TOMORROW THE RAIN WILL FALL UPWARDS, trip communiste parfait pour l' époque.
Blakest Ever Black persiste et signe en cette année 2016. Encore une fois le label vient de nous offrir un disque flippant, étrange, envoûtant et hypnotique. Après les terreurs infantiles de F INGERS fin 2015, le minimalisme dark et poétique des Raime et juste avant la princesse ensorcelante Carla Del Forno (premier Lp en Octobre), il nous balance l' énigmatique premier album des Tomorrow The Rain Will Fall Upwards.
Attention, fort risque d' addiction à l'inconnu . Un inconnu musicale maginifique et aussi politique pour certains moutons .
Attention, fort risque d' addiction à l'inconnu . Un inconnu musicale maginifique et aussi politique pour certains moutons .
On sait pas grand chose de ce collectif parce qu'il s' agit bien ici de collectif. Il semblerait qu'il soit composé de membres majoritairement australiens et fans de post-punk , des géniaux HTRK, The Devastations mais aussi des anciens This Immortal Souls entre autres. La peinture de la pochette est signée Carla Del Forno dont je vous avais déjà parlé (ici). Leurs influences semblent tout naturellement très riches et variées (comme d' hab avec le post-punk en épine dorsale stylistiquement) permettant les similitudes occasionnelles ou franchement lointaines. Leur label cite autant This Mortal Coil que Massive Attack, Arthur Russel que Robert Wyatt, Nina Simone que la kosmich électro de Manuel Goettsching.
Les boucles répétitives des uns, une ambiance chimérique d' autres mais aussi la gravité, le combat et le réalisme de certains. Citer Wyatt musicalement s' accompagne aussi du discours et du sujet de ce disque. De ses manières également. Langage pop et mainstream rencontrant l' expérimentales et l'underground. C'est un disque ouvertement politique et les thèmes ne laissent que peu de mystères sur l' idéologie de ses auteurs. A gauche toute sans omettre un sérieux travail mémoire sur le communisme et une dose salvatrice de l' histoire du féminisme et du rôle des femmes dans les mouvements révolutionnaires. La grève des mineurs au Royaume Uni sous l'ère Tatcher, la guerre civile espagnoles, les suffragettes et les trop souvent laissées pour comptes du communisme et du marxisme, les femmes, tel que Rosa Luxembourg et Alexandra Kollontai.
Les boucles répétitives sont donc des samples venus d' horizons riches et variés. Si l' histoire des gauches et du féminisme mondial est récitée il en est aussi vrai pour celle de la musique. Jazz, Kosmich, jungle, industriel et exotica. Nous naviguons entre espoir déçus et volonté de changer le monde et la vie. Un critique anglais a bien fait de repérer la citation de Nabokov servant de nom de groupe pour définir les sentiments perçus à l' écoute du disque.
"DEMAIN LA PLUIE TOMBERA VERS LE HAUT"
Ce critique a ainsi très bien décrit la difficulté des gens d' extrême gauche engagés ou pas qu'ils rencontrent quotidiennement au moment de partager leurs idées avec les autres. Proposer une alternative de gauche au commun des mortels revient a annoncé que demain la pluie changera de sens, moquerie, mépris ou tout simplement déni et fuite en avant dans le consumérisme. Faut dire qu'en matière de lavage de cerveau via la pensée unique le capitalisme est champion. Quelqu'un qui annonce que l'on peut changer les chose est traité de charlatan, en France on dit "Populiste de gauche". Récemment The Guardian, franchement pas un journal anglais d' extrême gauche, The Guardian a ainsi publié un article terrible sur nos trente dernières années passés sous le joug du Néolibéralisme. Article traduit (ici) qui permet de comprendre bien des choses sur ces faits en expliquant par exemple comment une idéologie domine le monde sans jamais faire de son nom une marque référence (c'est bien la seule chose qu'elle ne transforme pas en marque et produit, en reilgion plutot). Chose étrange aussi que cet article soit publié en Angleterre alors qu'en France certains nagent à contre-courant. L' URSS disait :"vive le communisme, nous sommes communistes", le néo-libéralisme dit pas "vive le libéralisme", il ne se cite pas, il dit simplement "y'a pas le choix" (E Valls et F Hollande Juin 2016), sinon, "vous êtes anti-moderne" (E.Macron Aout 2016).
TOMORROW THE RAIN WILL FALL UPWARDS ne fait pas non plus dans le révisionnisme et la relecture euphorique d' hymnes gauchistes. Les apparitions de "L' Internationale" ou du "Ay Carmela" de la guerre civile espagnole laissent planer le parfum de déception des rendez-vous manqués et l'ombre du Stalinisme plane tel un fantôme symbole des erreurs et des monstruosités du passé commis au nom de belles idées. Les combats perdus du passé reprennent de la vigueur et s' éclairent sous un nouveau jour mais bon dieu (oups), que la marche de l'histoire est lente de nos jours sous les habits de la rapidité numérique. Les discours et les chants du passé invoquant le changement tapent l'incruste parmi les boucles répétitives, les synthé planant (ou lénifiant?), le bruits industriel de la violence capitaliste et les vapeurs sonores d'un triste quotidien jugé par certains comme l'unique destin possible.
Disque magnifique sur lequel on peut à la fois planer et réactiver une conscience politique endolorie par la pensée unique et un monde dystopique devenu bien réel.
Robert Wyatt devrait aimer. Lui qui avait trente ans d' avance sur tous les alter-mondialistes et autres anti-néo-libéraux de 2016. Lui qui nous montrait sa carte au parti communisme britannique en 1982 quand Bowie faisait de la pub pour Pepsi-Cola et que The Clash remplissait bêtement et naïvement les stades américains en ne pouvant stopper leur public bien Wasp de cracher sur leur première partie parce que noir et non musicien classiquement (trois platines), Grandmaster Flash.
Lui qui savait offrir avec sa femme des pochettes sans aucun cinisme pseudo post-modern.
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