Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

Logos et Mumdance ou : c' était mieux demain.




Extrait du dossier de presse fourni par le label Tectonic pour l' album le plus attendu par votre serviteur en ce début d' année, l'immense "Proto" de Mumdance et Logos.
Il y est dit que Mumdance et Logos voulaient retrouver "la très brève étincelle de l' innovation quand les nouvelles scènes/genre se forment et que leurs règles et leurs paradigmes sont encore zone grise/floues."
Les deux gars précisent plus tard le fond de leur pensée: s'épancher sur les grands évènement de l'underground électro anglaise, par exemple "les premiers jours du Bleep (exemple 1 et exemple 2),quand les premiers imports techno américains ont commencé à être appropriés par le Royaume Uni" ou  "la proto ère 93-94 quand la techno hardcore s'est transformée en jungle" (exemple 1 & exemple 2) et enfin  lorsque "le son sombre de la Techstep a relevé mécaniquement sa tête dystopique" (exemple ultime).
Comment voulez-vous devant de telles intentions DWTN ne craque pas? ET puis surtout, quand les intentions sont vraiment présentes sur le disque et dépassent même les espérances.
Alors que bon nombre de musiquesproduites actuellement ne nous recrachent que du réchauffé sans saveur  Logos et Mumdance avec "Proto" s'y prennent tout autrement. Ils laissent aux franchises de restaurations rapides spécialistes dans le  revival tel Disclosure le maniement de l' odieux four micro-onde temporel. L' héritage dancefloor pour stade à la Chemical Brothers et Fatby Slim  c'est pour le gentil mais chiantissime (artistiquement et digérable) Daniel Avery. Ce dernier à l'instar des deux frangins  de Disclosure ne faisant pas non plus preuve d'imagination et de prise de risque. Plutot que de nous offrir du sans-saveur Logos et Mumdance s'y prennent avec toutes les références annoncées comme avec le grime depuis leurs débuts (cf les liens plus bas). On sort le vieux machin cryogénisé de son bocal et on vous le ressert tel quel. Enfin presque, juste le temps de balancer cette carotte de Permafrost  enfermant des traces du passé à terre afin qu'elle se brise en mille morceaux. Morceaux rassemblés selon l' art et la perversion des deux génies. C'est à dire façon 21 ème siècle. Brutal, passant du coq à l' âne sans pour autant vous foutre la nausée et vous perdre, sans assaisonnement cache-misère et grand public. Parce qu' avec "Proto" ce qui n'est pas cité dans le dossier de presse c'est bien ça! La notion d' underground. Un truc nouveau, pas encore rentré dans le grand publique parce que totalement indigeste par ce dernier frileux et allergique à la nouveauté au goût trop inconnu et prononcé . Disclosure remplie les stades avec leur sucrerie pop et Avery va servir de musique publicitaire pour produit bobo et hipster faussement épicés et rebels. Pas sûr que "Proto" ne soit récupéré aussi facilement. Comme le footwork, l' hypnagogic pop ou la vaporwave sont passé symboliquement  à la trappe chez Pitchfork.



"Proto" est exactement le genre de disque que DWTN recherche. Il y a tant de chose en lui décrites, analysées, disséquées et espérées dans ce blog depuis ses débuts. Alors parce que je suis gentil et de bonne humeur je vous invite fortement à relire tout ces vieux articles publiés sur ce blog depuis ses débuts. Tous ont donc un rapport avec ce disque prodigieux qu'est "Proto". D'abord sur le génie de Logos ici. Mais aussi celui-ci (Jam City) ou celui-là concernant Rustie le précurseur du maximalisme en Angleterre et enfin le plus beau pour la fin, éloigné de la scène anglaise mais celui qui  avait tout flairé avec son Far Side Virtual. On peut pour finir parler  de cet  autre génie    ou évidemment parce que l'on est chez DWTN de l' autre musique novatrice venu de l' autre coté de l' Atlantique qui a également influencé Logos, Mumdance et leurs potes. Et puis tant qu'on y est il y a la belle Fatima qui fait parler d'elle avec son collectif Futur Brown sur Warp (disque légèrement en-dessous des oeuvres solo de la belle et ses collègues mais qui fera parler de lui parce que signé chez WARP et plus "accecible) et ARCA qui nous a refait le coup magistral de &&&&& avec sa dernière mixtape "Sheep (Hood by air FW15)".







Quand l' auteur de l'un des albums les plus futuristes de 2013 bosse avec celui de l'un des meilleurs titres de 2014 alors fatalement ça ne peut que faire mal.  Quand j'ai pris dans la gueule  le "Cold Mission" de Logos à la fin 2013  (9 ème du top DWTN 2013) avec son grime/drum&bass mutant, ses recharges de Uzi s'incrustant dans une ambient métallique et glaciale, je n'en croyais pas mes oreilles. Qu'est-ce que c'était? A quoi ça peut bien ressembler? A rien à l' évidence. De la musique pour dancefloor ou pour l' écoute chez soi? Les deux mon général! La musique de Logos casse les mises en boites trop faciles d' autrefois parce qu'elle n' appartient ni au passé et presque plus au présent. Elle pique à chacune de ces époques pour sauter les frontières  des règles et plonger dans l' étrange . Mumdance et son parfum grime plus accentué et reconnaissable avait pondu quant à lui l'un des plus grands et rafraîchissants titres de 2014 (classé 3ème ep chez DWTN). Et avec son pote Novelist , ils remettent ça en 2015 avec le Ep "1 sec".




"Proto" est à l'image de leurs sets trouvables sur le net. Pas deux ne se ressemblent. Beaucoup avec  leur pilotage automatique avec pour unique objectif la danse facile peuvent aller se recoucher. La nouvelle scène grime ou UK bass aime vous perturber sur un dancefloor quitte à rester underground et casser l' ambiance festive. Leurs manières d' attaquer leur mix par l' effroi et le complexe,  lancer ensuite le uzi à beats grime fouteuses de bordel puis sans prévenir vous couper net dans votre montée par l'intrusion du vent glacial de paysages désolés. Le grime classique parasité par une ambient givrée et des détonations assourdissantes éparpillées dans le temps façon puzzle. Et encore, ça c'est quand le grime est encore reconnaissable. Il n'y a pas que Logos et Mumdance a faire avancer le schmilblik et faire mouiller les demandeurs d'inconnu et de surprises sur dancefloor. Le délicat et émouvant Visionnist (classé lui aussi dans le top ep 2014), Slackk et Mr Mitch coté grime, et que dire de M.E.S.H., Objekt et de Powell pour leurs  idm et noise très proche. Ces mecs adorent vous tabasser pour ensuite vous passer du baume givré sur la peau.
Logos et Mumdance alterne la  sculpture de paysages sordides ("Border Drone","Bagleys","Proto") et les  grandes heures du dancefloor underground cryogènisées puis cassées et destructurées comme je vous l'ai dit ("Dance Energy- 89 mix"). "Move your body" c'est "LFO" + le "Acid Traxx" de Phuture passé à la moulinette des 10's du footwork. Et oui que croyez-vous? Eux aussi se gavent de footwork, la plus belle chose révolutionnaire de la décennie actuelle. Tiens, ça me fait penser que lui aussi semble être réservé à l'underground aux yeux de certains journalistes (surtout français).

Non seulement Logos et Mumdance nous offrent à leur tour une leçon d' histoire (ce ne sont pas les seuls) mais  surtout un cours sur à quoi ressemblait et doit ressembler l'innovation, la pureté artistique  et la prise de risque. Sans tricheries et prenant en compte une chose que le rock indie ou le garage par exemple  oublient : le curseur synonyme d' intégrité et d' originalité se déplace toujours avec le temps. Ce qui est underground, vrai et original à une époque donnée ne peut plus l' être après.  Ou alors il ne doit plus se ressembler à lui même dans sa forme et même son fond. Les Pixies en 90 c'était indie et neuf, en 2015 c'est d'une manière ou d'une autre mainstream et rébarbatif.  Écouter les Rolling Stones en 65 ou le Velvet en 67, My Bloody Valentine  vers 91 en société c'était "rebel" et original. En 2015 ce n'est juste que du simple divertissement assimilable par tous avec le logo "entendu à la télé". Oui oui même MBV ! Sinon Coldplay ne les auraient pas pillé sur certains titres.
En citant les vrais coups d' accélérateurs créatifs du passé dancefloor, , "Proto" tape du poing sur la table en expliquant que c'est  seulement, et depuis toujours, par une vision originale et totalement indépendante, donc par nature underground, que l' histoire s' écrit et progresse. No compromis. Si vous commencez à en faire c'est foutu. "Proto" se rappelle quand la musique était innovante, se l' accapare pour la modifier et la culbuter plus loin dans l'inconnu quand d' autre se contente de la garder tel quel.

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