Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

Ital Tek ou, le curateur du présent et du futur.




Ital Tek nous est revenu cette année avec "Hollowed". Disque génial dont je vous avais déjà parlé dans l' article concernant un autre "curateur" du présent et du futur, Antwood.
Ital Tek est un "curateur" mais un bon "curateur". Le terme curateur fait référence aux commissaires d' expositions. Quelqu'un qui regroupe les oeuvres, étudie un art ou un artiste pour les offrir au public. Simon Reynolds écrivait il y a quelques années que bon nombres de musiciens étaient des curateurs du passé. Il piquait dans l' histoire et nous recrachait ce qui leur y avait plu. Tel quel sans aucunes originalité. Les yeux dans le rétroviseur et surtout pas porté sur le mur qui approchait. Choc imminent à prévoir. 
Quand Reynolds développa sa thèse sur le constat peu reluisant de l'industrie musicale et du rôle de la musique  post-internet on était pas nombreux à s'y retrouver. Personnellement il prêchait un convaincu depuis la fin des 00's qui était déjà passé à l' attaque avec la création de ce blog. Il me confirma donc et renforça   ma volonté d' aller en quête de musique du future et mon refus du "déjà fait". Fallait chercher outre le déballage nostalgico-gaga-commercial et les niches stylistique que nous offrait les médias et l'indiustrie du disque.
Ou du moins Reynolds m' aida  à assumer totalement et à agir, donc à lutter  en logique au quotidien dans notre façon de parler, écouter et partager notre passion. DWTN c'est ça tout simplement. On l'est toujours pas, nombreux.  La majorité se contentant de faire l' autruche et de ne pas voir le danger pour la musique  dont Reynolds faisait l' amer description. Avant ou après ce sont des musiciens qui entreprirent la marche vers du futur arrêté par d' autres.




Ital Tek n'est pas journaliste mais musicien. Lui aussi s' inspire de son savoir, de ses connaissances pour les remettre dans sa musique. Sauf qu'il est exactement le contraire des passéiste/réac vilipendés dans ce blog et cités par Reynolds.
La première fois qu'il est apparu dans ce blog c' était déjà en 2012 (voir ici ). Il y était question de footwork, du maximalisme de Rustie, du détournement stylistique des jeux vidéos par Gatekeeper avec ses nappes de synthés vintage tellement utilisés d'une nouvelle manière.
Tout sur quoi DWTN avait  craqué depuis 2010. Des musiques nouvelles, porteuse de nouvelles approches ou d' esthétique anti-rétro-indie. Reynolds voyait dans la rétromanie un truc de la middle-class blanches occidentales. Celle qui par exemple détient les clé des médias indies actuels (Pitchfork, Inrocks, New Noise). Et curieusement, le footwork, le post- grime anglais et l' UK Bass dans son ensemble. Tout ces truc "ghetto" étaient ou sont toujours  à peine traités par nos journalistes. Comme du reste des genres "difficiles" comme la noise, l' indus ou la dark ambient. Genre surtout non commerciaux par excellence.
Complexe de supériorité raciale et social? Je vous laisse juge mais retenez que souvent ces genre sont nommés par le terme de  ..."sous genre".
Un jour la presse musicale blanche devra m' expliquer comment un sous-genre peut devenir un "genre" à part entière dans l' océan de musique et d' information qu'est le net.  N'ont-ils pas un rôle de défricheurs à jouer? Rôle pédagogue de passeurs? Rôle abandonné depuis longtemps.
Ital Tek s' est souvenu que ce rôle pouvait être tenu par les artistes.

Pas de "sous-genre' pour Ital Tek (Alan Myson) en 5 albums et énormément de ep. Tout est bon à prendre. A écouter. A découvrir.
Ital Tek est apparu à la fin des 00's dans la queue du dubstep, genre certes teinté de nostalgie par son esthétique (comme l' hypnagogic-pop ou l' haunthologie)  mais genre totalement novateur par son approche et ses techniques artistiques. Ital Tek devint avec ses trois premiers albums  un lien entre la musique originale des 90's (l'idm) et celle de cette décennie, le dubstep. Il y mêlait bien d' autres chose toutes issues de cette musique urbaine anglaise ou américaine (techno underground, house déviante, glitch, dub bruitiste, grime, jungle).
A partir de 2010 la trajectoire de Ital Tek continua a s'inspirer du passé mais s' accéléra et pris un virage brutal en direction des dancefloors et du futur en devenant une vitrine d'un nouveau courant apparu en Europe via son label Planet Mu.
 Lui et ses potes avaient découvert le footwork. Sa musique devint plus dansante, plus vigoureuse. Elle lorgna aussi plus sur l' Uk Dance. L' idm et le dubstep n' étaient présents  que par des traces résiduelles des décennies passées.
Il devena  un réceptacle parfait de tout ce qui faisait en nouveauté dans l'underground urbain des 10's. "Nebula Dance" fut une claque et démontra en quoi le Footwork à peine cité dans les médias n' était pas qu'un simple "sous genre". Son aspect avant-gardiste et les possibilités créatrices qu'il offrait étaient chez Ital Tek exploitée avec succès.







"Control" en 2013 confirma l' amour du bonhomme pour la musique de Chicago et sa volonté de tenter toutes les possibilités offertes. Le footwork se trouvait confronté au Purple Sound que l'on nomma aussi le "Maximalisme". Ital Tek tissa les liens évident entre l' enfant des Rashad, Rp Boo ou Traxman avec le grime ou la Trap et la Wonky.
Ital Tek est quelqu'un qui refuse de se reposer sur ses lauriers doublé  d'une insatiable curiosité. Toujours en quête de nouveauté, de nouveaux univers. Surtout ne pas se répéter.
Avec "Hollowed" il opère un nouveau virage. Gardant toujours des traces de ce qu'il utilisa pendant les deux première périodes de sa carrière Ital Tek s' intéresse à une avant-garde musicale quasi absente des dancefloor. A d' autres ambiances. Le climat du disque est peut être pas autant énergique que les précédents mais il est plus lourd. Plus dark. A la fois plus hypnotique, planant et étouffant. Plus spatiale. Encore plus futuriste. Plus spirituel.
Un violoncelle très Haxan Cloak clôture l' inaugural "A delicate Balance" après une très lente montée synthétique. Les voix numérisées des choeurs médiévaux de "Redeemer" terminent leur chemin dans un no man's land industriel.
"Beyond Steel", lui aussi lente montée en direction l' espace, confirme l' abandon des pistes de dance pour des laboratoires  planqués dans des usines désaffectées et sinistres. Il y a du croisé Roly Porter et Paul Jebanasam.  "Terminus" et "Cobra" c' est du Vatican Shadow en light mais autant terrifiant.  "Memory shard" a plus à voir avec Oneohtrix Point Never que Rustie ou Dj Rashad.
Arrivé à la fin du disque on ne peut que constater l' étendue du changement et le fait qu' Ital Tek a peut être fait de la meilleur des façons son travail de curateur d' artistes et de musiques.
Il vient de pondre son oeuvre la plus abouties, futuriste, avant-gardistes et importante  jusqu'à ce jour.
Un bon passe pas trop contraignant pour le présent et le futur à l'intention des retardataires.









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