En passant : Forest Swords et son piégeux "Engravings" passible de provoquer des coming-up Dub!

Mais putain! Que cette année 2013 est belle !

Matthew Barnes est dans mon coeur un sacré petit cumulard. Pourquoi je dis ce truc. Tout simplement parce que depuis ses débuts ce type de Liverpool ne cesse de titiller ma corde sensible.Mes cordes sensibles. Deux ep franchement hypnagogic-pop dont le merveilleux Dagger Paths sur un label adoré et déjà abordé ici, No Pain In Pop. Ensuite monsieur décide de remixer These New Puritans et How to Dress well. Et comme si cela ne suffisait pas  il quitte No Pain pour signer chez ...Tri Angle records! Et pas pour rien en plus. Tout juste pour sortir  un autre grand album novateur en 2013, une année assurément pas comme les autres.

Il s'est écoulé un sacré laps de temps entre cet album et "Dagger Paths" mais à présent on sait pourquoi. Matthew Barnes s'en est expliqué, problème de surdité. Quand on écoute son "Engravings" on peut être rassuré pour ses problèmes de santé. Par contre je le serai un peu moins pour mon cas perso. Cet album à l' heure actuelle a été le plus difficile à cerner et à apprécier pour votre serviteur. Plusieurs écoutes ont été nécessaires et ma première impression était de la déception. Plus du tout le cas à présent. Que c' est-il passé? Très simple. Je l' ai écouté en pleine période des festivals d' été, quelques jours avant la RDR, et j' ai presque 40 ans donc j'ai bien connu les 90's musicales en France. Ce qui veut dire que mon problème avec le dernier Forest Swords ne venait pas du disque mais de la dictature de ma mémoire auditive et de mon inconscient. On peut aisément définir la musique de Forest Swords comme du Dub. Si on résume par une simple addition les plus anciens vont comprendre tout de suite mon problème:
 Festival + Dub + 90's. 
Et oui le terrible dub produit au kilomètre dans les 90's et imposé partout en France. Pas une semaine sans un concert, une visite d' apart d' étudiant enfumé ou la confrontation avec un camping car garé dans un pré où ce dub de promotion d' honneur nous irritait les oreilles avec son cortège de caricatures humaines lobotomisées se la jouant "cool" mais au final bien souvent coupées des autres et véritables exemples vivants d' hermétisme face aux autres musiques.

Pourquoi avais-je donc craqué plus vite pour les premiers ep de Forest Swords. Parce que le bonhomme avec un son plus crado qu' à présent possédait une touche lo-fi et évoquait franchement l' hypnagogic-pop. Il était souvent affilié à ce courant à juste raison. Sur "Engravings" le son est devenu beaucoup plus clair et lamentablement ma mémoire et mes réflexes auditifs ont fait le reste. Sauf que en y retournant ce fut une vraie petite claque et une évidence m'est revenu à l' esprit. L' hypnagogic-pop et la Dark Ambient  évoque souvent le dub, mais un dub surtout ambient dénué des horribles tics et du folklore que ma jeunesse française m' avait offert. Qu' elles sont nombreuses mes passions actuelles où le dub est présent, Demdike Stare, Haxon Cloak et  Milespour la dark ambient, Peaking Lights, Sand Circles et Canckun pour l' hypna.  Et comme en plus je voue une passion inconsidérée pour Tri Angle records depuis leur création comment ne pas citer Holy Others et Water Borders. Et enfin, comment ma mémoire a-t-elle bien pu omettre que dans le 90's le dub n' était pas uniquement synonyme de médiocrité et qu'il m' arrivait  d' écouter avec délectation The Orb et The Sabres of Paradise du bon Andrew Weatherall.

Forest Swords ne se contente pas de nous refaire une simple redite du dub-ambient. Il utilise pour cela une palette sonore parmi les plus variées du moment. Tout y passe. Les titres sont souvent axés autour du guitare pouvant évoquer aussi bien Ennio Morricone que le post-punk lui aussi grand amateur de dub (PIL, Raincoats, The Slits, Pop Group).Sa musique nous parle shoegaze, indus("Onward") dubstep(les voix lointaines à la Burial),post-rok ("The Plumes") et même R'n'b (il avoue une passion pour Mary J.Blige).
Un dub en pleine mutation ou tous les genres cités s' entrechoquent  avec une délicatesse somptueuse. Une musique chaude et moite , bref une musique charnelle. Si le son Forest Swords est plus "claire" ce n'est pas pour autant la grande révolution que nous offre Matthew Barnes mais bien une belle oeuvre d' artisan.
Un artisan qui a patiemment  travaillé son art dans son petit atelier sans  pour autant se couper totalement du monde extérieur.
Donc vous l' aurez compris, encore un beau et grand disque que 2013 nous offre.