Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant: Viet Cong ou, y'a-t-il une vie après Women


On va pas y passer une heure mais l' histoire de Viet Cong en rappellera bien sûr une autre.
Il était une fois un groupe au-dessus du lot dans le petit monde indie. Un groupe attachant et doué. Doué pour la musique comme pour les conneries. Tournée chaotique, promo ratée et presse pas toujours digne de leur talent. Le groupe avait aussi à affronter dans ses rangs bien des guerres de tranchée pas possibles entre ses membres. Particularité, le groupe contenait  une fratrie, ce qui fout toujours un peu le bordel.Faut jamais de fratrie dans un groupe, surtout si le groupe est bon: Oasis, Kinks, Breeders. Je vous passe les détails des altercations et même des bastons sur scène. Et puis, alors que le groupe commençait  à décoller la tuile arrive, un des membres meurt. Alors que faire quand cela arrive.
Joy Division s' était muté en New Order en comprenant assez vite qu'il fallait tourner la page, s' affirmé malgré l'omniprésence fantômatique du "lacheur". Les ex Women (le bassiste Matt Flegel et le batteur Mick Wallace) ont donc fait le choix de changer de nom, de collègues et de direction artistique.
Et comme leur glorieux aînés mancuniens, ça fait mouche!


J'aimai bien Women. Premier album bordélique mais parfois intéressant puis le deuxième qui  les avait placé par un grand bond sur le devant de la scène indie. A  égalité des rares formations intéressantes de la fin 00's début 10's. No Age, Japandroids, Thses New Puritans, Deerhunter et les modèles absolus, Liars.
Quand en 2012 Reimer disparaît on croit bien sûr que s'en était fini pour les types de Calgary. D' autres prirent leur place de groupe indie fortement post-punk. Et pas des moindres. Savages, Total Control, Iceage, Protomartyr. Et on concluait trop rapidement que "Public Strain" resterait à jamais comme un grand disque de sa décennie pour ses qualité sonores et de compositions mais aussi parce que il était stylistiquement porteur d'un intérêt particulier. C'était un disque annonciateur des formations qui suivraient. Cet album faisait office de lien ultime entre d' un coté toute cette vague de groupes (déjà cités) renouant avec les idéaux d'ouverture d' esprit et d' évolution du post-punk, et de l'autre, les groupes  n'en finissant de creuser le sillon de l'indie music nostalgique 60's accrocs au classicisme pop et garage. Une sorte de The Horrors en version américaine, donc moins "artificiel". Moins groupe de synthèse absolue car franchement plus expérimental et courageux. Ce disque qui vous donnait envie d' écouter encore des guitares en ces temps de rétromania larguée et resuçage sans intéret.
"Public Strain" était aussi l' archétype absolu de ces disques fourre-tout que j'ai appelé les montagnes russes de 2014. A la fois citation et pure invention. On passait d'une profonde émotivité à quelque chose de totalement impénétrable. L'abstrait et noisy alternaient avec de magnifiques mélodies à rendre jaloux les cul serrés et gnangnan  fossoyeurs des 60's. L'introspection et le coté arty à la rencontre de choses plus terre à terre et physiques. On sortait de "Public Strain" désarçonné par son coté insaisissable,  à la fois raide à l' approche et aussi vaporeux puis délicieux.

Avec leur premier  album éponyme les rescapés nous offre du Women mais en version bouillonnante, encore plus directe et bordélique. Pas de redite. La page est tournée sans que cela fasse trop artificiel. Le post-punk sert de file conducteur dans leur histoire et évolution. Oublié l' émotivité sixties ou Barrettienne de Wire et  ses chants à la limite du gouffre. Bienvenue les expérimentions sonores de This Heat et 23 Skidoo. Bienvenue le coté affirmatif et brut de décoffrage de la fin 70's. Mais attention certains détails peuvent vous faire revenir un peu plus loin dans le temps. Qui dit Post-punk dit le dieu à tous les gosses de cette époque là. Que dis-je, de toutes les époques! Bowie. Il y a sur "Viet Cong" un putain de titre s' apparentant à une peinture de toute sa carrière. Le grand "Bunker Bunster". Il débute par une certaine austérité à la "Low", la voix de Flegel scande ses phrases comme le Bowie Berlinesque  puis après un pont coupe jarret venu de nul-part ce dernier opte pour un chorus très glam. Le tout sur un fond de guitares qui s' aventurent dans tous les styles noisy des 4 dernières décenies pour ensuite voir le morceau se conclure par un son d' enregistrement défiguré.



Des bidouillages sonores "dark" débutent souvent les titres en empruntant beaucoup à l'industriel et à ses percus pour laisser place à des structure rock plus classiques. Enfin "rock classique" est franchement exagéré comme le prouve "Newspaper Spoons" et sa fin  aux synthés hallucinatoire . Comme avec Women les Viet Cong survolent bon nombres des formations indies contemporaine parce qu'une fois de plus, malgré d'immenses dispositions pour le songwritting classique, ils construisent leur titres comme d' autres s' amusent avec les textures ou avec les styles et leurs symbolisme. Ils édifient en démentelant les techniques conventionnelles. Dans un certain sens Viet Cong agit entre un Ariel Pink et un électronicien. On saute du coq à l' âne, passant  du tubesque à quelque chose de totalement impromptu. Moins osé qu'un Pink faut bien admettre mais du coup moins caricatural et plus rentre dedans et addictif. Cette façon d' offrir  un attrait pop qui touche sa cible tout en proposant son lot de surprises aventureuses inédite. "Continental Shelf" et ses couplets à la Liars noisy précédant les refrains à la Paul Banks. Ce titre est à faire écouter urgeament aux pépé d' Interpol bloqués depuis 14 ans en 2001. "Silhouettes", la chanson un rien faiblarde et attendue de l'album,  est un peu le même titre mais ses synthés peuvent interpeller ceux de Total Control.
La fin du disque rattrape largement le piétinement de "Silhouettes" avec les 11 minutes de l'immense et jouissif "Death" dont on se gardera bien d' analyser le titre au vue de l'histoire du groupe.  Le morceau est à l'image de tout ce qui lui a précédé. Une véritable montagne russe post-punk avec changement de rythme, de style et de but. Si la voix à la Paul Banks des tubes débute c' est pour mieux nous perdre dans un feu d' artifice instrumental virevoltant qui ralentie sans crier gare pour une courte accalmie avant de repartir dans un tout autre registre proche d'un Bowie jammant avec Sonic Youth.



Vous l'aurez compris, Viet Cong, sans refaire du Women, continue le chemin entamé et explore les cime autrefois espérés. Des cimes encore plus abruptes et imposants.
 LE disque "ROCK" de ce début d' année.

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