Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

PAUL JEBANASAM ou, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Et vice et verça.



                     
Paul Jebanasam - Continuum from Subtext Recordings on Vimeo.

Vous avez peut-être en mémoire ces images de documentaires quand des sondes spatiale parties à l' aventure dans l'espace s' approchent au plus près d' astres gigantesques.  Dans le vide et l'obscurité la sonde capte d' abord des grésillements en lieu et place d'un  silence lourd. L' astre, d' abord minuscule, apparaît et prend petit à petit sa dimension titanesque. Le grésillement fait place à un boucan assourdissant. Étonnamment , les instruments de la sonde à la recherche du moindre détail de ce monstre, passent outre le chaos et redétectent à nouveau des grésillements ou d' autres sortes de sons plus faibles. Moins saturées.  On est au coeur de la Bête. De l'infiniment petit à l' infiniment grand puis, retour à la case départ.
On ne peut pas mieux résumer le récent "Continuum" de Paul Jebanasam. Surtout si l' astre en question possède la puissance du soleil et que cette puissance cataclysmique est le fruit de tout petits atomes. (ndlr : j'ai toujours rêvé de dire ce truc de "cataclysmique" avec l' accent d' Haroun Tazieff)  . La pochette de "Continuum" représente le réacteur nucléaire du laboratoire de fusion nucléaire basé à Culham en Angleterre.  Ceci n'est pas pour rien.


Le musicien Sri Lankais est co-patron du label de Bristol Subtext. Les deux autres sont de très vieilles connaissances de ce blog, un membre d' Emptyset (James ginzburg)et Roly Porter (jetez-vous ici ou par là).
Si les ressemblances sont plus qu' évidentes avec son collègue Porter, Jebanasam se différencie par un sens du détail et un goût pour la  longueur encore plus fort. Trois titres seulement et pas un inférieur à 10 minutes. Rassurez-vous les accros au format pop, l'ennuie est évacué au profit d'un art du suspens que Sir Alfred Hitchcock ne renierait pas.
Comme chez Porter, ce qui me fascine aussi chez Jebanasam c'est qu'il poursuit le travail de recherche moléculaire du son entrepris il y a 5 ans par Tim Hecker avec le grand "Ravendeath, 1972". Et pas seulement, il reprend, mais lui et Porter vont encore plus loin. A Hecker les choeurs religieux du XV ème siècle, à Porter et Jabanasam les choeurs célestes du futur. Ce que Hecker a perdu  en audace  sur son dernier album magnifique "Love Stream" les deux autres l'ont gardé et continuent à prendre des risques inconsidérés. Ici aussi les orgues tiennent le beau rôle et font mumuse avec des drones venus de nul-part. Les titres commencent dans le calme puis  s' élèvent via des accords héroïques qui ,utilisés chez d' autres, deviendraient gerbant  (coucou le dernier M83). Pas de ça chez Jebanasam. C'est agréable à écouter comme de la muzzak mais ensuite  le bruit apparaît sous forme de grésillements puis, gonflant jusqu'à exploser ce bruit emporte tout sur son passage tel une avalanche. Les mélodies du début ne s'en remettront pas, elles ont disparues laissant place au libre à l' abstraction devenue absente chez Hecker.
Il y a quelque chose de très Sonic Youth dans cette façon de caresser dans le sens du poil pour ensuite oublier toute idée pop ou rock ( mélodiques) et  planter le fétichiste peureux en pleine merdes expérimenales. L'un sans l' autres n'a pas de sens.
Bon film scientifique. Oups, je voulais dire bonne écoute.


PS: Toute la clique Subtext offre une ressemble également et c'est à si méprendre, à notre matheux préféré TCF (retour sur lui ici). L'an dernier ce chenapan de scandinave avait sorti un ep avec pour  nom comme à l' accoutumé un code. J' ai enfin pu mettre la main (oups, ma souris) dessus . Gros trip à base d' algoritmes qui avait pour sujet ...le commerce du Thé. Et comme il n'est pas à un délire près lui et le boss graphiste du label Ekster se sont amusés avec une pochette et un packaging hallucinant. En prime du disque était vendu un sachet de thé, imaginez les petits problème rencontré par le colis avec nos chers douaniers. Donc ce cher Lars Holdus n' a toujours pas retrouvé la raison et c'est tant mieux. Si vous avez aimé Porter, que vous aimez à présent Lebanasam alors ce ep , enrichi par 5 titre venus d' ailleurs, va vous emporter à bord d'un Clipper spatial et chargé de thé vers les astres déjà cotoyé chez les deux autres.


Commentaires