ROLY PORTER ou, 2016 l' Odyssée du monde. Ou de l' espèce ?
Porter longtemps perçu comme un outsider devient l' égal d'un Lopatin ou d'un Arca dans l' art d' évoquer l' humanité via la technologie et le recyclage de sons symbolisant tout autre chose (l'espace).
L' entame du disque nous replonge dans l'univers sidérales du précédent via la référence au début de "2001 l'odyssée de l' espace". Comme toujours chez Porter l' ambiance est sombre mais comme toujours aussi ce n'est qu' en apparence parce que de la douceur peut surgir à tout instant et vous envoyer dans le ciel. Avant cela, nappes de synthés, violon et choeur plomberont l' ambiance jusqu' à ce que des détonations jamais prévisibles faites des motif dronesque et noisy vous déchirent les tympans. Porter n' hésite pas non plus à jouer avec le volume sonore pour son désir de saisissement. Façon de faire rappelant évidemment Ben Frost. A la différence de ce dernier Porter sait jouer admirablement du silence. Tour à tour pesant ou réconfortant. Tout élément peut évoquer une chose et son contraire. On ne sait plus très bien si ce sont les silences, les instant de tendresse sonore ou les agressions bruitistes qui sont l' accident. L'imprévisible. Sa musique est dystopique. Encore ! Encore un disque dystopique. A croire que dans ce monde bien des choses étaient vouées à foirer fort logiquement. Porter et tant d'autres nous racontent que cela depuis quelque mois. Et en France on n'est que trop bien placé malheureusement pour ne pas y reconnaître notre quotidien. De trop longs moment de silence où il ne se passe rien, ce sentiment que rien ne bouge, rien ne change, bousculé par des "évènements" qui en fait ne sont que des accélérations prouvant enfin que le statu-co décrié n'était qu'un mirage. Le monde continue de tourner et les évènements ne sont que des suites logiques. Comme pour la dérive des continents qui est perpétuelle nous n'en avons réellement conscience que lors des tremblement de terres.
Roly Porter emploie-t-il le vocabulaire de l' espace pour nous parler de ce qu'il se passe à la surface de la planète? Plus complexe et malicieux en fait. Il nous parle beaucoup de l' humain. Du corps et de l' âme. La pochette ne peut pas l'illustrer plus admirablement avec cette oeil semblant contenir tout un univers. Dans un organe on discerne l'espace, des étoiles et même la surface en ébullition d'une planète. Le fonctionnement de l'un répondant à des lois immuables tel une mécanique bien huilée, les bouleversements irréguliers de l'autre répondant à des lois inconnues. Qui influence l'autre? Chacun à son rythme et à sa manière les deux si différent sont en vrai indissociable. . Pour présenter "Third Law" Porter expliquait il y a quelque semaines qu'il était "lassé de la monotonie de la musique de danse". Qu'il voulait d' autres "rythmiques". "Mass" symbole tout cela et est un vrai morceau de brâvoure. Un beat rebondissant comme une balle de ping pong accompagné de bruit en tout genre. Ce rythme ping pong suggérant fortement le footwork. A quand sa découverte du Gqom ! Tout semble aller de soi mais pourtant, l'imprévu est aussi une règle. Quel est le fortuit? Celui qui a le plus de conséquences. D' importance? Les accidents visibles ou la lente évolution de l'ensemble?
Une chose est sûr. Dans un monde devenu dystopique la musique dystopique évoquant l'espace et la science fiction via la technologie, juste un simple retour au source en faît, est l'une des plus pertinente et Roly Porter vient de nous en offrir un chef d'oeuvre et la preuve ultime.
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