Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : Fatima Al Qadiri



Souvenez-vous de la guerre du Golf? Cette putain de guerre (1990-1991) qui opposa une grande partie du monde à l'  Irak de Saddam Hussein quand ce dernier envahit l' Émirat du Koweït.  Si cette guerre a été horrible comme toutes les guerres  elle a aussi marqué profondément les gens de ma génération parce que nous l' avons vécu par l' intermédiaire de la télévision en quasi direct. Cela devenait un grand spectacle audiovisuel avec toutes les déviances de l'info en temps réel devenus aujourd' hui la norme.  Pour l' ado que j' étais les images ressemblaient à un triste son et lumière aseptisant l' horreur de toutes les guerres. On a vu très peu de cadavre ou de sang mais par contre nous étions chaque soir hypnotisés par les images en direct  des bombardements  de Bagdad filmées par les caméras de CNN et commentées approximativement par ce diable de Guillaume Durant et une armée de "Spécialistes" pas encore nommés "consultants". Et je ne vous parle même pas de la désinformation et des manipulations.
Mais pourquoi je vous parle de ça? Quel rapport avec la musique?
Parce que sous ce déluge de sons et de lumières il y a avait des humains. Ce n' était pas un simple jeu pour Playstation. Ça l' est pourtant devenu très vite juste après, il s' appelait  Desert Storm et fit un carton dès 1992.

Fatima Al Qadiri est née au Sénégal. Cette artiste multimédia résidant actuellement à Brooklyn l' a vécu cette saloperie de guerre, mais pas au travers de la petite lucarne. Elle vivait au Koweït pendant l' opération "Tempête du Désert", nom très cinématographique donné à cette guerre par l' armée Américaine.
Ces jours-ci elle sort un ep intitulé "Desert Strike" où il est beaucoup question de ce que je viens de parler. Plus précisément cette artiste nous balance à la gueule une vérité crue. Notre vérité de petits occidentaux. C'est une critique de la société du spectacle décrite et annoncée par ce bon vieux Guy Debord. Elle confronte notre vision défini en partie par le divertissement marchand (télévisuel et vidéo) à la sienne, souvenir des bombardements et des souffrances humaines bien réelles qu'ils ont engendré.
Pour cela elle utilise les même sons digitaux que ceux des jeux vidéos des 90's. Ces fameux sons digitaux issus de l' informatique déjà entendus chez le James Ferraro de "Far side Virtual". Des sons fabriqués pour nous apporté une sentiment de douceur et de calme qui chez Qadiri sont mélangés à des détonations de bruit blanc et glacial. Des "déchirures". Ses clips sont à l'image de tout cela, un mix de jeux et de CNN. Ils se rapprochent beaucoup du travail de Tobar Roback pour Gatekeeper dont je vous ai tant parlé (ici). Musicalement l' imagerie militaire et  et l' ambiance tribale évoque bien sûr Vatican Shadows(ici) et beaucoup Nguzunguzu.
Cet ep m' apparaît bien plus  convaincant, autant par ses qualités artistiques que par le sujet abordé, que celui sorti sous le pseudo Ayshay chez les géniaux Tri Angle Records.
Fatima Al Qadiri, à suivre de très près!

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