Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

KANE IKIN ou, un diable de Tasmanie nous ouvre les portes de l'enfer et... c'est la vie de 2016 !



Il est toujours frustrant de tomber sur un disque génial et de s' apercevoir que son auteur a derrière lui une longue carrière. Il est encore plus  frustrant d' écouter des dizaines de disques panurgiques qui au final ne parlent pas ou si peu de la vie en 2016 et  nous font justement passer à coté de merveilles comme le "Modern Pressure" de l' australien Kane Ikin. 
Jamais nos existence n' ont autant été sujettes à l' imprévisible depuis bien longtemps. Un sentiment d' insécurité constant s'empare de nous et il nous faut lutter constamment pour ne pas sombrer dans les travers que ce sentiment si humain peut engendrer. Le cloisonnement ou le désir d' oublier, de fuir. En musique ça peut donner les niches ,stylistiques ou temporelles,  mais aussi la fuite en avant dans une débauche de divertissements hédonistes  à outrance sans réel ancrage dans le présent. L' opium du peuple depuis toujours. Sans un réel fond critique ou tout juste illustratif.
Kane Ikin est encore un musicien de dark ambient pour la faire courte. Encore un cousin de Dominick Fernow, Haxan Cloak, Demdike Stare, Raime ou tant d' autres cités dans ce blog. Mais comme les autres ce dernier ajoute à sa musique ce qu'il faut comme idées et de personnel pour éviter l' exercice de style. La niche. Et comme les autres il prouve que la dark ambient comme la noise, le drone , l' industriel ou les musiques dites "de ghetto" ne sont pas des coquilles dans lesquels les fans et musiciens se renferme pour ne pas affronter le monde. C'est tout le contraire. Une musique comme la leur colle parfaitement à 2016 parce qu'elle a les yeux braqués vers ce qui les entourent. D'autres depuis bien longtemps ont capitulé dans ce rôle.

           
Kane Ikin - Tap Tap Collapse from NIC on Vimeo.

Je n' avais jamais entendu parler de ce putain d' australien venu donc de si loin pour me balancer cette foutue musique stimulante au possible. Pas de ses ep et ses deux premiers albums (dont un en collab avec David Wenngren) et encore moins  de son groupe Solo Andata.
"Modern Pressure" porte très bien son titre. Disque oppressant, stressant et sombre. Moins dans la répétition du dernier Raime qui joue sur d' infimes détails. L ' oeuvre de l' australien est bien plus vindicative si j'ose le dire. Le climat est patraque, lentement mais sûrement il se modifie. Joue avec nous. Jamais dans le bon sens. L' orage arrive. Il est irréversible. "Tout ce beau temps, fallait bien le payer ma pauvre dame". Il va éclater mais avant cela Ikin développe une palette de nuage tous plus énormes et terrifiant que les autres. Cette sensation de voir s' assombrir le ciel à l' horizon. Plus c 'est noir, plus ça va péter. Comme bien souvent Carpenter et ses synthés sont dans les parages. Ikin joue beaucoup avec le rythme et les beats. Il n'y pas l' évidence de la simplicité, du "faux rachitisme", de Raime. Des synthés pas vaporeux, pas planant. Des synthés qui déchire au loin le ciel noir tel les éclairs . Un d'eux va pas tarder à nous tomber dessus. Il va être pour notre gueule.
Ikin offre un disque urgent. Net et précis. Lui nous raconte que ce disque s'est fait alors que l' imprévu avait frapper à sa porte. L' insécurité, la vrai, s' était pointé dans sa vie. Crise économique, restriction, vente forcée d'une partie de son matériel pour subvenir à ses besoins. Ce putain d' orage que certains n'ont pas vu, ou ne veulent plus voir arriver.  Certains aveugles et inconscients dansent sous les arbres ou jouent au basket quand d' autres s' enferment dans leur cave à triple tour en veillant à ce que les premier paient pour leur retard. Et puis il y a ceux qui s' y préparent. Observent l' orage pour y faire face. Ils savent que lorsqu'il éclatera il faudra être sur ses gardes pour ne pas rater une miette. 
C'est beau un orage. Les instants qui le précèdent encore plus aux goûts de quelques uns. Quand le vent se met à souffler en  nous sortant de la langueur estival assommante. 
Ça va péter.
Et c'est tant mieux. Cela ne pouvait plus durer
Après?
C'est déjà le pire.


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