Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant: Powell, Container et TCF ou Un p'tit génie, un précurseur et un matheux rèveur chez Liberation Technologies.


Depuis quelques temps je ne cesse de vous parler du retour à la mode en électro d'une musique plus physique qu' introspective. Certains parlent de Techno Martial. Bref, quelques petits morveux s' amusent avec talent et imagination à nous perturber les sens. D'où c'est parti, et vers quelles contrées cela nous mener? On peut répondre à ces deux question en observant simplement un seul label.
Récemment je vous ai parlé du versant dansant et belliqueux. Les Perc, Untold et même Vessel. Il y a un an c' était tout autant avec  fort impact physique mais moins remuant, plus traumatisant et glacial, les Vatican Shadows, Raime, Shackleton, Haxan Cloak. Je peux bien sûr en ce qui concerne l' agression sonore citer Pete Swanson et son espèce de noise pour dancefloor.
Liberation Technologies, le label dont il va être question,  est une filiale du légendaire Mute. Créé en 2012 il reflète bien l' évolution décrite, de choses plus spirituelles et contemplatives vers l' attaque corporelle et sensitive qui l' a emporté cette année. Première sortie du label en 2012, le side project de Laurel Halo sous le pseudo King Félix. La belle sur 4 titres nous offrait une relecture techno et ambient de vieille lubbies. Detroit, les rave brit 90's, le hip hop et notre cher Footwork. C'était planant, à la fois facile et mystérieux. Lui succéda la reformation d' anciens routard de la cause House un brin techno, donc un poil plus agressive, Regis et Surgeon avec leur BMB (British Murder Boys). Puis ce fut Bandshell et son "Caustic view" de prendre le relais et la légère courbe apparaissant pris la forme d'un brutal 90° .  Malgré le trompeur "Perc" et son aspect léger les trois autres titres pouvaient réellement porter l' étiquette de Dark ou indus techno. Un vrai travail de démontage et de reconstruction accidentelle de la techno. Halo y allait avec délicatesse, lui c' était, nous avait-il semblé alors, au burin et à la ponceuse. Mais ça c' était avant les sorties de trois des meilleurs ep de  2014 et 2013. Tout label confondus. Trois fortes personnalités sur lesquels on peut miser pour l' avenir et Libération Technologies de dépasser le statut de simple filiale anecdotique.

LE P'TIT GÉNIE:


Oscar Powell. Londonniens. A peine 30 ans. Génie Post-punk électro.
Une fois que l'on dit ça, y'a plus rien à rajouter. En à peine 5 ep, des mix disséminés un peu partout et deux Boiler Room fantastiques  ce type est devenu le héros de la scène techno et des dancefloors londoniens. Unanimité critique autour de lui de la part de toutes les têtes chercheuses de ce petit monde. Oublié Factory Floor et tant d' autres adorés ici même.
Créateur du label Diagonal avec son ami Jaime Williams le garçon est en progression systématique à chacune de ses sorties discographiques. Souvent cité dans ce blog  au sujet ses compagnons de la nouvelle électro aux effets physiques dévastateurs, l' occasion est enfin venue de vous parler de sa musique si captivante à l' occasion de  la sortie d'une essentielle compilation regroupant ses 5 ep sortis sur différents labels. Elle s' appelle "Powell 11-14" et si vous avez jamais entendu parlé de Powell vous allez la chérir un bon moment.
Vraiment bonne idée que de rassembler ses travaux pour son label, The Death Label (potes de Modern Love), Diagonal  et Liberation Technologie . Ils ne ressemblent à pas grand chose. Une sorte d' animal fruit d' expérimentation génétique qui n'en fait qu'à sa tête. Et bordel que sa tête et celle de son créateur sont bien remplies par dessus le marché.
Si on cherche bien on trouve quelque références audibles. La motorick de Suicide semble la plus facilement détectable (Fizz) ainsi que bon nombre de sonorités et de semblants de rythmiques déjà croisés. Mais on peut pas vraiment trouver une référence absolue si ce n'est conceptuelle. Tout le monde s' accorde à dire que ce type s' appuie sur trente années d' électro en tout genre pour les confronter à la sauce post-punk, et même, pour son originalité et son irrespect des règles tacite du genre, à de la No-wave new yorkaise.  Avec les moyens technologiques récents Powell retrouve l' énergie et la sauvagerie de ces deux courants pré-séquençage. Je le répète, pas au niveau des sonorités mais plutot dans l' état d'esprit, Powell peut s' apparenter à tous les fêlés du style Suicide donc mais aussi Yke Yard et Mars pour la No Wave, 23 Skidoo et DAF pour le post-punk et l' ebm. On peut rajouter en ce qui concerne la sauvagerie l' aspect primitif et instinctif en provenance de vieilles manières ancestrales. Un dosage parfait entre sens de l' improvisation et un contrôle absolu de ce qui va arriver.

Sa musique n'est surtout pas le fruit d'un vol temporelle  de chef d'oeuvre effectué par un idiot ignare. Powell est un fin connaisseur de la musique, fan du label Pan et pote de Raime. Il est capable de faire les liens entre certains styles en découvrant les tunnels les reliant à travers les âges. On parlait de l' ebm des DAF et du rythme motorick de Suicide et Powell avoue avoir grandi avec le grime. Dans certains de ses titres il les malaxe à sa sauce et atteint ainsi des territoires inexploités. Sur les trois tires de son ep "Body music" on ne sait plus si nous écoutons du noise, de la jungle ou de l' ebm. Sur les autres il tisse un lien invisible à l'oeil nu entre la no-wave et certaines choses électro des 90's via un minimalism glacial ou des percussions industriels.  Les son sont métalliques au possible, brossés et poncés pour que la limaille de fer vous déchire les tympans.  Avec son intégrité doublée d'une intelligence  rarement vue il nous offre une musique vraiment originale, puissante et expérimentale.
Coté dancefloor le bonhomme reste le même, son intégrité de producteur le fait devenir  un dj provocant, ses sets sont déstabilisant mais à la fin ils ont tout emporté  sur leur passage. Ce type est capable de vous faire hurler au ralenti le célèbre refrain du tube eurodance de 2 Unlimited "No limit" sans que vous n'y preniez garde (pour ceux qui ont échapper à 2 Limited voici un petit rappel ici). De vous glacer le sang pour ensuite vous faire fondre tel le magma d'un volcan en Islande saignant à vif un glacier. Ses deux boiler room sont déjà devenues légendaires et donc obli-ga-toi-re !!!
Ce type est à suivre de très, très, près !





LE PRÉCURSEUR

Si Powell est le génie malin et étrange passé chez Liberation Technologies il nous faut le Ramones de toute cette techno indus  hyper physique et agressive. Le type qui peut être considéré comme l'un de ceux ayant remis le feu au poudre de la fusée Techno Indus.  Les rares fans de Pete Swanson vont adorer ! Ceux de ses successeurs, Perc, Powell, Untold,Vessel et tant d'autres aussi logiquement!


Container c'est déjà deux albums au compteurs et surtout un ep récent absolument jubilatoire et ...assourdissant!
Ren Shofield est américain et nous vient de Nashville. Je ne sais pas si il porte des bottes mais on est très loin de la country vous vous en doutez bien. Plutot dans le brutal que le pépère nostalgique larmoyant. Le monsieur préfère le coup de poing direct aux caresses introspectives. Dès le premier disque il fait dans la pulvérisation linéaire  en lieu et place d' un énième amoncellement progressif. Tout repose sur les rythmiques avec si possible la touche noisy cradingue qui fait mouche. Et même parfois, une association jubilatoire de martial, de noise et d' acid touch. Il explique avoir enregistrer volontairement cette techno en son mono pour pouvoir percer votre crane jusqu'à à atteindre le centre de votre cerveau. On peut pas être plus clair dans ses intentions.
Avec son dernier ep, "Adhésif" il reprend ses manière motorick/kraut des deux premier albums comme son compère de label Powell. De plus ce dernier semble même avoir une certaine influence sur son aîné américain au niveau de la production.



Au début vous dansez comme un vieux modèle de robot version Kraftwerk et au bout de trois minutes un sifflement puis un grincement métallique s'empare de tout votre corps.
C'est juste votre tronc qui décolle et vous voilà à filer à la vitesse de la lumière parmi les étoiles et les galaxie jusqu'aux tréfonds de l'univers. Un trou noir?

Et que dire de sa Boiler Room 




                                                                     LE MATHEUX


 Les nombreuses attaques de notre système auditif viennent-t-ils tous de dancefloor plantés dans des usines sidérurgiques abandonnées? Pas sûr. A l'image de  Swanson avec ses légendaires Yellow Swans, c' est peut être parti sur le mode ambient avec la case bouge ton cul et devient sourd. Depuis des années, sans remuer de la gambette systématiquement d' ailleurs, nous sommes nombreux à nous infliger de l' ambient noisy, du drone, Tim Hecker, Ben Frost, Roly Porter voir même, Fuck Buttons pour les résidus shoegaze électro. Et que dire des chocs digitaux et hyper modernistes made in Maximalism des Rustie, Gurl Unit, Zombie, de la grime futuriste version Logos , de la vaporwave de Fatima Al Qadiri, des labels Night Slugs (Jam City) et Fade To Mind (Nguzunguzu) et enfin du son clair mais perçant d' Arca récemment.
Et bien imaginez mes enfants qu'un  fan de math de Norvège va vous faire aimer cette matière pourtant synonyme de prise de tête et d'ennui de collégien.
Ce scandinave a commencé à faire parler de lui avec son projet intitulé Cracksmurf, sorte de mash up digital hyper futuriste et  passion d' Arca. Truc très proche du maximalism, la vaporwave, le dancefloor et rempli d'un culte surréaliste pour le grand schtoumpf.  Pas étonnant non plus que bon nombre le compare à M.E.S.H (le producteur génial pas le groupe synthpop). Travaillant avec les logiciels les plus récents TCF prouve à son tour que la technologie n'est pas tueuse systématique d' émotion. Même si sa musique s' apparente elle aussi à une lessiveuse de l' esprit, si elle est expérimental, répétitive et ambiant par instant elle s' approche aussi de l' aspect pop de certains Fuck Buttons pour les ruptures et les élévations qu'elle contient. Il réussit aussi à produire un lien bizarre entre Emeralds et Roly Porter. Ce type nous raconte que sa musique est faite d' algorythme, un "flux crypté de données". Du coup parfois on peut se retrouver face à la conceptualisation instrumentale d' Oneohtrix Point Never mais en même temps  on tombe aussi dans une certaine sensibilité accompagnée d'une sacrée imagination bien humaine. Sensibilité très Morricone comme nous le démontre son immense mixtape "YYAA002" de Février.

Sa mixtape  étant peut-être la plus belle de 2014, voici un trop court extrait






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