Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : My Bloody Valentine. Et Kevin "doc" Shields répara la Delorean




My Bloody Valentine a sorti le successeur de "Loveless".  Le truc s' appelle "MBV" et il était attendu depuis bientôt 21 ans.
Écrire ces quelques mots me parait, même 2 jours après le "miracle", toujours  autant surréaliste
J' ai longtemps hésité avoir de pondre cette chronique. Avant même d' avoir écouté ce "MBV". Et puis au vue des innombrables références qui sont en faites à Kevin Shields dans ce blog je ne pouvais pas passer à côté.
J'ose juste espérer que vous avez déjà vu Retour vers le futur.



 C'est quoi au juste l' histoire de ce disque ou plutot serais-je tenté de dire, l' histoire de ces gugusses?
Et bien finalement c' est très simple.
Il était une fois quatre gugusses qui sont restés plantés pendant une vingtaine d' années dans le passé. La belle  Delorean qui leur avait servi de machine à explorer le temps était tombée en panne. Et qu'avaient-ils fait avec? Et bien ils étaient  allé voir dans le futur pour nous ramener un concept révolutionnaire. C'était au début des 90's mais seulement voilà. Elle ne  fonctionnait plus la belle invention de Kevin "Doc" Shields.
Pendant qu'ils stagnaient en 1991, le monde continuait sa marche en avant et puis un beau jour ce dernier  cessa cette évolution. C'est qu'il y avait eut un hic.  Certains avaient réussi au cours des 22 années écoulées à construire leur propre Delorean et ce coup-ci avec deux modes de fonctionnement. L'un pour s' aventurer dans le futur, l' autre pour se plonger dans le passé. Le problème, pour diverses raisons, c'est que beaucoup n' ont trouvé que celle permettant de revenir en arrière. Mais heureusement de rares aventuriers continuèrent de nous rapporter des idées du futur. Pour les autres on sait pas trop pourquoi le futur ne les intéressait pas. Avaient-il peur, s' en foutaient-ils, ou tout simplement personne ne leur avait expliqué que la marche  avant existait.

Et puis en ce Dimanche 3 Février de l' an de grâce 2013 nos 4 gugusses sont réapparus. Et comme ils étaient restés bloqués en 1991 et bien ils ont fait comme si on était toujours en 1991. Ils ont piqué des trucs du futur pour les introduire dans notre présent. Enfin je veux dire leur présent. Un présent qui n'est plus notre présent de 2013. Vous me suivez-là?
Je continue. Normalement ce disque aurait du être simplement anecdotique vu qu'il était fait de truc d'un futur qui était devenu le présent. Pas franchement révolutionnaire en somme. Et bien pas du tout! Enfin pas tout à fait.

Je vous avais dit que les machines à explorer le temps s' étaient multipliées. C' est un peu faux. Bien sûr beaucoup trop de gens ont fait comme si ils étaient allés dans le passé. Mais en fait avec le retour de nos 4 gugusses on vient de comprendre un truc qu'on se doutait depuis une dizaine d'années. Beaucoup ne sont jamais allés dans le passé. Ils l'ont juste appris par coeur dans les encyclopédies et ça, ça change tout. Pourquoi? Parce que ces personnes-là ont voulu faire comme dans le passé mais n'y étant jamais allé il leur a manqué quelque chose d' essentiel.

Refaire une musique du passé et vouloir imiter les grands anciens n' aura jamais au grand jamais la force, la beauté, la magie et les merveilleuses conséquences de l' original en son temps.
On le voit de nos jours pour les nouveaux artistes copiant un peu trop les anciens. Ils ont beau faire preuve de talent musicale, avoir le  même matériel, le  même micro, la même pédale d' effet ou savoir écrire une chanson à la manière de.  Il leur manquera toujours quelques ingrédients.  L' air du temps. L' ambiance, le petit truc qui enveloppait tout à l'époque bénite et qui est impossible à reproduire. Tenter de s'emparer de  l' air d'un autre temps sonnera toujours faux. Et puis quand on s'inspire un peu trop d' une oeuvre précédente on n' expérimente plus du tout .  Cette satanée  expérimentation qui fait si peur aux groupes récents avec son lot d' erreurs et de surprises  pourtant nécessaires à la création d' oeuvres vraiment originales, fortes et personnelles.

Et c'est là que le tout "frais" "MBV" de nos adorables quatre gugusses devient pertinent contre toute attente. Parce que je le répète, eux, ils  nous viennent Réellement !!! du passé. Ils y ont vécus longtemps.  Trop longtemps même. Regardez comment ils sont fringués. Il y a quelques années juste après la réparation de la Delorean je les avait croisé. Rien n' avait changé par rapport à notre première rencontre en 1992. Ils faisaient déjà comme si rien ne c' était passé en 20 ans. Comme si nous étions le lendemain du début des 90's.
Que ce passe-t-il donc avec leur grand retour en 2013? Et bien leur disque provenant du passé dispose de tous les ingrédients décrits plus haut. Et du coup, il est bon. J' oserai dire même très très  bon une fois que l'on a compris tout ce que je viens de dire. On le sait déjà, ce disque sera l'un des plus réussis et aboutis de l' année 2013. Peut-être pas le meilleur  mais largement au dessus de la mêlée des nouveaux explorateurs du temps.

Le début de "MBV"   me donne l' impression d' écouter des restes des sessions de 1991.  "She Found now" et  "Who sees you". "Only Tomorrrow"  et un discret son de guitare très peu exploité en 91 s'en sort d' un peu.  On a été beaucoup à croire à un fake. Sinon ces trois titres sont dignes du  classique de nos 4 McFly du rock à guitare.  Et si le poids des ans se fait  ressentir malgré tout, les chansons sont plus que correctes , et même parfois géniale. Manque juste un truc,  la surprise  provoquée l' innovante alliance révolutionnaire du boucan noisy abstrait avec la clarté des mélodies pop. C'était ça le truc que nos gugusses avaient rapporté du futur en 1991. Une grande partie de l' importance dans My Bloody Valentine vient de là!


  Arrive enfin le quatrième titre qui apporte un grand bol d' oxygène.
"Is this and yes" et sa très lente évolution quasi hypnotique. Dronesque? Oui.  Le plaisir de la nouveauté se pointe même si c' est une nouveauté de 20 ans d' âge.  
 Le chef des gugus, le grand Kevin, faute de pouvoir effectuer des voyages temporelles à cause de la Delorean cassée opte pour les trajets spacieux. Il va chercher des idées dans d' autres territoires. Encore franchement  dans les 90's mais autant vous prévenir tout de suite, ça va durer encore un long moment.
   J' ai l' étrange impression  à chaque écoute que les  High Llamas vont embrayer sur le premier couplet. Impression de vieux con je reconnais. Et qui dit High Llamas dit automatiquement un petit quelque chose de Brian Wilson. Et puis non. C'est cette bonne vieille Bilinda qui rentre en jeu avec un phrasé répétitif lui aussi. Bilinda. Sa voix semble inchangée. A vérifier en live.  Par moment  je fantasme  que des types du style Emeralds ou Swanson déboulent et prennent d' assault les orgues et les synthés de Shields. Juste histoire de bousculer pépé Kevin.

 "If i am" suit. Putain ! Qui lui a redonné ses pédales wah wah au grand gugusse en chef. Faut pas! Et nous revoilà reparti dans "Loveless" et ses habitudes prises pendant l' échouage  temporel. Le problème mon Kevin c' est que j' ai arrêté le shit. Du coup "If i am" aussi. Je connais déjà l' histoire. Mais quel belle histoire du passé tout de même. Peut-être le titre le plus faiblard de l' album.

"New you" à présent. Pas mal avec son étonnant beat sourd mais toujours MBV91 et pas MBV 2013. Pourtant je dois avouer que l' on s'y trouve bien dans ce putain d' album. C' est tout doux. On s'y sent chez soit. Un peu trop même. Pendant leur âge d'or des 90's My Bloody n' a jamais été dans mon esprit synonyme  de confort. Une bonne partie du disque, si. Mais est-ce leur faute à nos guguses ? Non. Putain de Delorean!
 My Bloody Valentine 1991 c' était ça ! Un immense saut dans l' inconnu. Dans le mystère, l' incompréhension, le malaise. Le refus du conformisme en mélangeant deux visions opposées dans les mentalités. L' hédonisme pop et la rugosité de l' expérimentation sonore. Et un certain talent de songwritting aussi. Mais seulement voilà. Tout devient un jour ou un autre "conforme"! Question d' habitude et surtout de répétition.

Et puis bang! La Delorean est réparée. On y croyait plus.  Kevin "doc" Shields se réveille. Tout doucement tout de même. Faut pas charrier c'est d'un réveil de 21 ans que l'on parle. Les " tootoo" mille fois entendus du trop familier mais réussi  lui aussi "New You", cèdent leur place à un grincement qui vire aux craquement de la tectonique des plaques. Le boucan est enfin là et le petit frisson qui va avec.  "In another way" prouve que le bon Kevin a retrouvé à la fois  la capacité de nous faire bouger  et de nous amadouer avec son art d' artisan pop. Ce titre aurait été un tube en 1998. Je sais, on est encore dans les 90's mais avouez qu'à l' échelle Shields c' est un bond. Le premier morceau qui peut sonner un tant soit peu actuel. Petite ritournelle post-indus noise avec un certain charme. Par certaines de ses caractéristiques  ce titre  nous rappelle que le gugusse en chef avait été aperçus avec d' autres aventuriers du temps, Primal Scream.

"Nothing is" déboule à son tour. Putain c'est qu'il y a enfin un semblant de volonté d' évolution et de recherche sonore dans ce putain d' album. Rythme martial assourdissant. Boucle de guitare passé au vinaigre. Putain on y est! L' aventure! La nouveauté ! L' inconnu ! Je sais, je sais.
 J' exagère un peu mais c'est qu'on a enfin quitté les 90's !
Faut se calmer mais avouez que "Nothing is" et sa sauvagerie  après les premiers titres pépères  de l' album  c'est jouissif. Un peu court cependant pour s'y perdre définitivement dans cette ambient anxiogène et oppressante . Il passe très bien en 2013, facile à caler  entre un Pete Swanson, un Andy Stott, un Burial ou Demtike Stare. Je pense un instant au dernier Scott Walker et ses beats épileptiques.
Et puis arrive un truc qu'il me tardait vraiment de savoir? Est-ce que les nouvelles possibilités bruitistes impossibles en 91-92 mais dorénavant  offertes par les progrès technologiques apparus depuis 91   allaient-elles se retrouver dans le disque. Oseraient-ils reproduire le boucan d'un  boeing au décollage entr'aperçu au cours de leur dernière tournée?  Oui  ! Le  tourbillon qu'est "Wonder 2"  clot l' album et on se dit franchement que l'on va être happer par les rotors de l' avion.


Et voilà c' est déjà fini.  Putain de Delorean. Tout ce temps perdu, c'est de sa faute.  Bagnole de merde.  C' est con mais moi qui n'aime pas la copie du passé et bien je me suis franchement amuser et contre toute attente je me surprend à espérer une suite. Et merde! Nous  revoilà partis pour 20 ans.
Alors bien sûr certains vous diront que nos 4 gugusses sont restés sur  une grande partie de leur disque dans le passé. C' est vrai. Mais pour les raisons évoquées au début de cette chronique leur "MBC" est abouti et surtout très bons. Il dépasse aussi une large partie de leurs suiveurs. A tous les détracteurs  de "MBC" vous pourrez de ma part les traiter d' hypocrites.
 Une putain de sacrée bande d' hypocrites. Hypocrites de tomber sur le dos de nos quatres pauvres gugusses trop longtemps bloqués en 1991 quand le reste du temps ils nous vendent des faux explorateurs du temps. Des pauvres types qui ont bien appris leurs leçon mais qui n' ont mis les pieds en 1991 que par procuration. De pauvres types pas foutu de laisser libre cours à leur imagination pour fabriquer une Delorean. Parce que nos quatres gugusses, et bien eux, ils l'ont leur Dolorean pour Le grand retour dans le futur. La fin de l'album, explosive et totalement délestée du poids du passé,   en est la plus éclatante des preuves.





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