Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant: Et Iceage nous offre le grand disque rock 2014.Plus, Lower et Lust For Youth.


Nous sommes le 15 Août 2013, 20 heure,  grande scène du Fort Saint Père, Saint Malo.
Une horde d' adolescents nordiques viennent de balancer une série de coctail molotov punk hardocre à nos faces de vieilles fripouilles d' indie boys & girls. La foule n' était pas immense mais nous venions de voir l'un des meilleurs concerts de cette édition. Une grande formation avec un putain de chanteur au charisme impressionnant et à l' assurance digne d'un Liam Gallagher. Des gamins nous balançant avec la grande classe des dandys  les tripes et boyaux putréfiés de leur génération perdue, elle-aussi. Succès mitigé autour de moi mais les raisons ne venaient pas des danois déjà si adorés dans ce blog (cf ici ). J' écrivis quelques jours après mon ressenti face à ce rendez-vous manqué avec une grande partie du public : "La petite scène à une heure avancée de la nuit quand l' euphorie fait place à la déprime et à la gueule de bois aurait été préférable à la grande scène sous un soleil de plomb. Le message a eut du mal à passer, dommage"(cf ici). Et je pensai sans l' écrire (on devrait toujours écrire ce qui nous passe par la tête quand on chronique ) que leur place aurait dû être avant ou juste après le grand concert de ce soir-là, Nick Cave & The Bad Seeds. Qu'il y avait quelque chose en commun entre les jeunots et l' australien, le son abstrait du  hardcord  punk une fois évacué laissant sa place aux climat sombres et désespérés que les deux concerts avaient en commun.
Octobre 2014. Iceage sort son 3ème album et pour l' annoncer nous a balancé depuis 3 titres confirmant mon intuition/évidence d'un an auparavant. Ces types sont bien des conteurs de notre époque comme d' autres auparavant. Ils s'inscrivent dans la grande tradition des prêcheurs foutraques  que le rock ne nous avait plus offert depuis le grand Nick. Ce groupe est gigantesque.






Alors bien sûr l' aficionados de la RDR peut se la raconter en balançant  que la rencontre des chansons orchestrée du Nick avec la fiévreuse jeunesse danoise date de cette édition mais le phénoménal virage artistique avait déjà été repéré dans le précédent "You're nothing" avec l'apparition d'un  piano dans le punk-blues "Morals". Piano peu fréquent dans le hardcore punk ce qui m'avait amené à parler de post-punk pour cette liberté prise avec les codes du genre. De plus Ronnefelt racontait s' être inspiré pour cette chanson d'une vieille balade 60's de Mina Mazzini. 




Nous n' avions pas à faire à des gamins post internet à oeillères comme tant d' autres actuellement. Plus tard Iceage sortait un single nommé "To The Commerade" très hardore sur la face A mais qui avait la particularité d' offrir une reprise en face B, et quelle surprenante reprise, le "Jackie" de Sinéad O'Connor. Pas celui de Brel. Quoique. Il va  être question de notre Belge plus tard. Une chanson belle et à la fois hargneuse avec derrière l' irlandaise le soutient d'un ex Japan, un ex Adam & The Ant et Marco Pironi des Banshees. Les liens et la bonne connaissance des Iceage pour  la diversité post-punk (new romantic, gothic & punk-blues à la Birthday Party/Gun Club) se confirmaient. Immanquablement la figure du grand Nick devenait omniprésente. Il ne manquait plus que l' amour affiché du chanteur Ronnefelt pour le cinéma de Herzog et les musique de Morricone et la gamme artistique du groupe ne pouvait que s' étendre considérablement à l' avenir. Ainsi les danois avaient toutes les armes en mains pour s' attaquait à cet écueil qu'est un troisième album. Tant de groupes se sont échoués sur ce fameux "3ème album". Par exemple Ride et leur virage raté britpop ou Interpol bafouillant en choisissant de répéter vitae éternam la même formule et enfin Oasis sombrant dans la coke et leur boogie gros sabot plus Statu-co/Slade que le coup de génie du Nono qu'était "les Sex Pistols reprennent les Beatles" de leur grande époque. Tiens ! Oasis encore une fois alors que je parle de Iceage, groupe danois post-punk-hardore ... Vous allez voir on n' a pas fini d' être surpris d'ici la fin de cet article.
Donc c' était clair Iceage  choisirait un éventail plus large en terme de style et d' instrumentation. Bonjour donc le piano, mais aussi les altos, la mandoline et les trompette western/latine à la Morricone et Love (grand amour de Nono Gallagher, Oasis 3 ème!).  Mais ça fait pas tout la forme, faut du fond. De plus le format des chansons subit aussi une mutation importante. Le 2ème album c'est 12 titres en 28 minutes chrono. Punk. Avec ce tout frais "Plowing into the field of love" c'est 12 titres mais en 47 minute, donc titres d' environ 5 minutes durant lesquels il faut tenir. Réussite totale!
Iceage est capable en un seul morceau de vous faire tomber dans les enfers puis remonter jusqu'aux cieux, ces montagne russes permettent de garder l' énergie présente sur les deux premiers albums sans sombrer dans l' ennuie. La haine et la puissance sonore  vous sautent à la gueule avec accélération du tempo sans que l' aviez prévu tellement titubant que vous étiez par le chant d' alcoolique dandy rigolard du chanteur juste avant. On est passé des petits cocktails molotov aux armes chimiques de destruction massive. Ce disque est angoissant et monumental, une tragédie sociale et intime. Les paroles de Ronnefelt n' épargnent personne par leurs  rages et  violences. Se réservant d' ailleurs les plus vives saignées à lui même. Du Brel faisant un doigt aù monde comme on peut penser quand on entend ces putains de paroles "Whatever I do, I don't repent, I keep pissing against the moon". Les marins d' Amsterdam ont fait des bâtards dans les ports danois. Enregistré en Suède on ressent les ambiances glauques et obscures du Millénium de Stieg Larson et des Kurt Wallander de Hennig Mankell, romans policier si prennant également en version télé nordique. C'est tout ça ce disque. Et même plus. Du Sonic Youth sur les titres plus classiquement Iceage des débuts, de la country parfois, et même des excursions dans le boogie et les choeurs Britpop pour stade. Si si ! Quitte a se torchait la gueule par désespoir et beuglait  de toutes ses tripes on peut aussi le faire dans un stade avec nos congénères que dans une  ruelle désertée par une flippante et glaciale nuit  nordique. "Abundant living" c'est du boogie à la Noel Gallagher qui a torché son abruti de frère pour sonner comme Shen Mc Gowan. Et l'intro du dernier titre, "Plowing into the field of love", "Supernova" ou "Life Forever" réécrit par Brel. C'est plus "Champagne supernova" mais un "10/10 supernova" en tachant de bien uriner pour que ça atteigne  ces salopes d' étoiles qui narguent sans cesse les pauvres et misérables humains fétides que nous sommes.
Et pour finir et enfin se vautrer à terre et comater  il nous faut une chanson. Une grande chanson définitive. Le machin qui dit tout en moins de 5 minute. Une chanson qui est la vie à elle toute seule. Je croyais que Iceage l' avait déjà avec "Ecstasy" . Et bien Iceage en a deux des "Classiques" absolus.
Je vous laisse avec "Forever", le troisième single, et si vous ne chialez ou ne beugler pas, c'est que vous êtes sourd ou inhumain.


PS: Irrésistible Danemark
Pas pu m' empêché de mettre un peu de Borgen dans cette chronique


 Quoi de neuf chez les copains danois d' Iceage dont je vous avais déjà parlé?(cf lien plus haut)
Les Lower continuent leur petit bonhomme de chemin post-punk toujours très Dead Kennedy/Wire/Joy avec un album nommé "Seek Warmer Climes". Un bon petit disque qui casse pas trois pattes à un canard mais qui a le mérite d' être honnête et très agréable.


Les suédois émigré à Copenhague de Lust For Youth (cf ici) quant à eux continue leur mutation synthpop passionnante. Sur leur troisième album  il délaissent l' approche post-punk de Joy Division et la production bordélique lo-fi symbole de fin de soirée désespérée et alcoolisée mais toujours  avec ses voix lointaines  (évoquant les délires de Shaun Rider des Happy Mondays). En faît depuis ses débuts Hanns Norvide décale le moment pour écouter ses oeuvre dans la soirée. Le premier était fait pour le petit matin quand il n'y a plus personne parce qu'il se retrouve seul dans sa chambre avec ses petits moyens instrumentaux, le deuxième vers 3-4 heures pour les endurants à 4 grammes et celui-ci ce sera pour le coup de feu de minuit, heure à laquelle le public plus large veut du facile pas trop glauque. Bienvenue chez les Pet Shop Boy, Depeche Mode et New Order version Ibiza  avec une production plus lèchée et des titres beaucoup plus simples dans leur construction. Certaines petites  touches baggy-madchester-Screamadelica sont également visibles et on comprend que ces suédois continue à reluquer le Manchester de toutes les époques. Il y a même un titre qui m' évoque...(attention prenez votre respiration), notre Désireless nationale, mais en mieux je vous rassure.
Bref peut-être moins sous le charme que pour leur précédent et gavé par leur coté rétro ce dernier disque m' a tout de même  charmé vu le nombre de fois où je me suis surpris à l' écouter pour danser avec fiston.
Toujours mieux que les incompréhensivement surestimé en France, Whomadewho. Une énigme pour moi tant leur musique est ennuyeuse.

La tuerie baggy/madchester 2014!


La tuerie Désireless 2014(on ne rigole pas) 

Et la tuerie New Order/Depeche Mode 2014

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