Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant: Grouper, séance de rattrapage




Actualité chargée pour l'une des chouchous de DWTN, Liz Harris aka Grouper. 2013 voit la ressortie de son classique de 2008, "Dragging a dead deer up a hill" et aussi et surtout celle de morceaux inédits de la même époque, "The Man  who died in his boat".


Autant le dire tout de suite, découvrir en 2013 "The man who died in his boat" n' est pas la même claque qu' avait été en 2008 "Dragging..." . L' effet de surprise a disparu et il s' agit d' enregistrements laissés de coté à l'époque. Donc des titres certainement jugés  moins  pertinents pour son auteur. Mais attention, ça reste du Liz Harris, soit une musique ensorcelante et inévitable .

 Malgré une carrière déjà longue de 8 ans Grouper souffre à mon avis d'une trop faible notoriété en France . Peut-être que la tristesse et l' aspect morbide se dégageant des titres de ses albums en ont refroidi plus d'un.
 Une fois  traduits c'est sûr qu'il y a plus joyeux comme intitulés que "L'homme qui est mort dans son bateau" ou  le pétrifiant "Traîner un cerf mort du haut de la colline".
  Il est surtout très étonnant que dans notre pays où le culte du label 4AD est encore très vivace  une grosse partie de la presse spécialisée et du public sont passés largement à côté de Liz Harris.

On ne peut que penser au label des Cocteau Twins, Dead Can Dance et autres This Mortal Coil  tellement l' ambient-pop de Grouper est souvent qualifiée à juste titre d' éthérée,  triste, mélancolique, plaintive, lugubre, rêveuse, désolée ou encore vaporeuse. Caractéristiques partagées avec 4AD mais aussi  avec certaines de ses contemporaines adoré chez DWTN comme Julianna Barwick , Julia Holter , Laurel Halo et The Slave.


Les premières oeuvres de Liz Harris étaient noyées sous d' épaisses couches sonores faites de réverbération et de delay. Si l' aspect noisy et cotonneux  de la production s'est peu à peu affaibli pour faire place  à des squelettes de chansons folk plus identifiables la voix et le traitement qu' elle subit restent  des éléments essentiels dans Grouper. Le magnifique chant d' Harris   est totalement partie prenante dans la création et la genèse de cette épaisse matière sonore. 



Même si l' effet de surprise a donc disparu "The man..." étonne en 2013 par sa fraîcheur malgré l' antériorité de son enregistrement (2009).
Ce n'est pas la première fois que Grouper pioche dans son  passé. En 2010 avec son dytique  AIA, Grouper  mêlait  déjà nouveauté et recyclage d' archives avec succès.
On peut reprocher à Liz Harris de ne pas être rentrée en studio pour nos offrir  du plus frais mais cela est largement compensé par ses multiples collaborations tel que Mirrorring l' année dernière.
Grouper se situe exactement a mi-chemin entre l' expérimentation et la musique d' avant-garde post-Hypnagogic-pop( Laurel Halo, Oneohtrix PN , Emeralds) et l' indie dream-pop plus accessible des 80's & 90's (shoegazing, 4AD). Le chaînon manquant entre un passé vénéré et un changement tant espéré.




PS : Je parlais de l'importance des voix et de leur traitement dans la musique de Grouper. Voici un autre exemple tout frais de titre réussi dont la construction repose en grande partie sur les voix. Une véritable petite tuerie très witch-house.



La principale  mélodie du récent "Later" de Shlohmo est une ligne vocal. Elle apporte une étrangeté envoûtante  parce que l'on ne comprend pas vraiment ce qui est dit et le mystère est également accru du fait que la voix est en partie déshumanisée  par énormément de manipulations. Henry Laufer avait déjà publié un excellent premier album en 2011, "Bad Vibes".
Son hip hop d' avant-garde très proche de Flying Lotus et Amon Tobin est à suivre  de très près dans les mois qui suivent.


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