Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

The United States of America : Un grand groupe, un chef d' oeuvre précurseur



Voici l'un des groupes les plus sous estimé de l' histoire. Que l'on ait 20 ans, 30 ans ou 40 ans la découverte de son unique disque est une telle claque qu'il vous viendra aussitôt à l ' esprit le mot injustice devant le faible manque de considération que The United States of America sucite encore de nos jours.
Comment résumer en quelques lignes toute la beauté, la perversion, l' intelligence, le courage et la qualité artistique que cette bande de jeunes californien offre au monde en 1968.
Ce groupe est à la fois  le digne contemporain et le chaînon manquant entre les Beach Boys et le Velvet Underground. Rien de moins. On peut aussi dire d'eux qu'ils sont la rencontre de  Syd Barrett avec Captain Beafheart et Stockhausen.

Vous l' aurez compris on est en plein psychédélisme californien de la fin des 60's mais écoutez encore plus attentivement. Rien ne vous interpelle ? Il n'y a pas une seule guitare électrique ce qui représentait  une réelle gageure dans ce genre à l' époque et c'est le violon de Gordon Marron qui prendra la place.
Leurs influences stylistiques sont multiples. La pop et le rock californien bien sûr, le jazz , les musiques médiéval ,classiques,   concrètes ou encore celles  issues de l' héritage populaire américain.
Mais enfin et surtout,et c' est bien ça qui fait que ce disque est révolutionnaire,  l' électronique montre son bout du nez. Cette dernière alors encore à ses débuts était  plutot réservée aux domaines des musiques dites  contemporaines(Stockhausen, Parmegiani, Oliveros) mais avec USA  elle  se glisse partout, dans chaque chanson. Parfois on ne la discerne qu'à peine mais pourtant elle est bel et bien présente surtout si on prête plus d' attention à la production et au son. Il lui arrive même d' être l' élément moteur dans la composition, chose rare à l' époque car souvent le rôle qui lui était attribué dans le rock était souvent celui d'un gadget ou d'une simple décoration. 5 ans avant Kraftwerk et  le Krautrock. 
Leurs  compositions  sont porteuses d'une totale liberté et d'un  goût du risque rarement égalés à l' époque. L' étrangeté qui s'en dégage et les territoires inconnus ainsi explorés ne pouvaient à l' époque qu' être également rencontrés  que chez des fous géniaux comme   Beafheart ou Zappa.
 Tout comme John Cale au sein du Velvet les USA injecte l' avant-gardisme  dans le rock. Ces types avaient 10 ans d' avance. Faut dire qu'en matière d' expérimentation et plus précisément dans le maniement de l' électronique son leader,  Joseph Byrd, est un vrai petit génie. Né dans le Kentucky il passe d' abord par New York pour y  découvrir l' avant garde et se passionne pour  les travaux de Pierre Henry, Steve Reich et Terry Riley entre autres. Ensuite il migre en Californie et tombe dans la marmite psychédélique. Cet adepte de John Cage ne bénéficiait pourtant pas de beaucoup de moyens. Un clavecin électrique, un modulateur, un violon électrique et quelques autres babioles plutot considérés comme gadget par les groupes rock d' alors. Les premiers synthétiseurs Moog était hors de leur portée et pourtant, on est dans le future avec trois bous de ficelles et ce avec une maîtrise rarement rencontrées jusqu' alors.


Il faut aussi parler de la voix féminine du groupe, le chant de Dorothy Moskowitz est d'une beauté absolue digne de celui d'une Grace Slick (Jefferson Airplane).
C' est un album culte et comme tout album culte ceux qui s'en réfèrent  sont des grands. Tout fan des Broadcast se doivent d' écouter au moins une fois dans leur vie ce fichu disque.
Je parlais de la multitude de styles musicaux où les USA ont pioché et notamment de la musique médiévale, voici une tuerie pop fruit d'un voyage dans le temps, destination le Moyen Âge et les abbayes cisterciennes.




The United States of America n' étaient pas les seuls à l' époque à tâter de l' électronique, les Silver Apples biens sûr  (ces derniers bénéficiant de nos jours d'une plus grande notoriété grace à Stéréolab), mais aussi les prodigieux et tout autant sous estimé Fifty Foot Hoose avec leur passionnant album "Cauldron". Un grand disque révolutionnaire lui aussi.

Mais si USA aimait à s' aventurer dans l' expérimental leur album offre parfois de réelles pépites pop d'une simplicité et d'une efficacité sidérantes comme ce "Love song for the dead Che"



Si tout ce que j' ai écrit ne vous a pas convaincu, faites moi ce plaisir par pitié, écoutez le disque dans son intégralité et osez me dire après que ce n' est pas un chef d' oeuvre. Parce que c' est un  putain de vrai chef d' oeuvre.



PS: Joseph Byrd retenta l' expérience par la suite au sein de son Joe Byrd and the Field Hippies sans atteindre réellement les sommets fréquentés par USA mais sa deuxième tentatives vaut quand même largement le détour. Tout autant déjanté et cette fois-ci avec des guitares.

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