Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : Nils Frahm






Quand on tombe par hasard sur une oeuvre de Nils Frahm on est systématiquement emporté et hypnotisé par sa musique. Tour à tour spatiale et intimiste. Ce berlinois déjà auteur de plusieurs albums studio nous offre en cette fin d'année le merveilleux et sensible "Spaces".
Le grand truc à Frahm est le clavier comme le saxophone est la grande passion d'un Colin Stetson. En découvrant "Spaces" j' ai immédiatement pensé au canadien adepte des instruments à vent et à son dernier disque. A l' écoute de leurs disques respectifs  l' auditeur peut avoir l' impression d' écouter au stéthoscope l' intimité du musicien explorant toutes les possibilités offertes par son instrument et également celles du lieu où il s' exprime. Si Stetson s'était contenté  du studio pour un travail de pure improvisation Frahm explore l' espace sonore des salles de concert et les textures qu'elles peuvent offrir à partir de certaines de ses anciennes compositions. Mais l'improvisation là aussi tient une grande place à part égale avec la composition. Judicieux choix de la part de ce jeune compositeur tellement ces captations live nous balancent à la face une évidence sous-estimée jusqu'à présent, le talent du bonhomme est gigantesque et tutoie des sommets en concerts.

Dans leur approche méticuleuse et aventurière de leur instrument si Stetson avec le saxophone s'intéresse au souffle et à la respiration Frahm dit s' attacher à  la manière d' appuyer sur une touche de clavier et plus particulièrement à son amortissement. Je disais que le point commun entre ces deux artistes était la sensation qu' avait l' auditeur d' écouter au stéthoscope. Chez Frahm comme chez Stetson les "bruits" non "musicaux" souvent rejetés d' habitude sont mis en valeur  et rajoutent de l'intimité et rende cette musique encore plus "directe" et forte. Les cliquetis du saxo chez Stetson, les craquements et les murmures du publique entre autres pour Frahm. Les traditionnelles toux intempestives des concerts de musique classique sont comprises avec l' irruption de la modernité des sons des téléphones cellulaires. Le berlinois ne se limite pas qu'à son instrument de prédilection. Aux bruits ambiants issus de la prise de son directe se rajoutent l' utilisation de boucles d' autres sons ambiants.
Le reste du temps l' intérêt est porté évidemment sur le jeu très varié du pianiste car bien sûr quand on parle piano et que les mots "intimité" et  "introspection" jaillissent dans votre esprit  on pense tout de suite Erick Satie, rajoutez à cela le goût de Frahm pour la répétition et  Reich n'est pas bien loin. Dans un passé plus proche la mélancolie de "Spaces évoque irrémédiablement certains titres de Max Richter.
Tout au long de "Spaces" les titres planant à base de synthétiseurs et d' électronique côtoient les pièces intimistes au piano bien plus classique et souvent on pense aussi à Tangerine Dream, Jarre ou Vangelis. Aucun des deux types de morceaux ne surpassent l' autre. Les deux faces de la musique de Frahm forme un tout absolument irrésistible et en bouder l'une s' avère une grâve erreur.
Toujours pas remis du These New Puritans et de son impressionnant nombre d' intervenant (un orchestre classique au grand complet) Frahm tout seul atteind les mêmes cîmes où les héritages pop et classique s'unissent pour le meilleur et ...rien que le meilleur. Immanquable.

Bonus: picure de rappel obligatoire de l'un de mes albums préférés, le grand  "The Blue Notebooks" signé Max Richter.




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