En passant : The Slaves, un océan de beauté
Par amour et respect je me retrouve coincé sur un minuscule balcon entre une grille et une vitre. Le ciel est bas et la neige tombant lentement recouvre d'une très fine et légère couche la chaussée et les automobiles.
Un coup d' oeil à gauche, un autre à droite pour contempler au loin le clocher de Saint Michel dressé tel un phare dans la tempête. La température a beau être basse je suis à mon aise coincé sur cette petite avancée en béton ouverte à toutes les vicissitudes du climat Limougeaud de Février. Le vent peut bien se lever et faire tournoyer sur le sol de la place Winston Churchill les fins flocons récemment tombés je n'y trouve que du plaisir face à cette somptueuse désolation .Spectacle tant espéré et apprécié chaque hiver une nouvelle fois vécu comme si c'était la première.
La confrontation entre la chaleur de mon corps avec l' air glacial de l' extérieur me remplit de plaisir. Tel un enfant s' amusant avec la nature j' expose alternativement mon visage à ces deux ambiances opposées. La chaleur humide du confortable col de mon cardigan et l' air sec glacial et venteux de la rue se succédant tour à tour.
Et puis il y a aussi ce que perçoit mon ouïe. Un bourdonnement strident se fait omniprésent mais ce qui pourrait être considéré comme une simple agression est compensé par une rassurante voix féminine venue de nul-part.
Je ferme les yeux un court instant pour découvrir que la chaussée a fait place à un océan. Le ciel et ses nuages ont eux aussi disparu au bénéfice d'une autre masse d' écumes et de vagues énorme.Je me retrouve donc planté là, pris en tenaille entre ces deux océans appelés à se rejoindre doucement. Quel fantastique et magnifique cataclysme au ralenti que cette lente confrontation de deux gigantesques masses d' eaux .
Vivement que leurs eaux se mêlent les unes aux autres pour pouvoir être emporté par leurs tourbillons au ralenti eux aussi.
Un rêve?
Non.
Je suis juste coincé sur un ridicule balcon sous la neige de Février et j' écoute l' un des plus belles musiques du moments.
Passé quasi inaperçu en 2010 le premier album de nos chouchous Drone-shoegaze The Slaves est enfin réédité. De plus c'est le bon Jon Porras des géniaux Barn Owl qui s 'est chargé d'une très utile remastérisation pour le compte du label The Helen Scarsdale Agency. Le choix du titre est plus que judicieux, "Ocean on ocean". Il s' agit bien de cela.
Nous retrouvons le même univers merveilleux côtoyé avec leur "Spirit of the sun" de l' été dernier. La rugosité du noïse et du drone produit par Birch Cooper se confronte à la douceur du chant éthéré shoegaze de Barbara Kinzle. Ces deux derniers évoquent encore plus les voix fantomatiques du label 4AD de l' époque This Mortal Coil et The Hope Blister. Les nappes de synthé, plus présentes que sur "Spirit...", s' étirent à l' infini sans en faire trop comme c'est le cas chez M83. Les variations ne semblent être faite que par l'utilisation de la distorsion des guitares. Moins rugueux et doom que "Spirit...", "Ocean on Ocean" reste malgré tout imprégné d'une tension extrême chassant toute forme d' ennui à l' écoute de ces morceaux se ressemblant énormément .
The Slaves?
Le plus beau groupe shoegaze du moment tout simplement. .
Oups...Avec qui vous savez bien sûr.
http://www.helenscarsdale.com/news.htm
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