Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : East India Youth, y-a-t'il une vie après les guitares de l'indie music?




Y'a t-il une vie après les guitares l'indie-music? Ces putains de guitares indie de ma jeunesse qui ne cessent de bafouiller et d' être recyclées à toutes les sauces déjà mille fois goutées. Ces guitares inscrites dans nos gènes  peuvent -elle renaitre, se débarasser de cette foutue nostalgie gluante qui y lui colle à la peau depuis une quinzaine d' année? En l'espace de quelques jours je suis tombé à la fois sur un texte et sur un disque qui répondaient à leur façon à cette épineuse question. Epineuse parce que l'impression que l'indie-music se mord continuellement la queue et l'idée de la laisser tomber dans le caniveau de l' histoire me traverse l'esprit de plus en plus.  En attendant qu'une bande de jeune branleur quelque part dans le monde trouve le moyen de réinventer cette instrument un jeune anglais nous apporte des réponses sous la forme d'un des disques les plus passionnants de ce débuts 2014.




Pourquoi en 2013 les Oneohtrix Point Never, James Ferraro, Patten, Laurel Halo, Jam City et autres m'ont donné envie de foutre à la poubelle toutes ces nouvelles formations indie à guitares nostalgiques et interchangeables. D'oublier définitivement les héros du passé au profit de ceux de l' avant-guarde contemporaine. Pourquoi j'ai envie de sortir un flingue face à tous ces fans snobinards indies vautrés dans le culte de leurs héros 80's et 90's?
La peur de vieillir et ainsi de devenir un quadra peureux se contentant et acceptant de s'enfermer dans le formole  des références de sa jeunesse? Pas seulement. Ce qui m' a  frappé c'est à quel point un fossé se creusait entre cette musique qui me collait aux basques et le monde qui m'entourait. Bien sûr que des artistes comme Kurt Vile, Grizzly Bear ou encore  Vampire Weekend   nous ont pondu de grands disques mais dès que mes oreilles percevait un court extrait d'un Burial,d'un James Blake ou d 'un Tim Hecker le décalage m'apparaissait encore plus gigantesque et inquiétant.
Alors pourquoi en est-on arrivé à ce tel degré de rejet?
La première réponse je l' ai trouvé accidentellement dans un forum et malheureusement j'ai perdu la trace de l' auteur de ce texte et n'ayant gardé que la traduction approximative faite par  votre serviteur je suis dans l'incapacité de vous donner les références. ET en gros ça disait ça!

" La bordélique et mièvre  quête d' humanité du "do it yourself" d'une décennies de culture indie - à l'origine en  réaction aux  rock et à la pop artificiels et pompeux des années 70 et 80 - est à présent utilisée partout dans les médias pour proférer, vendre et servir de bande-son à un certain style de vie promulgué. Et c'est à présent un horrible mensonge, aussi odieux que les bobards sur lesquels les premiers punks crachaient.
Comment faire de la musique dans un monde comme celui-ci? Ce qui doit être dit et comment le dire? Ce sont précisément pour répondre à ces  questions que la musique du futur est explorée, surtout si les réponses actuelles sont loin d'être concluantes. Une chose est de plus en plus claire, les hommes blancs privilégiés  grattant avec nostalgie les guitares ou tournant les mécaniques analogiques  en  évoquant le bon ancien temps ne sont pas seulement complaisants et ignorants  en le  privilégiant mais sont en plus une franche infamie face à ce monde de crise financière, de  robotiques militaires , de montée de l'extrême droite, de surveillance par la NSA et des incessants avertissements des catastrophes à venir. La musique a besoin d'évoluer rapidement ou risque d' être obsolète et il lui faut donc se tourner vers la technologie et les connotations de la technologie pour ce faire, créer une sorte de course à l' armement face au  monde qui l'entoure."

Et plus loin l' auteur développait sur le fait que la musique devait aller voir dans l'opposé de ce qu'il décrivait dès la première phrase, "mièvre quête d' humanité" de la culture indie. Les sons que j' écoute actuellement restent humain mais ont la qualité essentiels de ne pas tombé dans cette "mièvrerie".  Mes artistes préférés aiment et abusent sans scrupules  des nouvelles technologique amenant souvent des sonorité froides, difficile d' accès et des climats oppressants. Le format pop tant affilié à l'indie a vu dans mon système auditif sa part réduite à une peau de chagrin au profit de titres instrumentaux, électro, drone et ambient. Bref, un disque de 10 titres de pop-song même au son crado m'ennuie. A croire que se restreindre à ce format court parait totalement hors de propos.J'ai aussi souvent reproché aux artistes indie leur spectre d'influence finalement trop peu diversifié et restreint à des époques et des courants limités.
Tout ce qui m' enthousiaste vient d' autre genre que ce que l'on classe comme indie et on ne peut pas dire qu'il s' agit de musique "conciliantes". La dark-ambiant des Demdike Stare et Haxan Cloak, le footwork de RP Boo et Rashad, l' avant-guarde électro des Ferraro Oneohtrix PN et Halo, la Vaporwave, le noise retravaillé de Pete Swanson et plus classique les Fuck Buttons. Il y bien certains artistes issus de l'indie qui ont su franchir les barrières mais en choisissant des chemins autres que le tout technologique des artistes précédemment cité, These New Puritants, Laurel Halo ou Colin Stetson.Remarquez bien que les trois derniers artistes et groupes alternent dans leur récents disques instrumentaux et pop-song, si on peut encore appeler certaines de leurs oeuvres des pop-song.
Pour 2014 malgré tout j'espère encore que l'indie rebondisse. Que ce genre se conjugue à nouveau au mode expérimental , donc avant-gardiste  et surtout plus au passé.
2013 m' a donné tout de même de sacrés espoirs de découvrir une musique de tradition indie au format pop classique flirter avec l' expérimentations. Des artistes avec une vue d' esprit large sont apparu. Je pense à la prometteuse Circuit des Yeux, mêlant le folk déchiré d'une Cat Power et l' aspect riott girls de la jeune PJ Harvey avec le noise et et les embardées expérimentales. Une sorte d' Anna Calva tout sauf mièvre.
Et que dire de ma joie en découvrant Oliver Wilde,  héritier direct d' artistes typiquement indies de ma jeunesse comme Elliot Smith ou de Sparklehorse, un type  qui n' hésite pas à échapper à la "mièvrerie" nostalgique en saupoudrant sa pop sensible de bourdonnement bruitiste et dronesque.


Et puis voilà qu'est apparu East India Youth. Si le disque pris séparément est une réussite  c'est surtout le parcours de son auteur qi''il faut étudier pour comprendre les intérêts en jeu et le rapport avec tout ce qu'il vient d' être écrit même si je reconnais que sa musique affiche une modernité moins évidente et tapageuse comme chez des gens comme Rustie, Jam City et la vaporwave .
East India Youth c'est William Doyle, pure rejeton de l'indie anglaise. Ses premiers faits d' arme furent d' abord une première tentative d' album en solo puis une autre au sein de la formation Doyle & The Fourfathers. Si son premier effort solo est introuvable on peut facilement retrouver les traces de son aventure en groupe. Une musique convenu et sans originalités basée sur une instrumentation classique indie, basse-guitare-batterie. Des titres donc typiquement indies mille fois entendues comme ceux des suiveurs qui pullulèrent dans les queues de comètes tel Foals, Grizzly Bear et Fleet Foxes. L' aventure Doyle & The Fourfathers sombra assez vite ne réussissant pas à sortir de la mêlée malgré une petite exposition médiatique due à un ep stigmatisant le consensus général et le manque de critique à l' égard de l' organisation des JO de Londres en 2012.
Dans ses interviews outre le fait du manque de reconnaissance critique de ses premières oeuvres et de leur échec commerciale  Doyle explique son changement de cap actuel par les aspects contraignants et  la frustration  qu'il ressentait face aux restrictions induites par l'instrumentation classique indie et la prédominance des guitares.
Et quel fabuleux changement de cap. Changement d' abord entamé par un ep détonnant ("Coastal") puis confirmé par un album. Tout au long de son "Total strife forever" l'indie-music à la papa est chamboulée et Doyle alterne sans complexe entre expérimentation et pop-song. Du coup si l' auteur délaisse les instruments organiques pour une technologique plus présente il ne perd absolument rien en humanité. Si ce mélange de pop-song et d' instrumentaux plus longs rappelle le "Low" de Bowie c'est également parce que Brian Eno et une grosse partie du Krautrock (Cluster, Neu!) plane sur sa musique. Mais surtout si le disque est rafraîchissant c'est parce qu'au contraire de tant d" héritiers indie Doyle évoque autant le présent que le passé. Son disque transpire une certaine modernité. Si les nappes de synthé évoquent le krautrock c'est plutot des restes du genre allemand passés par la centrifugeuse à idée d' Oneohtrix Point Never et d' Eméralds. Dès le premier titre l' auditeur indie fan de Foals et Arcade Fire qui avait été accroché par son single  pop-song classique un brin "bizarroïde" intitulée "Dripping Down" va se retrouver confronté à des nappes synthés Kosmich répétitives qui aborderont vicieusement les territoires d'un Tim Hecker. Tout de suite après "Total strife forever I" va encore plus bousculer l' auditeur avec ses manières Fuck Buttons. Enfin le fan indie aura droit au format single tant chérie de "Dripping Down".  Mais attention, ce bougre de Doyle lui réserve une très sale et génial surprise juste après, "Hinterland", et voilà notre gentil fan d' Arcade face à une espèce de morceau électro planant qui progressivement va atteindre un tabassage hypnotique que ne renierait pas Factory Floor. Les morceaux électro et pop ambiant ne sont pas sans ressemblance avec certains titres d'une Laurel Halo . Devant une tel tempête de styles et et de retournements de situations  Doyle se rappelle qu'il aime chanter et automatiquement le spectre de James Blake se pointe et devient une sorte de ligne directrice. Sauf qu' avec Doyle nous avons à faire à un James Blake moins portés sur le dubstep et plus sur l' électro américaine. Moins précieux sur le chant également.




Et c'est comme ça jusqu'à la fin du disque. Même si musicalement on en est loin, cette alternance sans complexes de pop et d' expérimentation qui parfois fusionnent  m' évoque les disques d'une Julia Holter. Mélanger la pop avec des éléments glitch par exemple n'est pas nouveau, le retour sur le devant de la scène des allemands de Notwist et le récent disque de leur rejeton américains Baths nous le rappelle mais avec Doyle on est profondément touché par le courage du bonhomme de ne pas hésiter à partir dans le tout instrumental et expérimental. Ces titres sont loin d' être des gadgets crossover pour cacher un manque d'inspiration d'indie boy en manque de reconnaissance de la frange électro et de respectabilité artistique. Dans un sens il fait le parcours inverse des Chemical Brothers autrefois et d' un Daniel Avery aujourd' hui, parti des dancefloor à l' assaut des charts pop et des festivals rock. Et c'est peut-être là que réside une grande partie de son charme. Parce que cela a rarement été fait avec autant de talent et d' honnêteté.
Pour conclure l' effet donné par East India Youth m' a rappelé un souvenir tenace d'un disque, un mélange de joie et de frustration. C' était en 2009 et lassé par le revival rock je m' étais laissé allé dans un geste de désespoir à découvrir le troisième album des Franz Ferdinant . Les titres typiques Franz défilèrent et la lassitude attendue  me gagna jusqu'à ce que la bande à Kopranos délaisse en un seul titre enfin son post-punk dansant à base de guitare pour une plongée sans filet dans l' électro. Un pure moment de jubilation  musicale. C'était "Lucid dreams" et j' espérai que leur disque suivant persévérait dans cette direction et cette prise de risque rénovatrice.
L' an dernier Franz Ferdinant a pondu son 4ème album et on est forcé de constater que le courage artistique dont ils avaient fait preuve avec "Lucid" n' était qu'un leure. East India Youth a fait le disque que j' attendais  d'un groupe tête de gondole indie comme Franz Ferdinant et Foals. Tant pis pour eux tant mieux pour nous.


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