ELYSIA CRAMPTON ou, ce sont les oubliés du passé qui feront l' avenir .
Si j'ai mis des mois pour pondre la chronique de son premier album sous ce pseudo, que ce même album soit classé dans le top de fin d' année sans une seule explication et qu' ensuite cette dernière ne soit arrivée qu'en Avril j'en suis désolé mais sachez aussi que ce coup-ci je vais prendre le temps de reparler de la belle Elysia tellement son "Demon City" est un trésor et tellement AUSSI chacun des ses collaborateurs méritent que DWTN reparle d' eux.
Pour les retardataires voici l' article d' Avril ( ici ) et ce titre hypnotique digne des breuvage hallucinatoires concocté par les prêtres et autres chamanes Sud-américains.
Ce disque n' est pas une pure oeuvre solo puisqu'on y retrouve bon nombre de collaborateurs et que du haut niveau, Rabit, Why Be, Total Freedom, Chimo Amobi et Lexxi. Artistes maintes fois croisés dans ce blog depuis des mois. Si souvent on lit ou on entend " musique cinématographique" il est rare de tomber sur "pièce de théâtre musicale". La première impression donné par "Demon City" est celle-là. Une sorte de tragédie antique construite autour d'une succession de monologues et de dialogues par plusieurs auteurs/comédiens. La référence à l' art antique avait déjà été d' actualité et même citée par Crampton et d' autres au moment de la sortie d' "American Drift". Elle est encore plus aujourd'hui. Crampton parle de "Poème épique". "Épique" comme l' "Odyssée d' Ulysse" de qui vous savez. Depuis ses premiers collages lyriques la musique de Crampton a une réelle portée universelle comme les récits et les poème d' Homère. Comment réussit-elle a parlé aussi bien de notre monde contemporain, du présent et du passé et à chacun ? Comment le discours issu d'une minorité réussit-il à concerner la majorité bien au delà que cette dernière peut l'imaginer?
"Demon city" est le fruit d'un grand brassage de cultures, cultures surtout minoritaires. Les opprimés d' hier et d' aujourd'hui sont la clé du futur. Ces "poèmes épiques" sont fortement politisés. Revendicatifs. Si les notions ethniques sont fortes (quasiment tout ces artiste font partie du collectif NON) les notions de genre le sont aussi. Fatalement avec Crampton depuis toujours et c'est encore plus le cas . Le corps comme chez Arca et Lotic tient le beau rôle. Le corps est le réceptacle principal et définitif de tout ce que subissent les opprimés. De toutes les violences.
Les repères sont multiples et ne servent plus à rien quand il s' agit de classer. Impossible de catégoriser et finalement de caricaturer. La technologie numérique fricote avec le folklore ancestral, un rire vaudou et une rythmique bolivienne s' assaisonnent d'une production glaciale grime britanniques.
Cette musique est monde.
Au risque de se répéter mais la plus part des artistes défendus dans ce blog possèdent tous malgré les apparences musicale parfois différentes les même manières. Recyclage (Ferraro) qui ne se limite pas à lui seul car issu d'une volonté de coller au présent, détournement et ouverture d' esprit totale sur la provenance des matériaux (Lopatin), sans peur ou naïveté béate face à la technologie et le futur (Herndon & M.E.S.H.). Le vocabulaire emprunte au dancefloor mais sans ordonner un seule façon d'y vivre (M.E.S.H. encore et Lotic). C'est encore une avalanche de sources sonores et d' information symbolisant l'impact du monde virtuel numérique et des chaines infos. Elle parle de "Severo", "Severo est une accumulation, plutot une accrétion". Ce monde virtuel et ses infos s' agglomèrent à la surface de chacun qu'on le veuille ou non. Crampton et les autres refusent le repli sur soi. Qu'il soit stylistique ou temporelle. Les souffrances de gens éloignés par l' intermédiaire d' internet giclent sur nos beaux habits d' occidentaux. Nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas, à présent ça se voit de plus en plus et le cynisme devient impossible. Cette musique est MONDE. Et ce Monde vient d' accélérer un grand coup dans sa marche vers le village planétaire. La musique de Crampton par sa modernité l' exprime parfaitement. Peut-on encore être hermétique et attendre le samedi soir pour danser sur des kilomètres et des kilomètres de house? Peut-on encore se calfeutrer dans son garage pour pondre un rock blanc parlant de sex ou de bagnoles?
Peut-on encore se contenter à faire mumuse avec les pédales d' effets et les guitares pour pondre du "rock psyché" en tirant sur son joint?
Ces derniers temps quand je tombe sur le terme psychédélique il est quasiment toujours associé à des musique occidentales du 20 ème siècle. Souvent blanche et parfois noire. Trop souvent le rock et ses guitares. Consciemment ou pas. Merci encore une fois les ermites occidentaux du garage rock pour votre réécriture nombriliste-inculte et votre omniprésence gerbante. Les hallucinations et la perte de repères hypnotiques n'ont pas attendu Timothy Leary et Jimi Hendrix. L' état de conscience altéré pour éprouver de nouvelles sensations n'est pas uniquement produite par des guitares et l' analogique et est aussi vieux que le MONDE.
Thee Oh Sees, Ty Segall ou Tame Impala c'est vraiment de la dope coupée au lait en poudre comparé à des titres comme "Demon City" ou "After Wooman". Le psychédélisme et la musique de transe retrouvent une putain de vitalité fantastique, vitalité absente depuis longtemps dans les revival rocks à force de redite. Avec du recule on peut se demander si le terme psychédélique n' a pas été inventé pour créer un fossé entre le rock et la pop (blanche) avec la coutume rituelle de la transe des autres cultures. Comme si certains s' étaient cru obligés de renier l' apport des autres. Consciemment ou pas. "Demon City" c'est le trip puissant cocaïné du champignon hallucinogène "Petrichrist" de l' an dernier. Le titre "Children Of Hell" coécrit avec le roi du bruitisme moderne tendance abstraction sonore Chimo Amobi vous fera partir rejoindre les esprits de tous les ancêtres comme jamais. La technologie et le folklore ethnique au profit d'un psychédélisme politique ouvert sur les autres et plus seulement un trip individualiste de salle de concert. Lexxi en solo nous offre un trip synthétique et latinos susceptible de vous élever et vous faire planer bien plus haut que toutes les couches de phasing crées au cours de toute sa vie par Kevin Parker de Tame Impala.
Même si "Demon City" n'est pas l' oeuvre uniquement d' Elysia Crampton ce disque prouvent encore une fois qu'elle est devenue en l'espace de trois ans l' équivalent d'un Lopatin ou d' une Holly Herndon ou d'un Arca.
La présence de gens comme Lexxi ou Rabit venant d' univers divers et variés prouvent aussi que c'est une véritable révolution sonore à laquelle nous assistons. Un vent d' air frais balayant tout sur son passage (les vieux genres mais surtout leurs resucées). Depuis le début d' année des groupes ou artistes prétendument qualifiés de "valeurs sûres" ont sorti des disques et comparés aux artistes cités dans ce blog ces sorties récentes sont toutes susceptibles d' être affligées des termes "passéistes" ou "largués". Radiohead, Kevin Morby ou Parquets Court coté indie rock comme The Avalanches et le prochain Justice coté électro et en ce qui concerne le rap/hip hop/r'n'b alternatif ou mainstream la sentence est la même (Blood Orange, Beyonce, Anderson P Park et Kanye West).
PS: En parlant de psychédélisme, de voyage vers le pays des esprit, de perte des repères par la conscience et en y associant les origines indiennes de Crampton je ne peux m'empêcher de vous balancer ce documentaire terriblement hallucinant et terrifiant sur l'usage de la mescalline dans les andes Péruviennes. Et pour la bande-son flippante Elysia Crampton vient de sortir un premier single terrifiant pour le label Adult Swim (titre absent sur Demon City)
Pour les retardataires voici l' article d' Avril ( ici ) et ce titre hypnotique digne des breuvage hallucinatoires concocté par les prêtres et autres chamanes Sud-américains.
Ce disque n' est pas une pure oeuvre solo puisqu'on y retrouve bon nombre de collaborateurs et que du haut niveau, Rabit, Why Be, Total Freedom, Chimo Amobi et Lexxi. Artistes maintes fois croisés dans ce blog depuis des mois. Si souvent on lit ou on entend " musique cinématographique" il est rare de tomber sur "pièce de théâtre musicale". La première impression donné par "Demon City" est celle-là. Une sorte de tragédie antique construite autour d'une succession de monologues et de dialogues par plusieurs auteurs/comédiens. La référence à l' art antique avait déjà été d' actualité et même citée par Crampton et d' autres au moment de la sortie d' "American Drift". Elle est encore plus aujourd'hui. Crampton parle de "Poème épique". "Épique" comme l' "Odyssée d' Ulysse" de qui vous savez. Depuis ses premiers collages lyriques la musique de Crampton a une réelle portée universelle comme les récits et les poème d' Homère. Comment réussit-elle a parlé aussi bien de notre monde contemporain, du présent et du passé et à chacun ? Comment le discours issu d'une minorité réussit-il à concerner la majorité bien au delà que cette dernière peut l'imaginer?
"Demon city" est le fruit d'un grand brassage de cultures, cultures surtout minoritaires. Les opprimés d' hier et d' aujourd'hui sont la clé du futur. Ces "poèmes épiques" sont fortement politisés. Revendicatifs. Si les notions ethniques sont fortes (quasiment tout ces artiste font partie du collectif NON) les notions de genre le sont aussi. Fatalement avec Crampton depuis toujours et c'est encore plus le cas . Le corps comme chez Arca et Lotic tient le beau rôle. Le corps est le réceptacle principal et définitif de tout ce que subissent les opprimés. De toutes les violences.
Les repères sont multiples et ne servent plus à rien quand il s' agit de classer. Impossible de catégoriser et finalement de caricaturer. La technologie numérique fricote avec le folklore ancestral, un rire vaudou et une rythmique bolivienne s' assaisonnent d'une production glaciale grime britanniques.
Cette musique est monde.
Au risque de se répéter mais la plus part des artistes défendus dans ce blog possèdent tous malgré les apparences musicale parfois différentes les même manières. Recyclage (Ferraro) qui ne se limite pas à lui seul car issu d'une volonté de coller au présent, détournement et ouverture d' esprit totale sur la provenance des matériaux (Lopatin), sans peur ou naïveté béate face à la technologie et le futur (Herndon & M.E.S.H.). Le vocabulaire emprunte au dancefloor mais sans ordonner un seule façon d'y vivre (M.E.S.H. encore et Lotic). C'est encore une avalanche de sources sonores et d' information symbolisant l'impact du monde virtuel numérique et des chaines infos. Elle parle de "Severo", "Severo est une accumulation, plutot une accrétion". Ce monde virtuel et ses infos s' agglomèrent à la surface de chacun qu'on le veuille ou non. Crampton et les autres refusent le repli sur soi. Qu'il soit stylistique ou temporelle. Les souffrances de gens éloignés par l' intermédiaire d' internet giclent sur nos beaux habits d' occidentaux. Nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas, à présent ça se voit de plus en plus et le cynisme devient impossible. Cette musique est MONDE. Et ce Monde vient d' accélérer un grand coup dans sa marche vers le village planétaire. La musique de Crampton par sa modernité l' exprime parfaitement. Peut-on encore être hermétique et attendre le samedi soir pour danser sur des kilomètres et des kilomètres de house? Peut-on encore se calfeutrer dans son garage pour pondre un rock blanc parlant de sex ou de bagnoles?
Peut-on encore se contenter à faire mumuse avec les pédales d' effets et les guitares pour pondre du "rock psyché" en tirant sur son joint?
Ces derniers temps quand je tombe sur le terme psychédélique il est quasiment toujours associé à des musique occidentales du 20 ème siècle. Souvent blanche et parfois noire. Trop souvent le rock et ses guitares. Consciemment ou pas. Merci encore une fois les ermites occidentaux du garage rock pour votre réécriture nombriliste-inculte et votre omniprésence gerbante. Les hallucinations et la perte de repères hypnotiques n'ont pas attendu Timothy Leary et Jimi Hendrix. L' état de conscience altéré pour éprouver de nouvelles sensations n'est pas uniquement produite par des guitares et l' analogique et est aussi vieux que le MONDE.
Thee Oh Sees, Ty Segall ou Tame Impala c'est vraiment de la dope coupée au lait en poudre comparé à des titres comme "Demon City" ou "After Wooman". Le psychédélisme et la musique de transe retrouvent une putain de vitalité fantastique, vitalité absente depuis longtemps dans les revival rocks à force de redite. Avec du recule on peut se demander si le terme psychédélique n' a pas été inventé pour créer un fossé entre le rock et la pop (blanche) avec la coutume rituelle de la transe des autres cultures. Comme si certains s' étaient cru obligés de renier l' apport des autres. Consciemment ou pas. "Demon City" c'est le trip puissant cocaïné du champignon hallucinogène "Petrichrist" de l' an dernier. Le titre "Children Of Hell" coécrit avec le roi du bruitisme moderne tendance abstraction sonore Chimo Amobi vous fera partir rejoindre les esprits de tous les ancêtres comme jamais. La technologie et le folklore ethnique au profit d'un psychédélisme politique ouvert sur les autres et plus seulement un trip individualiste de salle de concert. Lexxi en solo nous offre un trip synthétique et latinos susceptible de vous élever et vous faire planer bien plus haut que toutes les couches de phasing crées au cours de toute sa vie par Kevin Parker de Tame Impala.
Même si "Demon City" n'est pas l' oeuvre uniquement d' Elysia Crampton ce disque prouvent encore une fois qu'elle est devenue en l'espace de trois ans l' équivalent d'un Lopatin ou d' une Holly Herndon ou d'un Arca.
La présence de gens comme Lexxi ou Rabit venant d' univers divers et variés prouvent aussi que c'est une véritable révolution sonore à laquelle nous assistons. Un vent d' air frais balayant tout sur son passage (les vieux genres mais surtout leurs resucées). Depuis le début d' année des groupes ou artistes prétendument qualifiés de "valeurs sûres" ont sorti des disques et comparés aux artistes cités dans ce blog ces sorties récentes sont toutes susceptibles d' être affligées des termes "passéistes" ou "largués". Radiohead, Kevin Morby ou Parquets Court coté indie rock comme The Avalanches et le prochain Justice coté électro et en ce qui concerne le rap/hip hop/r'n'b alternatif ou mainstream la sentence est la même (Blood Orange, Beyonce, Anderson P Park et Kanye West).
PS: En parlant de psychédélisme, de voyage vers le pays des esprit, de perte des repères par la conscience et en y associant les origines indiennes de Crampton je ne peux m'empêcher de vous balancer ce documentaire terriblement hallucinant et terrifiant sur l'usage de la mescalline dans les andes Péruviennes. Et pour la bande-son flippante Elysia Crampton vient de sortir un premier single terrifiant pour le label Adult Swim (titre absent sur Demon City)
Commentaires
Enregistrer un commentaire