Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : Kiasmos , du violon sur le dancefloor au fond d'un fjord






Récemment j'ai écrit que beaucoup d' artistes électro se tournaient vers une musique plus physique, moins introspective. Quand on affirme ce genre de chose il y a toujours le petit grain de sable qui se pointe. Le disque qui va à contre-courant du phénomène décrit mais qui fait tout le charme du suivi de l' actualité musicale. Ne jamais se borner à une seule direction.
Òlafur Arnalds et Janus Rasmussen sont le grain de sable et il s'appelle Kiasmos. Ces deux scandinaves en provenance des lointaines  Islande et des Îles Féroée ne s' adressent pas à vos tripes quand un bon nombre de leurs contemporains vous assènent drone, percussions et noise jouissifs à la limite du supportable (Perc, Untold,Vessel). Arnalds est un compositeur de musique classique, ou plus précisément de néo-classique comme disent les saxons. Rasmussen quant à lui a débuté au sein d'une formation synthpop. Alors quand les deux s'unissent ça peut le faire. Comme ça ne peut pas le faire. Par le passé, on dira les 90's, pas mal ont voulu allier le classique et son instrumentation avec l' électro. Et ça la franchement pas fait systématiquement, soit on se retrouvait face à une espèce de prog électro où le musicien classique nous balançait au visage sa virtuosité technique comme les guitaristes prog des 70's en oubliant l' essentiel. Soit une tentative de faire passer au grand public la pilule de" cette nouvelle musique avec quelques réminiscence classique qu'il connaissait déjà .
Avec Kiasmos c'est une réussite totale. Cet album éponyme est parfait, inlassable et sans aucune faute de goût. L' ennuie est absent. Si à votre première écoute il se pointe rappelez-vous la grande leçon zen de papi John Cage: "If something is boring after two minutes, try it for four. If still boring, then eight. Then sixteen. Then thirty-two. Eventually one discovers that it is not boring at all."(Dans "Silence"1970).


Et si une chose est vraie c'est bien le fait qu'au début ce disque peut sembler avoir été entendu mille fois. Peut-être parce qu' il suit une recette sommaire faite d' ingrédients sûr sans chichi. Des percussions élégantes, des sons électro digitaux mystérieux et un piano accoustique modeste qui la ramène pas. Les cordes et ce dernier sont aux ordres de la house tout comme les samples qui font également preuve de discrétion. Ici pas de déballage tape à l' oeil sonore ou lyrique . Le piano rappellera bien sûr celui de Jon Hopkins. Cette façon de débouler une fois que le titre a atteint son potentiel euphorique dans cette courbe théâtrale qui sert aussi d' ossature aux titres chez Hopkins. La petite différence est que nos deux scandinaves nous laissent bien plus d' indépendance pour imaginer ces paysages porteurs d'une certaine spiritualité. Vous êtes bien dans un fjord, dansant sur techno minimale magistrale avec tout autour de vous, ce panorama typique scandinave sur lequel flotte les contes et légendes de la mythologie nordique. Ces montagnes qui ont observé les péripéties dramatiques des dieux avec les humains où bien, ces forêt épaisses et obscure où rodent des animaux fabuleux.
On peut aussi penser à Nicolas Jaar en solo. On ne peut pas les accuser de suiveurs d' Hopkins et Jaar, ce disque est le fruit d'un travail méticuleux entrepris depuis 7 ans. Ils avaient sorti un premier ep un poil plus percutant par ses rythmiques glaciales mais à présent ils nous offrent leurs terres natales au printemps, pas en hiver.


Kiasmos est la divine surprise techno  ambient de cette fin d' année. Année faite de très nombreuses réussites rentre dedans, où la montagne russe et la dichotomie ont été les lignes directrice avec le coq à l' âne stylistique en mode opératoire mais qui se cloture par un beau disque mélancolique, homogène et s'apparentant à une plongée intime dans notre imagination.


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