Software et Mexican Summer, un grand bol d' air frais pour l'indie-music
Si vous allez sur le site du label Mexican Summer et que vous observez la liste des artistes un truc peut vous sauter aux yeux. Une présence qui détonne au milieu de noms tel que Beast Coast, Puro Instinct, Light Asylum et les premier Kurt Vile. Pete Swanson et sa musique extrême d' avant-garde au beau milieu d'un petit monde indie abonné au format pop très classique.
Une petite évolution tant espérée et attendue par votre serviteur qui s' est également dévoilée via une anomalie Pitchforkienne ces derniers jours.
Le site référence très (trop?) influant de la planète indie a attribué une note de 8,7 à la compilation "Rifts" de l' Oneohtrix Point Never de Lopatin. Bizarre parce que la même compilation n' avait obtenu à sa première sortie en 2009 qu'un 8. Quand on sait l'importance des décimales dans la notation Pitchforkienne ce changement (retournement de veste?) ne peut pas être anodin. J' attend avec impatience comment certaines rééditions vont être notées par le site américain. Au hasard, James Ferraro, Maria Minerva, Pete Swanson ou encore Laurel Halo. Pitchfork n' aurait-il pas vu venir un petit changement dans la musique à force de négliger les musique expérimentales et aventureuses au profit de musiques plus "faciles"?
Retour sur ce qui a précédé à travers une association de deux labels qui sauve un peu l' Indie-music de l' ennuie.
Début 2011 Daniel Lopatin (que l'on ne présente plus ici) fonde avec son compère Ford le label Sofware. Très vite ce label va me charmer en se spécialisant dans des musiques aventureuses qui possédaient la grande qualité de nous sortir du traintrain revivaliste de la plus part des labels indie. Plus d' expérimentation et de synthés, moins de redite des groupes indies à guitares étiqueté 90's .
Le label fêtera son deuxième anniversaire en ce début d' année avec la sortie du très attendu deuxième album d' Autre Ne Veut (cf également ici ), "Anxiety".
Le premier single d' Autre Ne Veut et ses sonorités 80's sont une excellente porte d' entrée à l' état d' esprit Lopatien qui plane sur le label Sofware. Daniel Lopatin peut être apparenté à un Ariel Pink quand ce dernier n' hésite pas à fouiller dans les poubelles de l' histoire musicale. Pour l' homme derrière Oneohtrix Point Never il faut se détacher de ce que véhiculent les sonorités dans notre inconscient et enfin et surtout, éviter les réflexes faciles de jugement de valeur. En résumé, ce n'est pas parce qu' un son ou un instrument vous évoquent un très mauvais souvenir musicale qu'il est inutilisable et perdu pour une espèce de "bon goût". Tout dépend de ce que l'on en fait.
Apparu à la suite de l' Hypnagogique-pop, Lopatin, à l' instar de ce mouvement, voue une passion profonde pour les sons du New Age pourtant tant décrié par le milieu indie des 90's et son culte conservateur (intégriste?) des guitares et des structure pop 60's. L' image du New Age était souvent salie par l' image d' épinal qu'il véhiculait, de longue plages musicales planantes chiantissimes pour hippies aux neurones grillés par le mysticisme et les drogues.
Software ressort justement ces jours-ci la compilation résumant les travaux très inspiré par le new age du Lopatin des débuts d' Oneohtrix, "Rifts".
Bien évidemment la première signature du label fut le projet du duo après leur première collaboration sous le pseudo de "Games". Les longues plages très Tangerine Dream d' Oneohtrix laissaient leur place à une synth-pop plus immédiate.
Suivront sur le label, Harmonizer, Napolian , Megafortress, Airbird (projet solo de Ford) et Carlos Giffoni (cf ici ).
Début 2012 le label publie un ep des très footwork Slava et prouve ainsi son ouverture d' esprit en ne restant pas bloqué sur les 80's, les nouvelles musiques les intéressent aussi.
Jusqu'à Carlos Giffoni Software était centré sur l' ambient et la synth pop, après la signature du Brésilien le noise et le drone firent leur apparition avec les géniaux Tropa Macaca de Lisbonne et le projet solo du Fuck Buttons Benjamin Power (Blanck Mass). La récente signature de Pete Swanson n' a fait que confirmer cette évolution.
Si à lui seul Sofware offrait déjà un grand bol d' air frais face aux autres labels indies une association devait se faire pour accroître sa notoriété dans cet univers et un peu bousculer les vieilles habitudes. Et parmi ces labels trop uniquement influencé par les guitares indies il y en a un qui a bien compris qu'il fallait ouvrir les fenêtres et cesser de se borner toujours aux même influences. Mexican Summer en s' associant et en distribuant Software a fait preuve d'une certaine lucidité face au statu-co actuelle de l'indie music. Choix plus que salvateur alors que se profile depuis quelques mois un antépénultième revival indie, le grunge cette fois-ci.
Sauf qu' il y avait un ver dans le beau fruit calibré indie de Mexican. Une petite bestiole nommée Ariel Pink sort dès les débuts du label un single. Le goût du label pour les artistes un peu bizarres se confirma avec des rééditions bien senties, la grande Linda Perhacs et son légendaire "Parallelograms", l' oublié et non moins génial Bobb Trimble.
Mexican voulait-il se trouver son John Maus en la personne de Part Time après avoir rater l'original?
Quand en 2011 Mexican Summer s' associa avec Software son propre catalogue subit un profond changement dans les genres musicaux représentés. Peut-être est-ce à cause de la fréquentation de Ford & Lopatin mais une chose est sûr, les fondateurs du labels comprirent qu'il fallait faire preuve d'une plus grandes ouverture d' esprit en décloisonnant l'indie à guitare en allant voir ailleurs. Après 3 ans de guitares en tout genre c' est une arrivée massive des synthés avec Nite Jewel, Part Time, Light Asylum. La présence des enfumés de Peaking Lights et leur dub psychédélique marqua aussi cette mini révolution.
Bien sûr on reste invariablement dans le format pop mais si on rajoute les noms du catalogue Software alors l' ensemble prend une toute autre dimension et Mexican Summer devient le passage entre deux visions de la musique trop longtemps séparées. L' expérimental et la pop.
Les deux prochaines sorties de Mexican, l' intéressant Spectral Park et les très lo-fi Happy Jawbone Family Band.
http://www.softwarelabel.net/
En guise de conclusion voici quelques explications pour décrypter la pensée et l' art de Daniel Lopatin décrites plus haut.
Vous prenez un artiste honni du passé. Chris de Burgh (l' occasion perverse pour moi de vous passer un extrait d'un show de Patrick Sébastien).
Et ce qui devait vous faire gerber se transforme en une sorte d' hypnose mélancolique urbaine. Il a récupéré une ordure des fonds de la poubelle de la pop-culture et en a fait une oeuvre poétique désespérée.
Ce "Nobody here" est légendaire car il fut un carton Youtube dans l' underground et chez les fans d' Hypnagogic-pop. Il appartient à la fameuse série des "écho jams".
http://www.youtube.com/user/sunsetcorp/videos?view=0&flow=grid
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