Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

48° 56' 88'' N , 1° 92' 57'' O. Troisième épisode.1998,des étoiles plein les yeux.








Le tournant pris en 1997 se confirma l' année suivante. Plus de musique électronique, moins d' indie à guitare. La programmation des débuts continue d' évoluer et les portes du fort s' ouvrent dorénavant à un  public plus divers. Si 1998 restera dans nos souvenirs l' édition de deux majestueuses étoiles noires il faut aussi noter qu' elle fut également celle de l' apogée du Tirp Hop en terre bretonne.

Ça commence mal pourtant, on apprend juste avant le festival qu' ils ont trouvé des explosifs datant de la seconde guerre mondiale. Le site est déplacé dans les champs avoisinant pour cause de déminage. Cela renforcera notre attachement au vieux fort. On sera nombreux comme jamais on ne l' a été. 22 000 spectateurs. Ils sont déjà loin les 4200 spectateurs et les malheureux 3 chiottes de 95.
Le festival commence à se faire une réputation et le public  se diversifie et c' est tant mieux. Je commence à voir des trucs bizarres pour la RDR. Des filles se maquillent dans les chiottes, ça parle chiffon et bronzage ou encore certains rouspètent  à présent sur l' état des sanitaires. Le festivalier insouciant et désinvolte des débuts est devenu un consommateur comme ailleur. Faut bien reconnaitre que les infrastructures concernant l' hygiène étaient plutot rudimentaires  mais pendant les premières éditions on s'en foutait pas mal et ça rajoutait une touche d' aventure et de cocasse aux  expéditions annuelles. L' ambiance sur le site s' en trouve elle aussi transformée  et la sage réunion de "puristes" attentifs à la moindre note devient plus festive et décousue .  Le geek fan de musique indie n' est plus seul, de joyeux fêtard se mèlent à eux.

C'est que depuis quelques temps d 'autres s' y sont aussi  mis à cette musique "pas comme les autres". Le public s 'est vraiment éllargit apportant parfois son lot d' incompréhension. Des phrases inimaginables auparavant sont entendues. "C'est France Inter la radio des vieux  qui les sponsorise? C' est bizarre!" ou "C'est qui Bernard Lanoire?" ou encore "Dommage qu'ils ont pas fait venir Offspring ou Green Day". Gloups!

 Le succés populaire de groupes indies (Oasis, Blur, Pulp, Placebo, Radiohead) y est pour quelque chose. L' underground est devenu overground . C' est nouveau et si ça commence à se voir à la route du rock ça l'est aussi dans les médias le reste de l' année. Les Inrocks sont passés hebdos et se vendent de plus en plus. Il faut lire les Inrocks  pour être dorénavant cool alors qu' avant vous passiez pour élitiste , "intello" ou tout simplement un pauvre nase ennuyeux. On peut voir chez le buraliste le même type achetant simultanément L' Equipe et les Inrocks.  Être fan de musique redevient hip et cool en société. Certains de nos artistes préférés  passent même à la télé sur  Canal + et  l' incongrue utilisation de nos morceaux préférés dans les publicités devient fréquente.
La Route du Rock se voit dorénavant diffusée via des redif de concerts sur Paris Première ce qui nous  permet de tenir pendant les hivers rugueux.

Alors bien sûr ces bouleversements changèrent un petit peu la donne. Ce qui avait été underground en devenant overground avait un peu perdu   certaines de ses caractéristiques d' origine. L' intégrité des débuts  se dilua un peu ,  l' expérimentation et l' innovation allaient perdre de leur importance en terme de critères dans les jugements et le simple besoin de se  divertir prendre un plus d' ampleur. Devenions nous moins difficiles et plus naïfs ? Plus attirés par le passé et le rassurant, moins par des territoires inconnus et l' aventure ? Certainement et  de plus en plus.
Mais en 1998 on ne s' en rendait pas encore bien compte trop heureux  que nous étions enfin de partager nos musiques préférées avec un plus grand nombre.



Pluie d' étoiles sur la Route du Rock.

Je suis devant la régie pour échapper à un pogo impromptu dans les premiers rangs. Il fait bon. Ni trop frais , ni trop chaud. La pluie à la Route du Rock ce sera toujours pas pour cette année-là. Je regarde le ciel étoilé de cette belle soirée d' août 98 et je me sens vivant comme jamais. La magie m' envelope. Elle est bien réelle . Elle est partout présente autour de nous . Il y a d' abord cette jeune fille du Dorset avec sa formidable musique noire et puis enfin  cette non moins féerique pluie d' étoiles filante que l' on aperçoit au-dessus d' elle.
 C' est une de ces astres célestes qui après un long périple dans le cosmos  a daigné  s'arrêter  sur la scène pour nous tous  ce soir là . Cette étoile  sera tout sauf filante, elle nous accompagne et nous guide encore de nos jours. Magnifique Polly Jean.



Un auvergnat du nom de Jean Louis est aussi présent ce soir là devant  le live de PJ Harvey. Lui aussi sera touché par ce spectacle. Il en fera  une chanson.

                                          
Polly Jean par lolita-empire


Je ne sais pas pour les autres mais je me souviens toujours particulièrement  bien du premier concert de chaque édition. Peut-être à cause de la frustration et l' impatience accumulées depuis la fois précédente. Aussi parce que le public est encore peu nombreux pour les premiers groupes donc il est ainsi plus aisé d' être dans les premiers rangs. Au début le site faisait le plein dès la première note entendue. Depuis 1998 le flux d' entrée s' étend jusqu' à plus tard dans la soirée. Jamais auparavant on osait louper les premières prestations parfois synonyme de révélation.
 Cette année-là ce sont les revivalistes de Gomez qui entame le festival. Je me souviens comment ils étaient présentés par la presse de l' époque qui s' inquiétait alors du fait que ces mecs faisaient de la musique du passé comme si le punk n' était jamais arrivé. Curieux comment les objections des critiques pour Gomez ne seront pas reproduites pour certains revivalistes des 2000's ? La crise du disque avec l' arrivée du piratage sans doute ?  Fallait bien vendre du disque pour que tout ce beau monde survive. Le compteur avec Gomez était resté bloqué à 1975. Mon intérêt pour eux a fait pareil,  mais  à  Août 1998.


Suivra sur la scène de ce premier jour et  sans laisser beaucoup de traces dans mon esprit Sunhouse et son affreux guitariste échappé d'un groupe de hard rock; les gentillets  Catchers avec qui on tentera de converser au camping  l' année suivante malgré une  gente féminine  un peu trop omniprésente et un tout petit Tulliste pas vraiment doué pour les langues étrangères.

Jay Jay Johanson  rattrapera tout ça.
 Il faut faire preuve d'une sacrée mémoire et cela peut surprendre les plus jeunes mais ce mec à l' époque était doté d' une sacré cote de popularité auprès des fans d' indie musique en France . Sa notoriété et l' engouement que le crooner suédois  suscitait était l' égale  de Metronomy  ou des Fleet Foxes de nos jours. Il venait de sortir son deuxième album et on commençait à peine à distinguer l' impasse musicale dans laquelle il allait s' enfermer plus tard. Malgré bon nombres de changements stylistiques osés, musicaux comme capillaires, il ne retrouvera jamais l' état de grâce de 96-98 qui fut le sien.
La suite de la soirée  fut tout autant passionnante et excitante  avec ce que je considère comme l' une des rares rockstars charismatiques françaises. Rachid Taha ! Malgré chez lui un degré d' alcool dans le sang très élevée (selon la rumeur) son concert reste et restera pour moi l' un des meilleurs de l' époque à la RDR.
 Transglobal Underground n' aura plus qu' à nous finir malgré la vampirisation  de leur prestation par Natacha Atlas en passe de conquérir le grand public avec une reprise dégoulinante du "Mon ami la rose" de Françoise Hardy. On  avait découvert  et tant aimé la dame grâce à Yves Tibord chez Lenoir mais depuis il faut bien avouer qu' elle nous a quelque peu agacé.


Le lendemain on regarda et on oublia très vite la prestation de Six By Seven ( un peu bourrés à l' instar de Taha). Si je me souviens bien ils remplaçaient Cornershop. Ensuite on se réinjecta une nouvelle dose de trip hop avec The Aloof après celle fournie la veille par Johanson . L' année 98 à la Route du Rock a été celle   du  Trip Hop. Viendra ensuite le tour de  la belle Heather Nova. Pour cette dernière et bien  des années plus tard je me demande encore si son unique attrait n' était pas sa plastique impeccable. Ses mélodies malgré un habillage indie faisaientt parfois franchement preuve de facilité et de mièvrerie.
Sinon y avait aussi le petit frangin de Tom Yorke avec son Unbelievable Truth. Anecdotique car beaucoup trop de ressemblance avec son aîné et concert franchement ennuyeux.

Survint alors le deuxième gros truc de l' édition 98. Il était attendu mais malgré tout ce fut une claque énorme. Portishead live. Quoi dire de plus sur ce groupe qui n' a déjà été dit ? Rien à part le fait que Beth Gibbons est l' une des artistes les plus fragiles et troublantes qu'il m' a été donné de voir et ce malgré l' éloignement occasionné par une grande scène. Que le groupe était une monstrueuse machine à frisson  capable de faire rentrer une foule entière dans un état de transe hypnotique. Que le buccolisme et l' aspect festif palpable dans tout bon festival d' été en plein air laissa en quelques seconde place à une émotion collective inimaginable et cent fois plus marquante au plus profond de chacun de nous.
Je garde comme souvenir l' état du public juste après le concert. Un spectacle rarement vu à la route du rock. La grande migration vers le bar et le fond du site n' eut pas lieu. Les gens sont restés en grande partie sur place comme si il leur fallait un long instant pour se remettre de ce qu'ils avaient vécu ensemble. Ils se regardaient les uns et les autres dans les yeux pour vérifier que l' autre avait bien vécu le même moment. La même émotion. Que tout celà avait été bien réel.  Qu'il ne s' agissait pas d'une hallucination ou d'une euphorie artificielle. Quel grand moment qu'observer  cette masse de zombies déambulants ou pétrifiés sur place dans ce pré breton vers minuit un soir de l' été 98. Rien à voir avec la fausse illusion collective  du 12 Juillet précédent.
Yan Tiersen clôtura la journée en réussissant l' exploit de garder ce public encore en état de choc après Portishead avec une très belle prestation. Peut-être sa meilleur que j'ai vu .


Le dimanche sera l'une des meilleurs journée de clôture de l' histoire du festival. Bien sûr que la Reine Polly y est pour beaucoup mais  bon nombres des autres artistes de ce jour là furent à la hauteur.
Mis à part la belle PJ  ce sera une dimanche  très très ...Hum ! Stupéfiant? Psychédélique? Enfumé?

 Peut-être que la soirée a été à l' image du parcourt de l'  expérimentateur lambda des substances illicites.
  D' abord on commence par la fumette avec les géniaux Olivia Tremor Control. Leur set fut fabuleux comme l' étaient leurs disques. On ne parlait pas trop encore de néo-psychédélisme à l' époque mais je ne peux m' empêcher de vous relater le rapprochement que je fais souvent avec une autre formation adulée de nos jours. Quand j' écoute Animal Collective je me dis toujours que la bande de Will Cullen Hart leur avait bien préparé le terrain en remettant un certain psychédélisme et les harmonies vocales au goût du jour.


Ils furent suivi par un groupe inconnu qui ne laissa pas une grande trace si ce n' est la présence  de sa chanteuse . On considéra à l' époque The Audience comme les successeurs en dessous des groupes indies à chanteuses 90's, Salad, Echobelly, Sleeper ou  Lush. On  recroisera la petite Sophie Ellis-Bextor quelques année plus tard avec le hit planétaire moins fréquentable ," Murder on the dancefloor" .
 Perry Blake quant à lui ne sorti jamais de hit par contre il s'en tira bizarrement  un peu mieux ce jour là malgré  son trip hop (encore!) habillé de violon. Je n' ai jamais vraiment accroché à son oeuvre et comme la veille Portishead était passé par là il n' a pu que limiter les dégâts. Un brâve petit le Perry Blake mais un "petit" tout de même.

Bon le truc avec la fumette c' est que ça retombe vite et les effets hallucinants sont rares si pas inexistant mais je me demande si j' ai pas été victime d' une vision ce jour là. Je vous jure qu'il m'a semblé apercevoir sur la scène de la Route Du Rock Liam Gallagher. Enfin...Je veux dire un Liam Gallagher obèse. Ou tout du moins un truc qui ressemblait à ça. Comme si le branleur de la fratrie mancunienne avait été victime de rétention de tout le houblon ingurgité depuis son plus jeune âge. On va cesser la moquerie pourrie à deux balles et je vais juste vous dire qu' Andrew "Tiny"Woods était l'un des personnages les plus attachants de la britpop  avec sa coupe de cheveux typiquement mods et son physique tout en rondeur. Quant à la musique d' Ultrasound pas grand chose à retenir, de la Brit-pop classique  pour public de stade qui reprend en choeur les refrains lyrique la pinte à la main. En résumé du sous Manic Street Preachers/Oasis  avec une voix fragile digne d' Anthony & the Johnson apportant un peu de sensibilité dans cet univers de lads lecteurs du magazine beauf britanique Loaded.



Que fait le type à qui ça ne suffit plus l' herbe et les amphétamines. Il se met à l' acid ou aux champignons. Ca tombe bien c' est le grand Jason Pierce échappé des Spacemen 3 avec son Spiritualized qui déboula à Saint Malo . Ce fut beau et planant  comme toujours. Il venait de sortir son classique  "Ladies & Gentlemen we are floating in the space"et j' eus moi aussi toutes les peines du monde à redescendre sur terre. C' est peut-être moins novateur et expérimental que le Spacemen 3 avec son pote "Sonic Boom"  de la grande époque mais faut avouer que bon nombre de ses chansons sont des monuments du psychédélisme toutes époques confondues.



Nous avons abordé toutes les drogues reste plus que celle apparu de mon temps. L' ecstasy. Pas de soucis. Juste le temps d'une prière pour Saint Shaun et Saint Bez  et voilà l'un de mes plus beaux concerts de Route du Rock. Je ne ménageais pas mon corps en ces temps reculés et les dernier concerts de route du rock pouvaient parfois s' apparenter à une déroute  parmi les troupes  à cause de l' état physique largement entamé  au bout de trois jours. Que neni pour 98. L' alliance de la branlitude mancunienne plus le bigbeat de Skint Records . Voilà le résumé du fabuleux concert des Lo Fidelity All Stars. Je revois le chanteur plus morveux que jamais attablé à une terrasse de St Malo un peu plus tôt dans la journée. La grande classe que seule la working class anglaise peut nous offrir.L ' arrogance élevé au rang d'un art. 


Bien sûr qu' avec Lo Fidelity on remuait du popotin comme c' est pas permis mais c' était pas tout. Si ce groupe pouvait vous donner envie de vous vautrer dans l' hédonisme à tout va  il pouvait en un instant rendre l' atmosphère glaciale.On retrouvais ainsi le climat frigorifique de la trilogie de Cure (Faith, Seventeen seconds & Pornography). A l' époque leur génial "How to operate with a blow made" succédait souvent au "Mezzanine" de Massive Attack dans mon apartement d' étudiant.



PS: Private joke.
Si vous lisez ces quelques lignes et que vous êtes jeunes je veux rétablir une vérité historique.
 Les médias et les livres d' histoire vous ont menti. La plus grande victoire en 1998 n'a pas été obtenue au cours d' un stupide match de foot mais bel et bien pendant une bataille de pelochon devenue légendaire sur le trajet Limoges-Saint Malo dans les plaines de la Sarthe et plus précisément àu Mans. Ils étaient une dizaine et nous n'étions que deux ! Et on a gagné! Une alliance Corrèze-Pays Basque à ridiculisé une coalition de paltoquets venus de partout. Ce fut notre Austerlitz et pour eux  Waterloo.
Y a qu'un truc que j' ai pas compris? J' ai pas donné ni reçu un seul coup de pelochon. Très étranges. Les coups pleuvaient pourtant de toute part. On recensa  des dents perdus, des larmes et du sang. Après le combat on a même été obligé de désencastrer d'une cloison un individu de très faible corpulence originaire d' Isle si je me souviens bien. Et moi rien. Que dale. Pas une égratignure. Peut-être  que la raison était que je me sois juste contenté de m' abriter derrière un rocher Basque. Possible. J' ai bien eu des bleus mais seulement le lendemain matin. Le rocher basque ça peut être pratique en cas de conflit mais faut pas dormir dans le même lit. Surtout si vous ronflez. Si c'est pas le cas je vous le recommande. C' est très moelleux.

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