En passant : No Joy ou, comment se sortir du shoegaze.
No Joy nous revient avec son deuxième album et frappe très fort. Je les aime bien les deux filles de No Joy tellement leur premier album shoegaze brut de décoffrage m' avait emballé . "Ghost Blonde" avec sa production lo-fi hyper noisy emportait tout sur son passage au risque que l' auditeur n' ait le temps de percevoir certains petit détails pourtant si importants. Ainsi à l' époque une oreille distraite et paresseuse pouvait vite conclure à un simple redite de bonne facture et le critique rock fumiste et inculte de s'en sortir par un truc du style : les voix des Cocteau Twins rencontrent Sonic Youth sous le haut patronage de My Bloody Valentine. Bref, un titre à l' Inrock.
C 'était vite aller en besogne mais le boucan sonore qui accompagnait leur songwritting à l' époque ne rendait pas vraiment service à ce dernier. C'est que les deux belles sont à placer dans le haut du panier dans ce domaine. On n' écrit pas l'un des meilleurs hymne adolescent indie rock de ces 10 dernières années par hasard, le stratosphérique Ghost Blondes. Un putain de morceau qui ne ferait pas tache placé à coté du "Sensitive" des Field Mice.
Avec le dernier "Wait to pleasure" la californienne Jasmine White-Glutz et la canadienne Laura Lloyd en nettoyant un petit peu leur production remettent non seulement leur songwritting à la place d'honneur qu'il mérite mais en plus elles démontrent qu'elle sont à milles lieux des moines copistes qui pullulent dans le shoegaze actuel. Par petites touches elles démontrent qu' elle savent oublier les disques de l' âge d'or. Dépasser ses influences. C' est ça la grande réussite de ce disque. Elles sont bien sûr toujours présentes mais No Joy réussit à aller plus loin que ses glorieux prédécesseurs. Parfois j' ai l'impression qu'elles nous font découvrir le grand disque qui manque à la discographie de Lush. Celui qui aurait pu permettre au groupe anglais des 90's d' éviter de prendre le virage britpop de leur dernier album, "Lovelife", et de tomber dans la normalité d' alors.
De nos jours on ne compte plus les nouveaux groupe adorateurs de Saint Kevin Shields mais dorénavant il va leur falloir faire preuve d' imagination et laisser tomber la nostalgie poseuse d' oeillères. C'est qu'il s'est passé un truc important en ce début 2013. C'est "MBV" de qui vous savez et ce disque va lancer une sacré vague d' épuration dans le petit univers du shoegazing. Une épuration plus que salvatrice. C'est que ça commençait à sentir franchement le renfermé chez certains et on commençait presque par regretter ce revival. Le dernier No Joy échappera largement à la purge des simples copieurs parce que non seulement il reprend les idées apparus dans les 90's mais en plus les développe, les fait progresser et emmène son shoegaze voir ailleurs en osant l' oublier par moment. Exactement ce que My Bloody Valentine fait sur son dernier album.
Du shoegaze bien sûr, mais du shoegaze bien dans l' air du temps. 2013, pas 1993!
No Joy vient simplement de sortir le premier grand disque shoegaze post-"MBV".
Ps: Cadeau, le grand, l' énorme, le magnifiquen "Sensitive"
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