Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : Julianna Barwick, la beauté peut faire tout oublier.




Printemps 2011, souvenir impérissable.  Mon amour et moi nous nous rendons à une réunion familiale à Chamonix. Après des centaines de kilomètres à travers des paysages plutot mornes nous atteignons enfin les Alpes et ma clé usb décide qu'il est justement le moment pour  diffuser dans le véhicule le deuxième album de Julianna Barwick. Il s' intitule "The magic place" et son écoute associée au spectacle magnifique des nuages enveloppant les cimes alpestres devient une de ces expériences "magiques" et inoubliables que peut offrir la musique quand elle illustre l' instant présent .
Eté 2013, Julianna Barwick s' apprète à sortir le successeur de "The Magic Place" et même si mon environnement n' est plus le paysage magnifique d'une chaîne montagneuse l' effet est le même. Magique. La musique de Barwick n' a pas besoin de circonstance particulières, le nouveau "Nepenthe" se suffit à lui même pour offrir une sensation vertigineuse de beauté. Il y avait bien longtemps que DWTN voulait vous parler de cette jeune américaine très proche de ses "chouchoutes",  Julia Holter, Grouper(Liz Harris),Sleep Over, Daniel Lopatin etc. Son nom a été souvent cité (cf moteur de recherche), "Nepenthe" m'offre à présent ,de la plus belle manière qu'il soit, l' occasion de parler de cette fée qui va sortir l' un des plus "beaux" disques de 2013.


Pour décrire parfaitement le dernier Julianna Barwick et les effets qu'il offre  il suffit tout simplement de s' attacher en premier à son nom, "Nepenthe". Dans la mythologie grecque  ce mot désignait la drogue que Paris de Troye donnait à Hélène (femme de Ménélas) après son enlèvement pour lui faire oublier son pays d' origine (Sparte) . Le (ou la?) Nepenthe était donc considérée comme la drogue de l'oubli, de nos jours nous utiliserions plutot le terme d' antidépresseur.
Si une chose est sûr c' est que la musique de Julianna Barwick possède bien le don de tout faire oublier et de nous rendre la vie plus belle. On pourrait par exemple préciser qu' elle tire son pouvoir du fait qu'elle s' apparente à un véritable fantasme de fan de musique. Barwick étire et fait croître   jusqu'à ce qu'il soit possible l' aspect vaporeux  et  l' irréalité des Cocteaux Twins. J' en avais déjà parler pour Julia Holter mais une nouvelle fois cette nouvelle génération d' artistes par l' utilisation des voix dans leurs morceaux m' évoquent également le "Medulla" de Bjork, et dans le cas Barwick, avec une facilité et une économie de moyen qui rend la chose encore plus attachante que chez l' islandaise.


Avec "The Magic Place"  elle avait solidifié son art et afficher une grande maîtrise par rapport aux premiers signaux lumineux envoyés sur la toile," le premier Lp "Sanguine" et le ep "Florine". Un art  alors en partie réalisé à partir de boucles vocales et un piano créant  une sorte d' ambient indie. L' héritage indie tenait en grande partie par l' aspect bricolage de ses enregistrement mais aussi par son chant. Cet aspect surréel et cotonneux a fait également  penser pour certains à une sorte de "pop hypnagogique des anges". Logique donc que j' adore. Si les voix sont beaucoup travaillées  par l' électronique ce qui donne un résultat très  "ambient" Barwick dit ne pas être influencée et surtout  très peu écouter les artistes  électro pratiquant le genre (Eno par exemple). Ses sources d'inspirations sont plutot à aller voir vers le folk et les musiques où les textures des voix sont particulières, Bill Callahan, Joana Newsom et Panda Bear. Il faut aussi, et parce que sa musique l' évoque constamment,  parler de son enfance. Elle a grandi dans le sud des Etats Unis et plus précisément dans les campagnes du Mississipi et de la Louisiane.  Toujours selon elle  son quotidien était encadré entre la ferme et ses jeux et l' église ou elle participa assidûment à une chorale accroissant son attirance pour les textures vocales. Ainsi pas étonnant que cette  musique  qui envahit tout votre âme et votre corps ainsi que les vastes étendues puisse suggérer des chants grégoriens portés par la réverbération d'une église.Elle se dit  à ce propos être "à la recherche de la réverbération parfaite".


Pour  "Nepenthe" elle a traversé l' Atlantique et quoi de mieux que les vastes étendues accidentée et grandiose de l' Islande pour sa musique. C'est le pays de Bjork bien sûr mais aussi celui où vivent les Elfes, les fantômes  et autres Trolls des contes pour enfant. Enregistré dans le studio des Sigur Ros   les douce mélodies et le chant enchanteur de Julianna Barwick s' appuie à présent un peu plus sur le piano et sur les cordes de l'ensemble Amiina avec en prime  la collaboration de la crème de la scène islandaise (Sigur Ros et Mùm). La douce mélancolie fait encore son effet et la magie opère à nouveau. La recette est toujours la même, une sorte ambiant mutante aux accents d'indie folk  composée de plusieurs strates sans pratiquement pas de refrains, de rythme ni même de mots.
Julianna Barwick tutoie encore une fois les sommets et s'inscrit définitivement dans la lignée des Grouper, Julia Holter, Laurel Halo, Lopatin, Ariel Pink et  tant d' autres, ces artistes géniaux apparu dans la traîne (ou participant) de l ' hypnagogique pop. Ces petits  génies qui ont décidé, en se posant les bonnes questions, de faire une nouvelle musique en dynamitant les canons et en changeant les sales habitudes de leur époque(le revival à tout va, l'indie-pop à guitare bégagayante et la pop facile). Julianna Barwick est comme eux,  elle tente de faire du neuf et une musique accessible en ne snobant pas l' expérimentation et  par l'intermédiaire d' une prise de risque absolue, elle  laisse alors aller son imagination débordante et nous donne à explorer un univers inconnu capable de nous faire oublier notre morne quotidien .


PS:
Et si vous ètes vous aussi accro à la dame je vous conseille vivement ses expérimentations avec l' artiste Ikue Mori ou encore sa collaboration avec au sein d' Ombre avec Roberto Carlos Lange.


Commentaires

  1. Très bon papier où l'on sent la passion. J'avais bien aimé "The Magic Place" et ce nouveau donne envie de s'y plonger.
    Julia Holter, Grouper, Sleep Over, Daniel Lopatin, Laurel Halo...des références communes.
    "One Half" (en écoute en haut) revêt un petit coté Sigur Ros mais d'après ce que tu expliques (niveau lieu d'enregistrement et collaboration), c'est normal !!
    Ton expression : "pop hypnagogique des anges" me parle à donf, moi qui suis scotché ange depuis des années (livres, poésies, "La fin de Satan" V.Hugo....).
    Comme Bonnie Prince Billy avant-elle pour le superbe "The letting go", les terres islandaises sont sources de grandes inspirations quasi....divines ???
    A +

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