Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

48° 56' 88'' N , 1° 92' 57'' O.Quatrième épisode : Et Dieu nous parla.


Petite perle en provenance de l' INA sur l' édition 99. Et oui jeune gens, la scène était plus petite, il y a bien eu de l' herbe sur le site et l' horrible Bx de chez Citroen a bel et bien existé. Ce n' était pas des légendes. L'arrivée de musiques électroniques à Saint Père que le reportage traite avait déjà été abordé dans les épisode 2 & 3.



Quel est mon meilleur moment de l' édition 99 ? Ce n' est pas un concert. Ce n' est pas non plus une quelconque aventure sexuelle avec une chêvre ou une expérimentation stupéfiante qu'un festival de rock  peut amener à vivre. C' est une rencontre. Une simple rencontre d' une petite demie heure  avec peut-être la personne la plus fautive de mes séjours annuels à la Route du Rock.Une rencontre qui me renforça dans ma vision de la vie et plus particulièrement celle de la musique. Une de ces râres rencontres qui vous marquent à vie.

Les douves du fort, 11 heure du matin, le 15 Aout 1999.
Le grand ami basque (cf épisode 3) s' approche de moi et de mon pote Seb . On a tous les deux la tête dans le cul et on s' attend pas à ce qu'il va nous tomber dessus.  Il se plante donc devant les deux petits branleurs et adopte sa gestuelle typique qui n' appartient qu'à lui seul.
 Il se frotte ses mains  pour ensuite les faire claquer fortement  fier de son effet et nous annonce texto sans aucune préparation psychologique que ce type  déclaration aurait du  nécéssiter après une dure nuit d' excés ceci :

"Ce soir avant l' ouverture des portes on a rendez-vous avec Lenoir pour une interview".

BOUM !!! dans nos petites têtes. Un bob tombe d' une tête à gauche, un cri incompréhensible s' échappe à droite. S' ensuivit  des gesticulations, des enlaçades et encore des cris incompréhensibles.
Comment ça ?! "Nous petits vermiceaux du Limousin nous allions converser avec Dieu Le Père ?"
Ben ouais. Depuis on est redevable à vie de l' ami Basque.
La rencontre fut un rêve éveillée et une grande leçon de vie. C' était un professeur combattant en face d' élèves studieux.  Nous reçumes les dix commendements de Bernard Lenoir et on n'aura de cesse la volonté de professer à notre tour la bonne parole.

 La nouveauté pour le fort cette année-là est la présence d'une deuxieme scène sous l' immense chapiteau au fond du site. Petite scène malheureusement trop petite et inaccessible pour la majorité. C' est l'une des incongruité de l' histoire du festival qui l'inaugura et le peu que j' en ai vu c'était plutot pas mal. Michel Houellebecq à la RDR, ou comment un écrivain pas encore très réputé se tranforme en une étonnante rockstar poursuivi par des non moins surprennantes groupies. Et je crains malheureusement pour ces dernières qu'il n'en ait profité le salop! C' est Etienne Charry qui lui succèdera et c' était pas mal non plus. A noter la très grosse présence en 99 des effectifs du label de Bertrand Burgalat , Tricatel.






 Premier concert sur la grande scène et première claque de l' édition 99. De droles d' individus venant de Liverpool m' électrise avec leur rock tendu et leurs blouses hospitalières. Un signe du destin pour mon avenir professionnel ? Certainement puisque dès que j' ai reçu mes première tenues de travail des années plus tard j' ai pas pu m' empécher de jouer à la rockstar devant ma glace sur fond de Clinic.  Clinic ?  L' une des révélations 99.
 Le deuxième concert ? Deuxième  très très très grosse claque. Les gentils et "sâges" écossais qui vous font coucou ci-dessous. Arab Strap !


On les connaissait déjà et beaucoup s' inquiétait de la difficulté de transposer leur chanson arrache-coeur sur la grande scène d'un festival d' été. Oui mais voilà. La Route du rock et son public ne sont pas comme les autres et c'est là "LA"  particularité du truc. Ce qui le ferait pas ailleurs le fait souvent à Saint Père. Il faisait beau et encore bien jour mais la noirceur d' Arab Strap  trouva parfaitement sa place dans le fort. Il faut aussi préciser que c' est depuis la prestation d' Aidan Moffat que le record jamais battu de bière ingurgitée sur scène a été établi.
Je ne me souviens pas bien des suivants, Red Snapper, si ce n'est que leur concert ne m' emballa pas vraiment. Peut-être que la corde Trip Hop avait été trop tirée depuis quelques années. Le genre arrivait  à épuisement   avec une certaine lassitude de ma part et ce malgré leurs belles orchestrations jazzys.
Quatrième concert? Autre claque énorme de 99. Dj Shadows.
J' étais fan du bonhomme et je me souviens m' être bien disputé avec les nostalgiques(réac?) du rock à guitares qui pensait qu'un simple dj derrière ses platines n' avait pas sa place dans un festival d' été. Que ce n' était pas un "vrai concert".  Comme pour Arab Strap le roi du sampling batta en brèche les idées reçues de certains.
Si Gus Gus avait dynamité l' édition de 97 ce ne fut pas le cas pour 99. C' est bien simple, je ne me rappelais même pas les avoir revu. Par contre je me souviens bien des Freestylers et de leur breakbeat entêtant. Bon souvenir pour ces représentant d'un genre adoré à l' époque.

Deuxième jour:
L'un des fait marquant à la RDR 99 ça a été aussi et inévitablement l' arrivée de la pluie. Absente jusqu'à présent. Si elle a su se montrer timide en épargnant les concerts  il est obligé de constater que depuis elle se montre un peu trop la poufiasse. Peut-être qu'elle aussi aime la musique pas comme les autres.
Fin de l' hommage  météo à Alain Gilolot-Pétré disparu cette année-là.

Sporto Kantes à la RDR 99? Sans intéret comme sur leurs disques.
Muse sera la découverte des organisateurs. Premier concert en France alors que leur premier album n' est pas encore sorti.  Et bien je suis forcé d' avouer que j' ai aimé leur premier concert au fort. Malgré les rellants de Jeff Buckley et le pompiérisme qui commençait à apparaitre. Ils en faisaient déjà des tonnes et il était facile d' imaginer un avenir radieux pour eux et bien déprimant pour nous. Leurs défauts d' alors étaient selon moi juste le fruit d' un trop lein d' engouement juvénile et j' avais encore en tête la leçon des débuts de Radiohead ("Creep").  Si Radiohead a fini par ne plus être un simple groupe de stade en adoptant une vision plus large Muse s' est contenté de réciter toujours la même recette depuis.

Le deuxième concert est d' après moi celui de l' une des plus belles entrées sur scène de l' histoire Malouïne et demeure donc l' un de mes meilleurs moments.

Anno Domini #2 by Regular Fries on Grooveshark


 Alors bien sûr il faut d' abord préciser quelques petits trucs. Primo je me suis éveillé à la musique pendant Madchester. Deuxio : j' adore les branleurs surtout s'ils sont british. Tercio : dès que le mot baggy apparait j'avoue n'être pas toujours très  objectif. Que voulez -vous, on porte toujours dans son coeur la musique de ses 18 ans.
Quand la bande de branleurs des Regular Fries(quel nom!) déboula sur la scène ce fut un joyeux bordel et je regretta un peu moins de n' avoir jamais vu les Happy Mondays & les Stone Roses en live. Tout était parfait. De vrai cinglé comme je les aime. Ce n' était pas un simple groupe de rock qui déboulait mais un véritable gang de voyou.  Ils avaient tout compris à l' art de se mettre le public breton dans la poche. Il suffisait juste de lui lancer des canettes de bière pleines. Enfin fallait-il juste les récupérer avec les mains et non avec le cuir chevelu.

Suivra dans la nuit l'une de ces prestations dont même de nos jours je ne sait trop quoi en penser. Archive était attendu comme les messies et malgré de très grands moments de pure plaisir le concert ressembla un peu à leur deuxième album  et surtout à la suite de leur carrière. Les fautes de gouts cassèrent parfois l' élan que le premier album avait occasionné et on alterna entre le sublime et le mauvais. Le groupe ne deviendra vraiment populaire en France que bien après et certains habitués prirent leur évolution comme un coup de couteau dans le dos de l' indie musique. En gros comment passer du Fort Saint Pierre à Luc Besson.

La vraie-fausse déception d' Archive fut très vite oubliée grace au groupe qui les avait précédé. Les éternels Tindersticks. C' était ma première fois avec eux et malgré déjà un amour intense  je ne pensais pas que l'émotion ressentie cette fois-là allait se reéditer comme à chaque fois depuis. Pareil que pour Arab Strap. Horaire trop précoce pour ce style de musique mélancolique et pourtant ça la fait à 100%.

Un autre par contre était programmé à la bonne heure pour la déprime alcoolisée. Juste après trop de pintes éclusées jusqu'à plus soif   pour pouvoir se planter le nez au ciel, se moucher dans les étoiles et pisser comme on pleure sur les femmes infidèles. Oula!  On se calme et je tiens à vous rassurer tout de suite. Jacques Brel n' est jamais venu jouer au fort Saint Père  étant indisponible pour d' obscures raisons  mais il y avait bel et bien un peu de lui avec Arno ce soir-là. Parfois agaçant, parfois déchirant . Gros frisson quand il fit taire une dizaines de milliers d' autres types eux aussi bourrés avec ce tire-larme.


On clotura avec la jungle de Roni Size et je me souviens avoir été un peu dessus. La fatigue sans doute.

Pour le dernier jour j' ai déjà parlé du moment fort, la rencontre avec Dieu. Restent les concerts du jour. Experimental pop group, oublié! Erik Arnaud, oublié! Deus, oublié!
Bon je pousse un peu pour les belges mais j' ai toujours pensé que la côte de popularité qu'ils bénificiaient ne France tenait plus de leur patrie d'origine très proche de la notre que du niveau de leurs chansons. Leur deux premiers albums sont pas mal mais franchement ils ne méritent pas les éloges que j' entends depuis plus de dix ans. Et je crois bien que leur concert de 99 m' avait conforté dans mon jugement.

Vint enfin la tête d' affiche de la RDR 99 . j' ai beaucoup parlé de ce groupe quand je dréssais le contexte musicale des éditions précedentes. Blur est l' un des symboles des 90's agonisantes. Blur avait en partie créer le machin Britpop et venait de l' enterrer  avec coup sur coup leur album éponyme et "13". J' avais laissé un peu tomber l' affaire et je n'espérais plus un nouveau chef d'oeuvre de leur part. "Think thank" arrivera que deux ans plus tard pour me contredire. Mon rapport haine-passion avec le personnage de Damon Albarn culmina pendant cette petit heure en 99. Ce merdeux alterna les bons cotés comme les mauvais de sa carrière . Les moments d'autocaricature britpop et starsystem succédaient à ceux de prise de risque commerciale et d' honneteté que l'indie musique doit être porteuse. Un coup je te la joue Ray Davies pour midinette un autre je me souviens être fan des slackers de Pavement. Ce mec est et restera  l' un de mes personnages préférés dans l' histoire indie parce que l' un des plus complexes et plus passionnant à suivre. Des années après il persiste le petit merdeux qui m' a piqué Justin Frichman. Bon okay. Je reconnais que je fantasme sur la Justine  mais quand je revois le live de la reformation intéréssée & nostalgique teintée d' anglocentrisme  de Blur en 2010 la schizophrénie de 99 me reprend. Il s' agit bel et bien du même type qui nous fait découvrir de la bonne musique africaine ultra confidentielle via son propre label et qui est capable les mélanges les plus improbables avec ses multiples collaborations (Gorillaz).

 Leur succédera la dernière claque de 99 et si le bon Damon est fan de worldmusic je fais mon pari que ce soir-là lui aussi craqua un petit peu pour Nitin Sawhney. 



Redevenons un peu plus sérieux et adoptons une vue d' ensemble sur tout ce bordel qu' est l' histoire musicale.
Je parle beaucoup du revivalisme qui règne depuis les  2000's dans ce blog. La nostalgie ou une vision post-moderne a toujours existé. C' est pas un vieux fan de Roxy Music première periode(comprenez celle de Eno)   qui peut mentir en prétendant le contraire mais je crois bien que l'un des plus dignes représentants et précurseurs du revivalisme dominant fit son apparition à l' occasion de la route du rock 99. Si vous vous étiez pointé cette été là et que vous m'auriez parlé de cette histoire de revivalisme triomphant dans la musique j'aurai rigolé bêtement. Je vous aurais dit que ce n'était pas possible et qu'il se trouve toujours des artistes pour faire aller la musique de l' avant et qu' ils auraient inévitablement un peu du devant de la scène.  Quand on a vu les Rythmes Digitales au fort Saint Père on a apprécié mais sans plus. Certes les synthés et l 'imagerie 80's ramenait une touche rafraîchissante mais c' était juste un truc cocasse et amusant. Pas un truc révolutionnaire. Pas une grosse claque. On se demandait déjà pourquoi était-il autant obnubilé par le passé et beaucoup moins par le futur. Si Jacques Lu Cont faisait preuve d' originalité à l' époque et que sa démarche se rapprochait d' un concept  intéressant proche du rétro-futurisme il est à présent évident que cela n' avait son charme qu'un temps et que ses suiveurs allaient en abusaient jusqu' à l' écoeurement. Monopolisant ainsi la place disponible pour des truc plus novateurs. L' effet de surprise passé  il nous sembla qu' à la longue le set se montra bien vite répétitifs et surtout que si  le concept d' origine en faisait preuve le fond et la forme était totalement dénué d' originalité au final . Sa relecture d'un passé manquait parfois du recule nécessaire à la différenciation entre réappropriation  créative et simple recopiage. Transposer une époque à une autre est souvent une erreur parce qu' aucune ne se ressemble vraiment et celà sonne faux au bout du compte. De plus la force et la puissance qu'un mouvement ou un genre est porteur au début perd toujours de son impacte avec les années et les relectures.
Si on m' avait dit à la fin de cette Route Du Rock 99 que son concert prédisait la décennie  musicale suivante je pense que je me serai éffondré de désespoir.





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