Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

Spectres ou, shoegaze dark contemporain.





Les hasards du calendrier des sorties de disques peuvent se révéler absolument dégueulasse. Surtout pour certains. A Place To Bury Strangers sort son 4 ème disque, "Transfixiation". Pas mauvais mais pas génial non plus. Surcharge de bruit et mélodies mille fois connues etc etc. Malheureusement toujours ce soupçon de déjà vu. Là où le moment choisi pour un 4ème album un brin répétitif peut s' avérer donc si terrible c'est si des jeunes pousses décident au même moment de balancer à la face des vieux une leçon de fougue, de renouveau et d' inventivité. Pour APTBS ce qui ne devait s' apparenter qu' à un accueil poli et gentil par respect de leurs lointaines grandes heures va se transformer en inévitable comparaison assassine. Tout bon fan de noise-shoegaze se devaient de fermer les yeux mais cette fois c'est fini, on oublie et on passe à Spectres. Spectres ? L' antidote suprême aux déboires des Place .


Spectres offre à la planète noisy-shoegaze une bien belle surprise. "Dying". Dès le titre on comprend que l'on va pas se retrouver chez les bisounours nostalgiques des 90's tant chéries chez Pitchfork. Le shoegaze et le bruitisme retrouvent l' aspect  étrange, hérétique et puissant de leurs origines. On peut dire que Spectres aime l' expérimental, les limites du supportable mais se serait restrictif. Derrière le boucan, les drones, les aigues il y a les mélodies. Des mélodies plus si fréquentes chez leurs aîné de New York. Sur ce point, de mémoire de shoegazer, il y a bien longtemps qu'un tel niveau n' avait pas été repéré chez des suiveurs de MBV. Spectres a oublié le copiage simpliste en s' appuyant sur le mots Bloody. On plane chez eux mais alors en mode étouffant à vous faire saigner des oreilles et du nez pour cause de pression atmosphérique insupportable. Sombre aussi. Les textes parlent de mort, d' alcoolisme et de maladie évitant les clichés du style, solitude, adolescence, pluie et brouillard au son de la voix de Liz Phraser dans le cocon chauffé de votre chambre. On est pas nostalgique ici, juste objectif  devant un présent abominable. Les Spectres sont allés chercher non seulement les racines shoegaze british, le songwritting pop et l' art de faire cohabiter le bruit et les mélodies pop (Jesus & Mary Chain) , mais aussi le savoir faire des influences américaine et leur quête d' expérimentation, Dinosaur Jr et Sonic Youth comme le démontre "Family". Dans ce titre Thurston Moore semble hésiter entre indie-pop et post-punk. Mais pas seulement. Dès l' attaque du disque on pige que ces anglais appartiennent à la même époque que la scène dark ambient électro de leur pays. Leur guitare ont un étrange parfum de ressemblances avec les bidouillage électroniques d'un Powell, "Sink" et "Lump" avec leur chant incantatoire peuvent évoquer aussi bien les Liars que les récents  Paper Dollhouse, Demdike Stare ou même James Holden pour le coté trivial/ethnique. L' aspect sombre est encore plus prononcé que chez les Cocteau ou les Jésus de "Darcklands". Plus  Haxan Cloak et Vatican Shadows.



Si on doit trouver la preuve que ce disque et le groupe ont réellement quelque chose à dire contrairement à beaucoup d' autres formation c' est  vraiment sur ce gôut épicé et prononcé de l' anormalité qu'il faut s' arrêter.  Goût que depuis longtemps on ne retrouve plus chez bon nombres.Cela vient de cette volonté farouche et fcourageuse de plonger un peu plus dans la double genèse du genre sans s' attarder sur son apogée. De se souvenir que le rock-noisy et le shoegaze étaient des genres underground et méfiés plutot que ce qu'il est devenu, un style digéré, mâché et recraché de temps en temps dans les festivals d' été. D' aller au-delà des chemins foulés et des habitudes. D'un coté la culture noise et indus avec son agressivité et sa volonté du zéro compromis issue du punk, de l' autre la passion pour les refrains qui font mouche du psychédélisme, les mélodies ensorcelantes d'une dream-pop plus sage. Le tout enveloppé dans des nappes sonores brumeuses et expérimentales maîtrisées comme rarement.
Et encore un disque shoegaze merveilleux en 2015 depuis Paper Dollhouse, Pinkshinyultrablast, Kairon ! IRSE, et même le Cabtu-Ledesma.

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