En passant : Motional
Cf http://dancingwiththenoise.blogspot.fr/2012/08/en-passant-motional-aka-raphael-durand.html
Pratiquement deux ans se sont écoulés depuis que je suis tombé sur son éblouissant et prometteur "Rain Bow" en juillet 2011.
Motional (Raphael Durand) au cours de ce laps de temps a été plutot avare en gourmandise musicale.
C' est que le bougre nous préparait une sacrée entourloupe. Et cette entourloupe c'est son premier album autoproduit au titre éponyme et on va pas tortiller des fesses plus longtemps, c' est une totale réussite.
Motional - Ance Room from Motional on Vimeo.
Souvent on qualifie les premiers disques par l' expression "oeuvre de jeunesse" en insinuant qu'il ne sont pas totalement accomplis et surtout un rien naïfs. Parfois on leur reproche une trop grande visibilité des influences, la présence de titres bouche-trou insignifiants ou que sais-je encore. Le talent et la maîtrise de Raphael Durand lui permettent aisément d' éviter ces pièges. Et comme il y a deux ans on se pince pour y croire devant une telle démonstration. Au risque de me répéter mais j' assume totalement , jamais dans notre putain de trou de cul du monde nous n' avons vu pareille virtuosité et imagination.
Motional a tout pour lui. Et en premier lieu son âge. C' est un enfant d' internet et ce détail à son importance dans la comparaison avec ses prédécesseurs corréziens. Beaucoup des raisons de l' intérêt de ce disque découlent de ce fait. Une ouverture d' esprit et une curiosité rarement rencontrée par ici, une ignorance et un mépris total pour le cloisonnement stylistique. Ce gamin respire la musique et s' en amuse à force de s' y être plonger tout entier sans fil d' Ariane . Son imagination pioche partout et son univers musicale est très vaste malgré son jeune âge. Tous les sons l' intéressent et peu importe d' où ils viennent. Nous n' avons pas à faire à un laborieux travail de recyclage. Raphael Durand joue magnifiquement avec les genres et les codes. Quitte à surprendre le vieux grincheux que je suis. Si parfois des noms d' artistes ou de groupes contemporains et attendus peuvent bien sûr surgir à l' esprit d' autres totalement insoupçonnables montre leur bout du nez. Quand subrepticement le jeune homme scande des paroles sur une rythmique house dans la deuxième partie de l' ébouriffant "Recas" après un début synth-ambiant et oriental plutot planant on pense à ... Underworld ! Et ça c' est aussi une preuve de l' héritage d' internet et des nouvelles pratiques numériques. Beaucoup de nappes de synthé sur ce disque et pas toujours en rapport avec la dream-pop si fréquente de nos jours mais avec l' approche progressive et ambient d'un Daniel Lopatin ou d'une Laurel Halo. "Loast Road" évoque Boards of Canada s' amusant avec les sample d' Oneohtrix Point Never.
Swith Midos (Extract of first album / Release date May) by Motional
Si il faut à tout prix citer une référence prévisible ce sera alors Foals mais pas celui du dernier "Holy Fire", démago et bourrin. Plutot le Foals des guitares matheuses et intelligente d' "Antidotes" et des nappes de synthés éprises d' élévation de "Total life forever".
Foals ressurgit souvent à l' écoute de "Motional" mais un titre comme le très beau "The Clarinet" prouve que le groupe anglais n' est pas l'unique lubie du garçon et qu' il ne s' agit pas d'une ombre trop présente comme il est de coutume chez les jeunes artistes. Des éléments glitch, idm et drone parsèment l' album et apporte une touche de méticulosité qui rend l' audition au casque plus que conseillée.
Vous voulez un autre exemple de l' absence d' oeillère de ce disque? "Ance Room". Ça commence par une intro une nouvelle fois très Underworld et déboule une guitare surgie de chez Interpol. "Nape dies" peut bien se pointer avec ses synthés et sa rythmique très Flying Lotus/Aphex Twins le charme ne retombera pas et le titre partira alors très loin pour atteindre les sommets entre les parties chantées. "Paris" et ses craquements de vinyle fait entrer le mot Hauntologie dans le vocabulaire corrézien et "People abrevage" balaye tout sur son passage.
A propos de ce même "People abrevage" il faut également noter les similitudes que Motional partage avec ses voisins Haut Viennois, Mako Shopstore et Kerity. Je peux vous certifier qu'ils ne se connaissent que depuis peu de temps mais il très intéressant de remarquer les attraits que cette petite bande de jeunes morveux venus des quatre coins du Limousin ont pour les sonorités synthées 80's à la Jan Hammer. Un probable ras le bol générationel des tics et des bégaiement rock'n'rolliens du coin.
Recas by Motional
Pour conclure voici une petite anecdote qui illustre très bien le coup de vent salvateur que Motional fait souffler sur sa bien vieille Corrèze un peu trop éprise par le passé d'un rock cloisonné et limite réac.
Sur sa page facebook un type que l'on soupçonne un rien faible d' esprit et de savoir vivre ose écrire ces mots " pas de quoi remettre en question l'aventure musicale du 20eme siècle non plus !". Drôle, très drôle même. Surtout parce qu'il va falloir expliquer à ce pauvre gars que nous sommes déjà entrés depuis plus d' une décennie dans le 21 ème siècle et que Raphael Durant et son Motional en est la plus belle des preuves.
Nape Dies by Motional
Disque disponible à The Rev' à Tulle et Undersounds à Limoges.
https://www.facebook.com/Motional.Music?fref=ts
Pratiquement deux ans se sont écoulés depuis que je suis tombé sur son éblouissant et prometteur "Rain Bow" en juillet 2011.
Motional (Raphael Durand) au cours de ce laps de temps a été plutot avare en gourmandise musicale.
C' est que le bougre nous préparait une sacrée entourloupe. Et cette entourloupe c'est son premier album autoproduit au titre éponyme et on va pas tortiller des fesses plus longtemps, c' est une totale réussite.
Motional - Ance Room from Motional on Vimeo.
Souvent on qualifie les premiers disques par l' expression "oeuvre de jeunesse" en insinuant qu'il ne sont pas totalement accomplis et surtout un rien naïfs. Parfois on leur reproche une trop grande visibilité des influences, la présence de titres bouche-trou insignifiants ou que sais-je encore. Le talent et la maîtrise de Raphael Durand lui permettent aisément d' éviter ces pièges. Et comme il y a deux ans on se pince pour y croire devant une telle démonstration. Au risque de me répéter mais j' assume totalement , jamais dans notre putain de trou de cul du monde nous n' avons vu pareille virtuosité et imagination.
Motional a tout pour lui. Et en premier lieu son âge. C' est un enfant d' internet et ce détail à son importance dans la comparaison avec ses prédécesseurs corréziens. Beaucoup des raisons de l' intérêt de ce disque découlent de ce fait. Une ouverture d' esprit et une curiosité rarement rencontrée par ici, une ignorance et un mépris total pour le cloisonnement stylistique. Ce gamin respire la musique et s' en amuse à force de s' y être plonger tout entier sans fil d' Ariane . Son imagination pioche partout et son univers musicale est très vaste malgré son jeune âge. Tous les sons l' intéressent et peu importe d' où ils viennent. Nous n' avons pas à faire à un laborieux travail de recyclage. Raphael Durand joue magnifiquement avec les genres et les codes. Quitte à surprendre le vieux grincheux que je suis. Si parfois des noms d' artistes ou de groupes contemporains et attendus peuvent bien sûr surgir à l' esprit d' autres totalement insoupçonnables montre leur bout du nez. Quand subrepticement le jeune homme scande des paroles sur une rythmique house dans la deuxième partie de l' ébouriffant "Recas" après un début synth-ambiant et oriental plutot planant on pense à ... Underworld ! Et ça c' est aussi une preuve de l' héritage d' internet et des nouvelles pratiques numériques. Beaucoup de nappes de synthé sur ce disque et pas toujours en rapport avec la dream-pop si fréquente de nos jours mais avec l' approche progressive et ambient d'un Daniel Lopatin ou d'une Laurel Halo. "Loast Road" évoque Boards of Canada s' amusant avec les sample d' Oneohtrix Point Never.
Swith Midos (Extract of first album / Release date May) by Motional
Si il faut à tout prix citer une référence prévisible ce sera alors Foals mais pas celui du dernier "Holy Fire", démago et bourrin. Plutot le Foals des guitares matheuses et intelligente d' "Antidotes" et des nappes de synthés éprises d' élévation de "Total life forever".
Foals ressurgit souvent à l' écoute de "Motional" mais un titre comme le très beau "The Clarinet" prouve que le groupe anglais n' est pas l'unique lubie du garçon et qu' il ne s' agit pas d'une ombre trop présente comme il est de coutume chez les jeunes artistes. Des éléments glitch, idm et drone parsèment l' album et apporte une touche de méticulosité qui rend l' audition au casque plus que conseillée.
Vous voulez un autre exemple de l' absence d' oeillère de ce disque? "Ance Room". Ça commence par une intro une nouvelle fois très Underworld et déboule une guitare surgie de chez Interpol. "Nape dies" peut bien se pointer avec ses synthés et sa rythmique très Flying Lotus/Aphex Twins le charme ne retombera pas et le titre partira alors très loin pour atteindre les sommets entre les parties chantées. "Paris" et ses craquements de vinyle fait entrer le mot Hauntologie dans le vocabulaire corrézien et "People abrevage" balaye tout sur son passage.
A propos de ce même "People abrevage" il faut également noter les similitudes que Motional partage avec ses voisins Haut Viennois, Mako Shopstore et Kerity. Je peux vous certifier qu'ils ne se connaissent que depuis peu de temps mais il très intéressant de remarquer les attraits que cette petite bande de jeunes morveux venus des quatre coins du Limousin ont pour les sonorités synthées 80's à la Jan Hammer. Un probable ras le bol générationel des tics et des bégaiement rock'n'rolliens du coin.
Recas by Motional
Pour conclure voici une petite anecdote qui illustre très bien le coup de vent salvateur que Motional fait souffler sur sa bien vieille Corrèze un peu trop éprise par le passé d'un rock cloisonné et limite réac.
Sur sa page facebook un type que l'on soupçonne un rien faible d' esprit et de savoir vivre ose écrire ces mots " pas de quoi remettre en question l'aventure musicale du 20eme siècle non plus !". Drôle, très drôle même. Surtout parce qu'il va falloir expliquer à ce pauvre gars que nous sommes déjà entrés depuis plus d' une décennie dans le 21 ème siècle et que Raphael Durant et son Motional en est la plus belle des preuves.
Nape Dies by Motional
Disque disponible à The Rev' à Tulle et Undersounds à Limoges.
https://www.facebook.com/Motional.Music?fref=ts
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