Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

JEFRE CANTU-LEDESMA ou, dreaming with the noise






Il fallait au moins qu' une fois DWTN aborde le cas Cantu-Ledesma. Le contraire aurait été une totale ineptie!
Pourquoi? Juste parce qu'un mec faisant dans le noise et le drone, fan du shoegaze originel et très marqué de sa sensibilité , dépositaire de l'  héritage Spacemen 3 via son groupe Alps, pote de "Maître du boucan" Pete Swanson , collaborateur de Liz Harris(Grouper) au sein de Raum, co-fondateur du label Root Strata qui a vu passé dans ses rangs Oneohtrix Point Never , Zeliennople et Barn Owl ne pouvait pas ne pas avoir son quart d' heure de gloire dans ce blog. Blog où ces artistes sont présents à longueur d' année. Le monde est petit et tout naturellement bon nombres d' autres de mes artistes préférés coté Europe citent également ce vétéran américain.
Seulement voilà, le bonhomme avec ses multiples projets, ses disques LP et Ep quasiment introuvables, n' avait pas offert un vrai album depuis son magique "Love is a Stream" en 2010 (avant la création de DWTN). Son ep "Devotion" (2013) nous l' avait rappelé à notre bon souvenir et il fallait repartir de bon pied dans notre relation passionnelle avec du plus lourds que 4 malheureux titres.
"A year with 13 moons" arrive à point.

Ce disque au nom en référence à Fassbinder est à l' oeuvre solo de Jefre Cantu-Ledesma ce que représenta "A man with potential" pour celle de Pete Swanson. Un virage Pop! J' exagère comme toujours mais faut reconnaître que le dernier disque de ce spécialiste en drone bruitiste et rêveur est le plus facile d' accès. Il dit lui même avoir été encouragé dans cette démarche par Swanson face au complexe de l' expérimentateur désirant être plus expressif des sentiments humains mais craignant perdre de son originalité expérimentale. Comme chez Swanson ça passe par l' apparition de beats plus accentués. Si la boite à rythme tape dorénavant l'incruste entre les habituels joujou de l'homme, synthés modulaires, kilomètres de bandes magnétiques maltraitées, via des bobines ou des cassettes, un autres instrument se dévoile beaucoup plus.  La guitare devient plus reconnaissable par une utilisation plus "classique". Cette guitare est une composante primordial du virage "pop". Cet élément emprunte énormément aux amour de jeunesse de Cantu-Ledesma, le shoegaze. S' il dit avoir aimé Slowdive  son jeu très introverti et arabesque des 6 cordes évoque sans contestation possible l'indie-pop 80's de Felt, des Cocteau Twins mais aussi et surtout Durutti Column. Du Durutti Column noyé dans les delays et les grincements magnétiques, bref du Rangers de Joe Knight, donc de l'hypnagogic-pop. J' avais déjà parler du  lien via les sons et l' aspect nostalgique et sentimental reliant le shoegaze et ce genre pour le décrire au début de DWTN. Les titres majoritairement courts de "A year with 13 moons" nous offrent donc une confrontation passionnante entre plusieurs genres pas toujours facilement associables. Les explosions et les bleep magnétiques du noise et du drone  (énorme clin d' oeil aux regrettés Yellow Swans de Swanson) encadrent  des thèmes émouvants plus pénétrant sentimentalement  que corporellement. Entre abrasions sonores dignes d'une confrontation et méditation en léthargie. Mais après tout, la léthargie pour rêver, n'est-elle pas la même que celle éprouvée après un choc comme celui ressenti pendant l' écoute de drone noisy?  Si le premier titre fait huit minutes (dans la moyenne pour un artiste drone), le deuxième descend à 4 et les suivant n' excèdent pas les 3 minutes. On a l'impression face à la succession de ces titres  courts d' écouter plutot une mixtape qu'un album. L' effet est désiré et ce qui pourrait ne ressembler qu'à une suite de morceaux inachevés mis bout à bout sans logique devient une collection de cartes postales sonores avec la cohésion et le développement d'une histoire proche du roman ou du film. Ledesma parle au sujet de ce disque d' amour perdu (il vient de se séparer) et de nostalgie. Cette dernière est encore une fois un lien évident avec les Lopatin, Ferraro et Pink. On est nostalgique  mais plutot que de reprendre texto les titres de l' époque regrettée on leur fait subir moult tortures pour évoquer l' usure du temps et la déformation des faits dans nos souvenirs par notre vicieuse mémoire.
Disque essentiel pour ceux ayant  été bercé par l'indie-pop et le shoegaze  mais encore un peu hésitant à l'idée de submerger dans les longueurs du drone et la violence du noise.




PS: Du Rangers, Yellow Swans et du Durutti Column














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