Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : Scuba ou l' art de foutre le bordel


Tout d'abord l'objet du scandale.



"La plus belle blague faite aux réacs de tout poil et aux aveugles". Voilà ce que je me suis dit à l'écoute de Scuba.

Scuba s'était fait connaître en nous bricolant du dubstep planant et pas trop givré comme il est pourtant de coutume avec ce genre. Particularité qui faisait son charme. Mais avec son "Personality", c'est le gros bordel qu'il est en train  mettre sur les dancefloors et dans la tête de certaines personnes. C'est l'album polémique  du moment. On aime ou on déteste. L'album est révélateur d'une fracture entre deux clans de la planète musique.
A l'image de son single "The Hope", avec son intro big-beat à la Chemical Brothers et ses choeurs soul très tendance dans l'acid-électro 90's, l'album divise. Une partie de la critique crie au putassier à cause de l'usage de "grosses ficelles". J'ai remarqué en surfant sur le net qu'elle provenait en grosse majorité de France. La vision d'ensemble est visiblement une chose peu pratiquée ici. Surprenant quand ça vient du pays des gros bourrins encensés à tort du style Mondkoft, Sebastian et compagnie. Certains n'ont pas froid aux yeux. Mais qu'est-ce qui les gène à ce point là ?


Je l'aime bien cet album et je ne comprenais pas la virulence des critiques. C'est en  réécoutant "July" que j'ai pigé. Le chemin à parcourir pour sortir des carcans et perdre leurs oeillères est encore très long pour certains. Ses synthés façon Jan Hammer ont visiblement la caractéristique de faire fuir. Beaucoup lui reproche également ses parties vocales. Quand on lit entre les lignes des chroniques, le mot ringard apparaît. Tiens !  Un souvenir me revient à l'esprit. 2010. Un trajet en voiture et un morceau. Un jeune éphèbe de 25 ans m'accompagne. Un morceau passe et la sentence qu'il me balance alors est terrible. "Putain c'est quoi cette musique de Macumba! On dirait de l'eurodance".


Comparer LFO à de l'eurodance! J'en ai laissés sur le bord de la route pour moins que ça. S'il savait ce que ses artistes contemporains  préférés doivent à Mark Bell.

L'usage de sons tout droit venus des 90's plaît pas à tout le monde. Je peux comprendre l'expression "mal vieilli", mais pour moi c'est de l'utilisation de ces sons là qu'il faut débattre et pas de leurs caractéristiques propres. On revient ici sur ce qui a déjà était dit dans ce blog sur Rustie & Daft Punk entre autres. Les deux français avaient subi les sarcasmes avec leurs samples de solos de guitare 70's jugés de "mauvais goût" en 2001. Et bien en 2012, le cas de Scuba est similaire.
  Pourquoi certains sons  évoquent pour moi de bons souvenirs et pour d'autres de la "merde commerciale", et ensuite et surtout pourquoi ne s'attacher qu'à la connotation péjorative dont ils sont porteurs et ne pas adopter une vision d'ensemble ? Allez-vous détester un tableau de Van Gogh à cause de l'utilisation de la même couleur que celle qu'adopte Mc Donald pour ses publicités?

 La petite  histoire sur LFO nous l'explique un petit peu. Le style et les sons des pionniers du début 90's ont été pillés par la suite par bon nombre d'artistes plus  vendeurs et bien moins novateurs. Si les choeurs de voix black évoquent pour les plus jeunes des tubes de sortie en boîte de nuit 90's-2000's (Black Box, Corona, Cher), ils me rappellent l'explosion acid-house de 87-91. Certains pensent au Macumba des campagnes quand moi je pense Hacienda & Frankie Knuckles.


Les exemples de chansons trop vite raillées parce que comportant des parties jugées "ringardes" sont nombreux et le cas Scuba va se répéter à l'avenir.
Mais au-delà de la simple problématique du conflit des générations (c' est pas la mort non plus), il y a aussi celle de perdre ses vieilles habitudes d'écoute et d'appréciation de la chose musicale. Quand je lis les réactions sur Scuba, je peux imaginer alors la stupéfaction, le dégoût et l'incompréhension que James Ferraro doit inspirer à certains. L'art de jouer avec les codes établis et l'inconscient n'est pas encore très bien implanté par ici. Je disais que notre chère patrie était l'une des plus agacées par le "Personality" de Scuba. C'est logique quand on voit la faible considération que déclenche Ferraro et ses sons d'ordinateurs 90's dans la patrie de David Guetta.
Et encore un train de retard de plus pour nous. On a l'habitude.

 Ne se borner qu' aux évidences et ne pas chercher ce qu'il y a derrière. Bien sûr qu'à première vue Scuba a opéré un virage putassier. Mais qu'à première vue. L'ensemble est cohérent et je trouve cela plutôt bien fait. C'est plus finement joué qu'il n'y parait. Il réussit à faire une musique facile d'accès et en même temps capable de franchir les obstacles de l'écoute solitaire.
Il utilise des clichés puis les détourne pour nous les faire apparaître sous un nouveau jour. C'est pas chose nouvelle et la tendance lourde/"Bourin" s'accentue dans l'électro en ce moment. Peut-être que nous en avions aussi besoin en ces temps de crise?
Je dis l'électro mais aussi dans le rock indie. L'un des albums indie de 2011 a par exemple fait avaler une couleuvre au détenteur du bon goût avec un titre qui à mes yeux était le plus courageux et au final peut-être le plus passionnant pour l'avenir. Girls avec son "Die" rend un hommage à peine caché à Black Sabbath et nous offre une bouffée d'oxygène.



L' accessibilité à une source d' influences plus vaste offerte par internet est ici une nouvelle fois flagrante.

Un  truc pour comprendre que Scuba n'est ni "ringard" et encore moins en panne d'inspiration. Écoutez son "Personality" puis forcez-vous à subir les mauvais souvenirs qu'il vous évoque. Vous comprendrez assez vite que cela n'a plus rien à voir et que les points communs ne résident qu'en surface. Et vous savez bien ce qu'on dit des apparences.

Et si finalement, ce que j'essaie de faire comprendre maladroitement avec cet article n'était pas encore plus explicite par la métaphore avec le clip du "The Hope" de  Scuba. Qu' y voit-on ? Un éléphant et un scaphandrier. Mettez les sur la terre sèche et leurs démarches vous paraissent pataudes, lourdes et empruntées. Une fois dans le liquide elles deviennent  aériennes et gracieuses.

PS : Certains sont étonnés de la virulence de cet article. Voici quelques liens assez parlants de l' accueil offert à "Personality" en France et qui expliquent ma réaction. Heureusement à l' étranger on fait plus dans le mesuré si c' est pas l' inverse.
http://crocnique.wordpress.com/2012/02/25/scuba-personality/
http://www.chroniqueselectroniques.net/article-scuba-personality-100511523.html
http://empreintes-digitales.fr/index.php?post=14062

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