et cette nonchalance  toute droite sortie de la sophisti-pop est détonante.  En parlant de sophisti-pop j'ai même lu à son propos les noms  de l' Everything but the girl des débuts ou du politicard Scritti Politti .

King Krule crée librement sans s'occuper des us et coutumes, de plus il fait toujours preuve d'une intelligence rare. Les petits défauts ne sont imputables qu'à son jeune âge, toujours pas passer le cap de la vingtaine le mioche, 19 ans cette semaine. Certains musiciens trentenaires donneraient cher pour avoir une once de son talent. King Krule est surtout le fruit de la mixité culturelle décuplée par internet, ce petit anglais cartonne pas seulement dans les milieux Britrock, pop ou folk mais on compte aussi dans les rangs de ses admirateurs des gens comme Frank Ocean, Tyler The Creator et le génial Willis Earl Bearl. Il se murmure même que la mère Beyonce ai un faible pour le petit rouquin.
King Krule était attendu comme le nouveau messie du rock anglais. Je confirme, Jésus est revenu sur terre et chose inattendu pour les vieux cons, il est jeune ,rouquin et ne s' appelle pas Morrissey!

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