48° 56' 88'' N , 1° 92' 57'' O Deuxième épisode. 1997 l' année du changement
1996 : Terrible drame à cause d'une poufiasse qui écoutait Ace of Base dans sa voiture! Qu'est ce qu'on est con quand on est jeune et "amoureux" !
1997 :
Que raconter sur ma deuxième Route Du Rock en 1997 ?
Assurément ce fut selon moi l' une des plus importante de l' histoire du festival . Et puis il y a ce fameux 15 Août 1997 .
Une grosse claque salvatrice et un tournant décisif ! Vécu personnellement comme une sorte de délivrance depuis la fin pathétique de Madchester.
Danser avec le bruit.
A nouveau.
Je vais essayer de vous faire comprendre et revivre cette édition charnière. Comment résumer en deux titres le virage opéré par les organisateurs et le coming-out enfin assumé par ses spectateurs? Voilà ce que l' on écoutait en s' y rendant avec l' une des premières vidéos du festival dispo sur le net. L' autre à la fin.
LE CONTEXTE:
Je racontais précédemment à quel point la Britpop et sa vision étroite avait dominé l' édition 1995. Pour le meilleur et le pire. Elle et son folklore de la hype continuait à déferler dans le monde indie mais ça allait vite tourner au vinaigre. Juste après la RDR Oasis publiera son troisième album synonyme de redescente brutale sur le plancher des chèvres, The Verve délaissera le shoegaze pour choper au dernier moment le train du succés commercial . Les oubliables Mansun, les vétérans d' Ocean Color Scene et Gene nous avaient déjà franchement ennuyé et on commençait à se lasser grave de la 1589ème écoute du "Village Green" des Kinks. Les Charlatans n' avaient plus qu' à publier leur dernier effort captivant " Tellin stories". Fallait vite passer à autre chose.
La première moitié de 97 fut marquée par quelques coups de canon symbolisant la fin d' une époque et ce qui allait nous tomber dessus.
Janvier, les Daft Punk sortent leur "Homework". Je danse. Avril: "Dig your Hole" des Chemical Brothers consacre le bigbeat. Je redanse. Primal Scream revient en état de grace avec son "Vanishing point" et ...je reredanse.
C' est qu' il faut préciser un truc. C' était plutot statique ma première route du rock et la britpop ne touchait que très peu à l' électronique et au dancefloor.
Radiohead alors le vilain canard sort en Juin "Ok Computer" avec ses influences riches et variées et va ainsi s' emparer du trône pour pas mal de temps . Et puis que dire de Spiritualized, Super Furry Animals et enfin et surtout Portishead & le trip hop, Roni Size, la jungle, le breakbeat et la drum & bass . Les germes de ce qui allait devenir le Dubstep étaient déjà présents.
Et c 'est pas tout. Nos regards n' étaient plus tournée exclusivement sur l' Angleterre. Si seulement ils l' avaient vraiment été en réalité. L' Amérique nous sauve une nouvelle fois. Pavement, Elliot Smith,Godspeed Yr Black Emperor, Granddaddy, Smog et j' en passe. Et puis n' oublions pas Bjork, la première a s' inquiéter publiquement et à critiquer ouvertement le coté réac de la britpop et le succés des Gallagher. Même les vieux sont présent dans nos playlists, Nick Cave et Robert Wyatt sont en grande forme.
Blur avait vu venir la fin de la Britpop avec son album éponyme fortement influencé par Pavement. Damon Albarn ! Quel sacré blagueur. Il avait lancé le concept de la Britpop en réaction au succés du grunge et commençait maintenant à l' enterrer.Adieu Ray Davies et Fred Perry et place à ... ACDC et au look slacker. Voila pour le contexte.
Il fallait que la RDR 97 soit raccord avec les goûts de son public et colle un peu plus à l' actualité en délaissant un peu la bulle du rock indie à guitare pour plus de diversité. Ce sera chose faite et de quelle manière!
A cette époque pré-internet qu' avait-on à l' esprit en prenant la direction de la Bretagne? On avait des préférés sur lesquels portaient nos espoirs de passer un très bon moment. La route du Rock c' était l'une des rares occasions pour rencontrer nos "amours solitaires". Les tournées étaient moins nombreuses qu' aujourd' hui et quel plaisir de voir de visu ces artistes que nous étions alors peu nombreux à aduler. Les photos dans la presse spécialisée étaient encore plus rares et cette restriction créait un imaginaire chez le fan similaire à celui qu' un enfant entretient avec les contes. C' étaient des secrets. De toute façon les autres s' en foutaient dans la grosse majorité. Existaient-ils vraiment ces artistes ou était-ce juste le fruit de l' imagination d' un journaliste vicieux pour faire rèver son lectorat ? Et bien oui, ils étaient vraiment fait de chair et d'os et en plus on était plein à les aimer. C' était ça aussi l' un des intéret de la RDR, se sentir moins seul au pays de Johnny et de Patrick Bruel.
REVUE D' EFFECTIF
En 1997 les attentes et les rèves se portaient sur les Boo Radleys, Swell, les gentils Autour De Lucie, Dinosaur Jr, Placebo (arhg !), Eels. Mais l' effet de surprise était encore possible et même désiré. Nous n' avions pas accès facilement à une partie de la prog et les noms inconnus revêtaient les habits d' un passionnant mystère à percer absolument. Nous adorions ça. A présent quelques clics et on peut se faire un idée des choses qui nous attendent. Moins de surprises. Un bien pour un mal.
En 1997 les nouvelles têtes firent même de bien meilleurs impressions que les connus et l' effet "claque" fonctionna à merveille.
C' est bien simple je ne me rappelle même pas avoir vu Dinosaur Jr. Jay Mascis a-t-il seulement daigné dormir avec les chèvre? Et que dire de l' habituelle déception procurée par les Boo Radleys en live. Ils couraient après le succès d' Oasis délaissant ce qui faisait le charme de leur premiers efforts. Le groupe n' y survivra pas.
Eels & Autour de Lucie ? Bien mais sans plus. Placebo se révélera enfin à nos yeux tel qu' il a toujours été. Du bluff. Je ne parle même pas de l' accident cette année-là qu' est demeurée la présence à Saint Père de Louise Attaque . On ne peut taxer les organisateurs d' opportunisme, le groupe décollait à peine dans les charts et en Août il n' était pas encore le phénomène populaire qu' il deviendra. La raison ? Peut-être le cousinage avec la musique des géniaux Violent Femmes et donc le point de rencontre qu' ils représentaient entre la chanson française et le rock indie. Bref, Dominique A en nettement moins bien.
Les seuls a s' en sortir haut la main parmi les favoris seront Swell. Quel grand moment quand l' émotion s' empara du groupe américain sur scène devant l' accueil que le public malouin leur réserva. Rien à voir avec le mépris rencontré chez eux. Je revois encore cette banderole artisanale confectionnée par leurs fans. On se serait cru à un concert des 2Be3. Mais à la Route du Rock c' est bien connu que les losers de certains deviennent les idoles des autres. Cela augurera d' une certaine manière la relation que des groupes comme The National entretiendront avec le festival après leur explosion médiatique hors de la sphère indie.
DANSER AVEC LE BRUIT (d' où qu' il vienne)
A quel moment précis tout ceci bascula vers la folie ? Quand tout changea et la RDR cessa définitivement de ressembler vaguement à la caricature véhiculée par certains. C' est à dire un simple festival de popeux fermés d' esprit nostalgiques des Smith .
Si je me souviens bien c' est le deuxième jour que le truc gigantesque se produisit." Retenez bien la date les petits enfants" , (faut bien coller à son image, lol).
Le 15 Août 1997 aux alentours de 19 heures.
Un cataclysme comme j' en ai peu connu dans le fort . 10 sur l' échelle de Richter. C' est bien simple j' ai bien cru que l' on allait voir débouler Haroun Taezief et Hubert Reeves dans les douves pour étudier le machin. Juste avant la tombé de la nuit et la traditionnelle galette-saucisse.
Il faisait beau et chaud. Passablement enfumé , imbibé , le bob vissé sur ma tête je me rendis au point de rendez-vous. Mi-chemin scène-régie, à Droite . Le groupe d' ami se reforma, bavarda, et s' amusa innocemment. On se passa le mégot et les plus courageux s' occupèrent du ravitaillement en houblon des troupes. Et il le fallait !
Le son du dj interplateau diminua et les plus aventureux sans trop se douter de ce qui se passerait s' approchèrent de la scène. Le deuxième concert du jour allait commencer. Le premier? Oublié.
Et puis d' un coup le public popeux malouin s' est rappelé de deux choses . Deux choses toute simples et si évidentes pourtant. Deux bidules que le rock indie avait eu lui aussi tendance à oublier en ces temps-là.
Primo nous avions un corps.
Secundo nous aimions danser. Nous avions grandi aux sons de l' acid-house, des raves, de l' hacienda, de Madchester. C' était inscrit dans nos gènes. Oublié les Smiths et leur maladroit "Hang the Dj".
On s' est pas méfié quand les premiers signes de l' éruption volcanique apparurent sur scène. Et pourtant ! Ils venaient d' Islande terre réputée pour son activité tectonique. Comme Bjork. La démarche sautillante d' Hafdis Huld, la danse robotique du type de gauche, les spasmes du chanteur, les deux dj affairés derrière leurs machines. Pas une guitare sur scène et surtout pas de pause popeuse étudiée dans les archives de Top of The Pop. De l' hédonisme pure à 100 % . 40 minutes d'une fusion de la glace et de la lave .
Et c' était pas fini.
On venait de se faire faucher par GusGus quand deux malfrats anglais décidèrent que cela ne suffisait pas. Qu' il fallait en remettre une couche. Double effet Kiskool pour tous!
A peine le temps de choper une bière et rouler une cigarette que la voix samplée de Country Joe nous ordonnait de refoutre le bordel. Et toujours pas une guitare présente sauf dans les samples. Ils avaient un look britpopeux mais leur musique ne singeait plus les Kinks ou les Stone Roses séparément et exclusivement. Elle les malaxait sans distinction et nous rejetait à la face les évidences déjà écrites ultérieurement. Ne jamais oublier son corps !
Ces deux groupes étaient en état de grâce cette année là. Si l' avenir sera plus dur et moins époustouflant pour les nordiques les deux anglais sauront évoluer magnifiquement.
1997 ne doit pas être résumé à ça. Un autre trait caractéristique est à garder en mémoire. L' arrivée en masse de nouveaux sons en provenance de contrées éloignées du simple rock indie. "Mondialisation" fut aussi le maître mot de la RDR 97 avant d' être synonyme de délocalisation & dérives libérales. Petit rappel politique, l 'année suivante sera créée Attac et l'achat des inrocks devenus hebdomadaire se doublait de celui de Charlie Hebdo.
FunDaMental, Asian Dub Foundation et Natacha Atlas nous firent voyager et perdre les oeillères avec des prestations vraiment réussits.
Je parlais de Trip hop tout à l' heure en évoquant Portishead. Un groupe se chargea de faire le lien entre ce courant et les cultures Rave et Lads. Un groupe sur la corde raide. On n' en reparla plus par la suite. Sont-ils tombés en enfer ? Probablement. Mais leur prestation schizophrène teintée de douce folie et d' un désespoir malsain me marqua à vif. J' avais aimé leur album avec son packaging ambigu et j' étais fin prêt pour être cueilli par les malsains mais salvateurs Monk & Canatela.
CONNERIES DE 1997
Des souvenirs plus perso de l' édition 97 ?
Ces trois jours là furent parmi les plus beaux de 1997. Les seuls à retenir en ce qui me concerne. Étudiant ne sachant que faire de son avenir je prenais la direction du mur qu' est le passage à l' âge adulte. En Mai-Juin la gauche molle venait de repasser au pouvoir grace à la connerie Chiraquienne (dissolution) et le soir de la victoire électorale de Jospin je ne trouvais pas mieux pour exprimer mon allégresse que de me passer en boucle le "Perfect Day" de Lou Reed. C 'est dire l' euphorie. Et en 2012 ? Hum...
Heureusement que la RDR était là. Une inoubliable année artistique ne pouvait qu' être associée à un de ces faits d' armes de connerie majestueuse devenus légendaires.
"Nous partîmes 50; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes 200 en bouclant le 2ème tour des douves"
Corneil JoJo(1997)
Une manif improvisée je ne sais foutrement pas pourquoi dans les douves à 3 heures du mat avec pour slogan "Libérez les cochons du bassin d' Arcachon". Le tout derrière une banderole récupérée à la va-vite et tout aussi surprenante, Télérama !? Nous étions jeunes, cons et déjà sans trop d' illusions sur l' avenir de notre société. Alors tourner en dérision une potentielle arme politique était peut-être finalement un cri à peine masqué de désespoir .
De nouvelles têtes apparaissent dans la transhumance annuelle du popeux limogeaud. Parmi lesquelles la toujours réconfortante présence à nos cotés d' une gamine pas encore majeur dont il a fallu convaincre ses parents pour qu' elle puisse elle aussi en profiter. Une autre dénommée bizarrement "Grouik-Grouik" (l' âge d' or des Guignols en est la raison) sera épatée par la plastique du guitariste de Sneaker Pimps. Ce dernier se fera connaître plus tard avec la BO du navet "Les Chevaliers du Ciel" avec Clovis Cornillac. Comme quoi, la Route du Rock mène à tout. Je crois bien aussi qu' une étrange silhouette de forte corpulence commençait à me devenir familière.La réunion dans un lit de la Corrèze et du Pays Basque avec moult détails ce sera ,je vous le promets, pour le prochain épisode.
Et voici pour revenir sur ce tournant de 97 ce que l' on écouta après l' édition 97. Le single "High Noon" de Dj Shadows. En général on jumelait avec sa face B, le remix de "Organ Donor", déjà présent sur l' album de l' année précedente. Passé cette année-là je n' ai plus souvenir d' avoir entendu Shed 7 et Gene en soirée.
1997 :
Que raconter sur ma deuxième Route Du Rock en 1997 ?
Assurément ce fut selon moi l' une des plus importante de l' histoire du festival . Et puis il y a ce fameux 15 Août 1997 .
Une grosse claque salvatrice et un tournant décisif ! Vécu personnellement comme une sorte de délivrance depuis la fin pathétique de Madchester.
Danser avec le bruit.
A nouveau.
Je vais essayer de vous faire comprendre et revivre cette édition charnière. Comment résumer en deux titres le virage opéré par les organisateurs et le coming-out enfin assumé par ses spectateurs? Voilà ce que l' on écoutait en s' y rendant avec l' une des premières vidéos du festival dispo sur le net. L' autre à la fin.
LE CONTEXTE:
Je racontais précédemment à quel point la Britpop et sa vision étroite avait dominé l' édition 1995. Pour le meilleur et le pire. Elle et son folklore de la hype continuait à déferler dans le monde indie mais ça allait vite tourner au vinaigre. Juste après la RDR Oasis publiera son troisième album synonyme de redescente brutale sur le plancher des chèvres, The Verve délaissera le shoegaze pour choper au dernier moment le train du succés commercial . Les oubliables Mansun, les vétérans d' Ocean Color Scene et Gene nous avaient déjà franchement ennuyé et on commençait à se lasser grave de la 1589ème écoute du "Village Green" des Kinks. Les Charlatans n' avaient plus qu' à publier leur dernier effort captivant " Tellin stories". Fallait vite passer à autre chose.
La première moitié de 97 fut marquée par quelques coups de canon symbolisant la fin d' une époque et ce qui allait nous tomber dessus.
Janvier, les Daft Punk sortent leur "Homework". Je danse. Avril: "Dig your Hole" des Chemical Brothers consacre le bigbeat. Je redanse. Primal Scream revient en état de grace avec son "Vanishing point" et ...je reredanse.
C' est qu' il faut préciser un truc. C' était plutot statique ma première route du rock et la britpop ne touchait que très peu à l' électronique et au dancefloor.
Radiohead alors le vilain canard sort en Juin "Ok Computer" avec ses influences riches et variées et va ainsi s' emparer du trône pour pas mal de temps . Et puis que dire de Spiritualized, Super Furry Animals et enfin et surtout Portishead & le trip hop, Roni Size, la jungle, le breakbeat et la drum & bass . Les germes de ce qui allait devenir le Dubstep étaient déjà présents.
Et c 'est pas tout. Nos regards n' étaient plus tournée exclusivement sur l' Angleterre. Si seulement ils l' avaient vraiment été en réalité. L' Amérique nous sauve une nouvelle fois. Pavement, Elliot Smith,Godspeed Yr Black Emperor, Granddaddy, Smog et j' en passe. Et puis n' oublions pas Bjork, la première a s' inquiéter publiquement et à critiquer ouvertement le coté réac de la britpop et le succés des Gallagher. Même les vieux sont présent dans nos playlists, Nick Cave et Robert Wyatt sont en grande forme.
Blur avait vu venir la fin de la Britpop avec son album éponyme fortement influencé par Pavement. Damon Albarn ! Quel sacré blagueur. Il avait lancé le concept de la Britpop en réaction au succés du grunge et commençait maintenant à l' enterrer.Adieu Ray Davies et Fred Perry et place à ... ACDC et au look slacker. Voila pour le contexte.
Il fallait que la RDR 97 soit raccord avec les goûts de son public et colle un peu plus à l' actualité en délaissant un peu la bulle du rock indie à guitare pour plus de diversité. Ce sera chose faite et de quelle manière!
A cette époque pré-internet qu' avait-on à l' esprit en prenant la direction de la Bretagne? On avait des préférés sur lesquels portaient nos espoirs de passer un très bon moment. La route du Rock c' était l'une des rares occasions pour rencontrer nos "amours solitaires". Les tournées étaient moins nombreuses qu' aujourd' hui et quel plaisir de voir de visu ces artistes que nous étions alors peu nombreux à aduler. Les photos dans la presse spécialisée étaient encore plus rares et cette restriction créait un imaginaire chez le fan similaire à celui qu' un enfant entretient avec les contes. C' étaient des secrets. De toute façon les autres s' en foutaient dans la grosse majorité. Existaient-ils vraiment ces artistes ou était-ce juste le fruit de l' imagination d' un journaliste vicieux pour faire rèver son lectorat ? Et bien oui, ils étaient vraiment fait de chair et d'os et en plus on était plein à les aimer. C' était ça aussi l' un des intéret de la RDR, se sentir moins seul au pays de Johnny et de Patrick Bruel.
REVUE D' EFFECTIF
En 1997 les attentes et les rèves se portaient sur les Boo Radleys, Swell, les gentils Autour De Lucie, Dinosaur Jr, Placebo (arhg !), Eels. Mais l' effet de surprise était encore possible et même désiré. Nous n' avions pas accès facilement à une partie de la prog et les noms inconnus revêtaient les habits d' un passionnant mystère à percer absolument. Nous adorions ça. A présent quelques clics et on peut se faire un idée des choses qui nous attendent. Moins de surprises. Un bien pour un mal.
En 1997 les nouvelles têtes firent même de bien meilleurs impressions que les connus et l' effet "claque" fonctionna à merveille.
C' est bien simple je ne me rappelle même pas avoir vu Dinosaur Jr. Jay Mascis a-t-il seulement daigné dormir avec les chèvre? Et que dire de l' habituelle déception procurée par les Boo Radleys en live. Ils couraient après le succès d' Oasis délaissant ce qui faisait le charme de leur premiers efforts. Le groupe n' y survivra pas.
Eels & Autour de Lucie ? Bien mais sans plus. Placebo se révélera enfin à nos yeux tel qu' il a toujours été. Du bluff. Je ne parle même pas de l' accident cette année-là qu' est demeurée la présence à Saint Père de Louise Attaque . On ne peut taxer les organisateurs d' opportunisme, le groupe décollait à peine dans les charts et en Août il n' était pas encore le phénomène populaire qu' il deviendra. La raison ? Peut-être le cousinage avec la musique des géniaux Violent Femmes et donc le point de rencontre qu' ils représentaient entre la chanson française et le rock indie. Bref, Dominique A en nettement moins bien.
Les seuls a s' en sortir haut la main parmi les favoris seront Swell. Quel grand moment quand l' émotion s' empara du groupe américain sur scène devant l' accueil que le public malouin leur réserva. Rien à voir avec le mépris rencontré chez eux. Je revois encore cette banderole artisanale confectionnée par leurs fans. On se serait cru à un concert des 2Be3. Mais à la Route du Rock c' est bien connu que les losers de certains deviennent les idoles des autres. Cela augurera d' une certaine manière la relation que des groupes comme The National entretiendront avec le festival après leur explosion médiatique hors de la sphère indie.
DANSER AVEC LE BRUIT (d' où qu' il vienne)
A quel moment précis tout ceci bascula vers la folie ? Quand tout changea et la RDR cessa définitivement de ressembler vaguement à la caricature véhiculée par certains. C' est à dire un simple festival de popeux fermés d' esprit nostalgiques des Smith .
Si je me souviens bien c' est le deuxième jour que le truc gigantesque se produisit." Retenez bien la date les petits enfants" , (faut bien coller à son image, lol).
Le 15 Août 1997 aux alentours de 19 heures.
Un cataclysme comme j' en ai peu connu dans le fort . 10 sur l' échelle de Richter. C' est bien simple j' ai bien cru que l' on allait voir débouler Haroun Taezief et Hubert Reeves dans les douves pour étudier le machin. Juste avant la tombé de la nuit et la traditionnelle galette-saucisse.
Il faisait beau et chaud. Passablement enfumé , imbibé , le bob vissé sur ma tête je me rendis au point de rendez-vous. Mi-chemin scène-régie, à Droite . Le groupe d' ami se reforma, bavarda, et s' amusa innocemment. On se passa le mégot et les plus courageux s' occupèrent du ravitaillement en houblon des troupes. Et il le fallait !
Le son du dj interplateau diminua et les plus aventureux sans trop se douter de ce qui se passerait s' approchèrent de la scène. Le deuxième concert du jour allait commencer. Le premier? Oublié.
Et puis d' un coup le public popeux malouin s' est rappelé de deux choses . Deux choses toute simples et si évidentes pourtant. Deux bidules que le rock indie avait eu lui aussi tendance à oublier en ces temps-là.
Primo nous avions un corps.
Secundo nous aimions danser. Nous avions grandi aux sons de l' acid-house, des raves, de l' hacienda, de Madchester. C' était inscrit dans nos gènes. Oublié les Smiths et leur maladroit "Hang the Dj".
On s' est pas méfié quand les premiers signes de l' éruption volcanique apparurent sur scène. Et pourtant ! Ils venaient d' Islande terre réputée pour son activité tectonique. Comme Bjork. La démarche sautillante d' Hafdis Huld, la danse robotique du type de gauche, les spasmes du chanteur, les deux dj affairés derrière leurs machines. Pas une guitare sur scène et surtout pas de pause popeuse étudiée dans les archives de Top of The Pop. De l' hédonisme pure à 100 % . 40 minutes d'une fusion de la glace et de la lave .
Et c' était pas fini.
On venait de se faire faucher par GusGus quand deux malfrats anglais décidèrent que cela ne suffisait pas. Qu' il fallait en remettre une couche. Double effet Kiskool pour tous!
A peine le temps de choper une bière et rouler une cigarette que la voix samplée de Country Joe nous ordonnait de refoutre le bordel. Et toujours pas une guitare présente sauf dans les samples. Ils avaient un look britpopeux mais leur musique ne singeait plus les Kinks ou les Stone Roses séparément et exclusivement. Elle les malaxait sans distinction et nous rejetait à la face les évidences déjà écrites ultérieurement. Ne jamais oublier son corps !
Comment rendre palpables les sensations ressenties avec les claques GusGus et Death In Vegas de ce 15 Août 1997. Le Fort Saint Père n' était plus seulement un lieu de concert mais enfin un dancefloor à ciel ouvert. Vous n' aurez qu' un bref et trop sommaire aperçu avec ces deux vidéos mises bout à bout. Cessez la lecture et laissez-vous emportez. Pour en être encore plus proche de ce sentiment de fraîcheur écoutez juste avant le lourdaud "All i want to do is rock" des inégaux Travis présent également cet année-là.
Mais je vous le jure ! Ce fut l' apocalypse ! Une délivrance.
Ces deux groupes étaient en état de grâce cette année là. Si l' avenir sera plus dur et moins époustouflant pour les nordiques les deux anglais sauront évoluer magnifiquement.
1997 ne doit pas être résumé à ça. Un autre trait caractéristique est à garder en mémoire. L' arrivée en masse de nouveaux sons en provenance de contrées éloignées du simple rock indie. "Mondialisation" fut aussi le maître mot de la RDR 97 avant d' être synonyme de délocalisation & dérives libérales. Petit rappel politique, l 'année suivante sera créée Attac et l'achat des inrocks devenus hebdomadaire se doublait de celui de Charlie Hebdo.
FunDaMental, Asian Dub Foundation et Natacha Atlas nous firent voyager et perdre les oeillères avec des prestations vraiment réussits.
Je parlais de Trip hop tout à l' heure en évoquant Portishead. Un groupe se chargea de faire le lien entre ce courant et les cultures Rave et Lads. Un groupe sur la corde raide. On n' en reparla plus par la suite. Sont-ils tombés en enfer ? Probablement. Mais leur prestation schizophrène teintée de douce folie et d' un désespoir malsain me marqua à vif. J' avais aimé leur album avec son packaging ambigu et j' étais fin prêt pour être cueilli par les malsains mais salvateurs Monk & Canatela.
CONNERIES DE 1997
Des souvenirs plus perso de l' édition 97 ?
Ces trois jours là furent parmi les plus beaux de 1997. Les seuls à retenir en ce qui me concerne. Étudiant ne sachant que faire de son avenir je prenais la direction du mur qu' est le passage à l' âge adulte. En Mai-Juin la gauche molle venait de repasser au pouvoir grace à la connerie Chiraquienne (dissolution) et le soir de la victoire électorale de Jospin je ne trouvais pas mieux pour exprimer mon allégresse que de me passer en boucle le "Perfect Day" de Lou Reed. C 'est dire l' euphorie. Et en 2012 ? Hum...
Heureusement que la RDR était là. Une inoubliable année artistique ne pouvait qu' être associée à un de ces faits d' armes de connerie majestueuse devenus légendaires.
"Nous partîmes 50; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes 200 en bouclant le 2ème tour des douves"
Corneil JoJo(1997)
Une manif improvisée je ne sais foutrement pas pourquoi dans les douves à 3 heures du mat avec pour slogan "Libérez les cochons du bassin d' Arcachon". Le tout derrière une banderole récupérée à la va-vite et tout aussi surprenante, Télérama !? Nous étions jeunes, cons et déjà sans trop d' illusions sur l' avenir de notre société. Alors tourner en dérision une potentielle arme politique était peut-être finalement un cri à peine masqué de désespoir .
De nouvelles têtes apparaissent dans la transhumance annuelle du popeux limogeaud. Parmi lesquelles la toujours réconfortante présence à nos cotés d' une gamine pas encore majeur dont il a fallu convaincre ses parents pour qu' elle puisse elle aussi en profiter. Une autre dénommée bizarrement "Grouik-Grouik" (l' âge d' or des Guignols en est la raison) sera épatée par la plastique du guitariste de Sneaker Pimps. Ce dernier se fera connaître plus tard avec la BO du navet "Les Chevaliers du Ciel" avec Clovis Cornillac. Comme quoi, la Route du Rock mène à tout. Je crois bien aussi qu' une étrange silhouette de forte corpulence commençait à me devenir familière.La réunion dans un lit de la Corrèze et du Pays Basque avec moult détails ce sera ,je vous le promets, pour le prochain épisode.
Et voici pour revenir sur ce tournant de 97 ce que l' on écouta après l' édition 97. Le single "High Noon" de Dj Shadows. En général on jumelait avec sa face B, le remix de "Organ Donor", déjà présent sur l' album de l' année précedente. Passé cette année-là je n' ai plus souvenir d' avoir entendu Shed 7 et Gene en soirée.
Commentaires
Enregistrer un commentaire