En passant : White Poppy, un baume musical.
Les brumes persistaient à rester accrochées à l' océan. On n' y voyait pas à plus de 100 pieds et nous étions frigorifiés en cette fraîche aube du 263 ème jour de notre périple. Mes compagnons d' odyssée et moi avions bien du mal à cacher nos appréhensions et peinions à sortir du sommeil. Nos craintes et notre léthargie étaient accentuées par l' immobilité de notre frêle embarcation dans ce paysage irréel dont nous ignorions la situation géographique. Étions-nous au large de la Grèce, à proximité des îles Britania ou dans les eaux du Pacifique Nord. Quand délicatement un chant ensorcelant résonna à nos oreilles et nous nous ruâmes tous sur le pont. Et de cette mer si calme émergea une magnifique et magique créature.
Était-elle réelle ou simplement un songe.
Après les Julianna Barwick, Julia Holter, Barbara Kinzle des trop méconnus The Slaves et tant d' autres une nouvelle sirène fille de la reine Elizabeth Frazer (Cocteau Twins) nous était apparue en affleurant à la surface de l'océan dream-pop/shoegaze.
Elle s' appelle fort justement Crystal Dorval. Originaire de Vancouver elle vient de sortir une pépite sur le label Not Not Fun de la plus délurée des sirènes, Amanda Brown (Pocahaunted et LA Vampires). Cet album éponyme succède à sa cassette "I had a dream".Qu' elle soit signée chez Not Not Fun n'est pas surprenant tellement sa dream-pop shoegaze sous haut patronage du label 4AD ne se contente pas d' être une facile redite. En l' écoutant on s' aperçoit très vite que son shoegaze peut-être décrit comme post hypnagogic-pop. Si des titres comme "Dizzy" ou "Wear me away" n' étonneront pas et n' apprendront rien aux fans de Slowdive, Lush, J&M Chain ou MBV d' autres morceaux avec leur aspect dronesque évoqueront des souvenirs beaucoup plus récents, The Slaves, Peaking Lights et même celui d'une autre belle et envoûtante sirène venue des confins de l' Estonie, Maria Minerva. On peut aussi rajouter son autre compagnon de label auteur de l'un des albums 2013, l' intriguant Ensemble Economique.
L' utilisation des synthé avec un soupçon de rythmique et de boucles Krautrock et la profusion de mélodies s' entrechoquant sauvent ainsi la belle canadienne de la vision étriquée et mille fois vue qu'ont certaines formations shoegaze récentes trop portées sur un format pop trop marquée par l' unique influence d'un songwriting classique 60's (surtout le surf-rock).
A découvrir absolument.
Commentaires
Enregistrer un commentaire