Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

DJ Clent ou, last bus for the footwork's paradise. Plus: Pourquoi la France s'en fout du footwork ?

ET SURTOUT,  SA PSEUDO  AVANT-GARDE UNDERGROUND;




En matière de footwork si un album était attendu depuis longtemps c' était bien celui de DJ Clent. Et pour cause, les deux précédents date de plus de  5 ans et n'ont pas bénéficié d'une diffusion satisfaisante. Question potentiel légendaire, celui-là,  il peut aisément se poster à coté de RP Boo. Peut-être pas l'inventeur officiel comme le vieux mais toujours fringuant Boo mais l'un des "orignels" dans l' univers footwork. Dj Clent nous vient de la Ghetto-house comme pas mal des collègues chicagoans. Pilier de la scène Clent n' a qu'un seul défaut, la discrétion. Au point d' être souvent oublié, grillé par l' aimant médiatique Teklife, crew génial auquel il n' appartient pas. Récemment Machinedrum lui a piqué un sample tellement génial qu'il était l' oeuvre de DJ Rashad  d' où polémique sur les droits. Et pourtant. Ce monsieur dont vous avez sans doute jamais entendu parlé était autrefois signé sur ...DANCE MANIA !!!!
"Dance Mania quesaco?" demande le petiot fan de Daft Punk et LCD Soundsystem tout juste sorti de ses couches.
Simplement l'un des labels fondateurs du courant House, rien que ça. Et plus précisément celui qui pris le relais de Traxx et DJ International quand ces derniers voyaient leur house délicate devenir trop rébarbatives. Dance Mania c'est le berceau de la ghetto-house, plus grossière et violente que sa génitrice, la House. Beaucoup moins commerciale et connue en France malgré l' amour que lui portaient les Daft Punk. Le lien entre Marshall Jefferson et le Juke et le Footwork.


Dj Clent en était donc. Avec Rp Boo et Dj Milton. Et lui aussi a participé à l' aventure  juke et donc footwork. Avec "Last bus to Lake Park" il remet les pendules à l' heure. A l' heure de l'invasion mondiale par cette musique née à Chicago il se pose définitivement comme un Maestro es Footwork à égalité des Traxman, Boo et Rashad. Ce disque est l'un des meilleurs et plus pertinant du genre sortis en long format. 14 titres sur lesquels la patte singulière de Clent explose tout sur son passage et offre une véritable leçon. Avec le recule on s' aperçoit à quel point il a influencé tous les autres, de Spinn en passant par Young Smoke. Comme ce dernier Clent emprunte énormément au jazz et plus précisément à l' afro-futurisme via l'utilisation constante de synthés. S'il a d' abord été connu par la ghetto-house chicagoane c'était aussi un grand défenseur de la fille putassière que cette dernière  avait engendré en baisant  avec les sons électro de la  techno from Detroit, la ghettotech.
La première partie du disque voit l' omniprésence de sons et de techniques symbolique du RollandTB 303 et de ses soeurs la TR 808 et 909. Les armes ultimes de la techno et la house dans les 80's. Avec une variété épatante de gimmicks et surtout  la fluidité avec laquelle Clent les fait se rencontrer on constate petit à petit que ce disque est non seulement un super dopant pour danser mais qu'en plus l' écoute à pied reposé j' oserai dire s' avère envoûtante. Si plus tardivement dans ce disque le lien évident entre le footwork et le jazz dans l' art de l'improvisation saute comme jamais aux oreilles, la triplette "The Wicknedness"-"Hyper Feet 2"-"Sublyfe" est une merveille de footwork sur le mode acid. Peut-être l' enchaînement à passer en priorité pour charmer l' amateur européen d' électro hallucinogène et nostalgique de l' acid-house mais trop souvent réticent aux musiques saccadées donc trop marqué "ghetto" .
Plus tard les samples haletants et les phrasés cycliques rappelle le footwork des tout débuts mais avec une production plus soignée donc moins lo-fi. Ces changement avait aussi été repérés chez les voisins de Teklife mais avec une dérive plus funk et soul. Chez Clent le clinquant de certains sons analogiques électro peuvent être apparentés à ceux du maximalisme digital d'un Rustie ou du Grime actuel et de la clique Fade To Mind et Night Slugs.  L' improvisation issu du jazz  est la particularité  absolue de Clent face aux  autres. Son coté dancefloor à la fois techno et vaporeux aussi. Alors qu' un Traxman opère un travail de méticulosité et de dissction sur le moindre son tout au long d'un titre, en gardant malgré tout l' objectif de danser symbolique du  footwork, Clent préfèrent la profusion et la diversification rapide et alléatoire comme je vous l' ai dit et l' écoute au casque dans son canapé s' avère aussi passionnant que des rêveries sur fond de Jon Hopkins et d'IDM ambient. Avec Clent on plane sans agiter les pieds dans tous les sens.
RP Boo fait un passage remarqué ainsi que DJ Milton mais c' est avec Majik Mike que Clent reluque enfin  à l' instar des Teklife   le funk et la soul pour 7 minutes d'un ensorcelant, sensuel et en même temps très techno, ""Low Lyfe". Une tuerie dont on ne sais plus trop si il est fait pour danser, écouter ou baiser.

Le disque est d' abord sorti  chez le nouveau label Duck'n'covers, spécialisé dans le footwork uniquement sur vinyl. Label Suisse dois-je préciser pour faire remarquer que ce courant musicale reclus trop longtemps à Chicago continue à étendre son emprise mondial. Après les version japonaises, mexicaines, russes même le pays des exilés fiscaux s'y met. Ne parlons pas non plus de Feloneezy, Jackie Dagger et leur collectif Mystic Stylez, big boss du footwork made in ...Serbie!
Quant à la France...
A si juste une chose à dire sur la France. Avec du recule et alors que le footwork est visible comme jamais, que la mort de Dj Rashad a malheureusement braqué les projecteurs sur le courant, que son influence sur plein de courant et d' artistes reconnus s' affirme (récemment Bjork), j' ai constaté un truc qui m'a fait replonger dans mes souvenirs. Pourquoi la presse française , je sais c'est franchement une tarte à la crème, n' est pas la plus curieuse et même la spécialiste mondiale des loupés, pourquoi passe-t-elle  à coté ou ne juge pas ce style pouvant faire des émules en France? Pourquoi emploie-t-elle ce stigmatisant et parfois  péjoratifs terme de "sous-genre" sur toute chose n' ayant pas de débouchées commerciales. Il n'y pas de sous-genre en musique si on se base sur l' artistique et quant aux sous-genre en matière d' influence c'est le temps qui est seul maître. Le footwork en apportera la preuve évidente.
Je me suis alors souvenu que l' histoire c'était déjà produites. Rappelez-vous l' accueil fait à la jungle, au grime ou encore au dubstep naissant. Même retard, même dénie ou curiosité teintée d' exotisme douteux (colonialisme et mépris pour l' étranger)pendant trop longtemps pour ces genres underground provenant tous des ghetto. Point commun entre toutes ces musiques assez pertinent je trouves quand on sait les origines sociales de nos chers journalistes et du publique rock/électro frenchy.  Finalement on ne voit que leur arrivisme et leur retard traditionnel gerbant quand les débouchés commerciaux se firent plus certains. C'est parce que Goldie traînait avec Bjork que l'on a appris son existence et alors que le grime cartonnait depuis des moiset  il aura fallu la tornade dans les charts britaniques d'un Dizze Rascal dans sa version lyrics (à l' origine c'était un truc purement instru) pour que l'on nous en parle. Pour le dubstep laissez tomber Burial. C'est suite et via XX et son Jamie que la presse a finalement bien voulu se pencher dessus. Qu'en sera-t-il pour le footwork? Je n'en sais rien tellement son absence dans la presse hexagonale(papier ou net) apporte la preuve évidente que notre industrie musicale est l'une des plus frileuse, notre presse l'une des moins cultivée et curieuse du monde et par conséquent à cause de (je lui laisse le bénéfice du doute), notre public le plus étroit d' esprit.Que ce soit le mainstream comme ce qui est censé être l' underground d' avant-garde. Ce pays où on a décoré Lou Reed et Bowie de toutes les breloques à la con n'aime pas, ne comprend pas, passera toujours à coté de ce que ces deux types ont apporté au rock comme leçon. Toujours aller voir l' underground, c'est là qu'est la solution. Que Michel Drucker ou De Caunes passe à coté c'est une chose, logique, que la presse spécialisé le fasse c'est une honte.
Alors plutot que de repleurer sur notre triste sort de fan de musique dans l' hexagone, reécoutons encore une fois ce magistral "Last bus for Lake Park" et le somptueux ep "Hyper Feet" ou plongeons-nous dans cette géniale mixtape pondue par DJ Taye où est amassés le best de Teklife en 2015.



Si vous voulez une mise à niveau sur le footwork malgré tous les articles publiés dans DWTN Dj Clent s'est attaché à nous offrir un somptueux cours d' histoire avec cette mixtape. Et en deux volumes monseigneur!


PS : Seul le reggae,  le rap et le hip hop ont réussi à passer entre les mailles du filet pour le résultat que l'on sait. Mais là encore, il en aura fallu du temps et heureusement que l' aspect revendication sociale était important et assez en rapport avec l' actuallité française des 80's-90's.


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