Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

En passant : Huerco.S et ses merveilleuses cités d' or. Bref, gros délire.

Alors je sais, utiliser l'imagerie d'une des séries phares de notre enfance peut facilement passer pour de la démagogie ou du populisme nostalgique. Mais il y a franchement longtemps que j' attendais de pouvoir faire un rapprochement entre "Les merveilleuses cités d' or" de mon enfance et la musique écoutée et adorée à l' approche de mes quarante ans. Une musique bien souvent avant-gardiste et "futuriste" qui utilise des   vestiges du passé. Et parfois même, d'un très lointain passé.
Huerco.S avec son dernier disque me donne enfin l' excellente occasion. Et vous allez voir qu'il n'est pas si déplacé que ça de citer dans un même article Oneohtrix Point Never, Hypnagogic-pop et ...Esteban, Zia, Tao...etc etc.
Surtout quand le premier morceau proposé se nomme "Quivira" (explications   ici).

                                               

C' était quoi  le sujet de la série animée des 80's ? L' histoire d'un périple à l' époque de la  colonisation espagnole des amériques,  un groupe de personne en quête d' une légende , une cité construite par une civilisation disparu , l' irruption progressive dans le récit d' éléments proches de la science fiction par l' intermédiaire des  extraterrestres et des technologies avancées( les olmèques et le grand condor du peuple de Mu). La rencontre de la mythologie avec la science fiction  sur fond de colonialisme. Quand on lit les interviews de Huerco.S (Brian Leeds) on comprend assez vite que produire une musique futuriste passe pour lui par l'utilisation des méthodes issues de l' antiquité avec des sons étrangers à cette dernière. Des sons symbolisant le futur. Son dernier album se nomme "Colonial Patterns", en français "Modèle coloniaux".
Brian Leeds s'intéresse non pas aux mayas et autres incas mais aux civilisations pré-colombiennes installées sur les berges du Mississipi bien avant l' arrivée des colonisateurs espagnols puis anglo-saxons, les moins connus Mount Builders. Sous ce nom sont regroupés plusieurs peuples qui nous ont laissé comme uniques traces ces fameux monticules de terres (cf ici). Leeds dit aussi adorer étudier leurs architectures et leurs réseaux urbains (qui étaient comme celle du peuple de Mu dans la série bien plus développées et "modernes" que celles d' Europe à la même époque, 1000 ans avant JC).
Vous vous rappelez peut-être des petites séquences pédagogiques et  archéologiques à la fin de chaque épisodes de la série.  Les architectures inca ou maya et les méthodes de constructions alors utilisés  et synonyme d' émerveillement pour les héros y tenaient une place importante. Leeds fait de même et  nous explique vouloir dépeindre à travers sa musique  le transport et la dispositions des outils nécessaires à la construction des "Mount". Par ailleurs  Leeds dit dans ce but être en quête et vouloir  utiliser  des "artefacts". Le mot artefact est ici à prendre dans deux sens à la fois , celui  utilisé  en archéologie (mobilier construit par l'homme) et la version  électronique/informatique (élément indésirable ou défectueux).




Ainsi la musique d' Huerco.S  est faite à base de samples provenant  du passé avec leurs caractéristiques (défauts), craquement du vinyle et émissions de radios parasitées. Mais aussi du présent, sons informatiques et  déformations provenant de bug ou d' enregistrement pourris sur youtube. Toujours dans la comparaison avec la série souvenez-vous du nombre de fois que le personnage de Tao se prend la tête avec les dysfonctionnements des inventions de son peuple d' origine(Mu).
Dans son catalogue de sample on peut aussi observer la rencontre choc de musiques organiques ethniques et anciennes (soit une approche très Hauntologique) avec celle issue de la technologie moderne via des réminiscences  des dancefloors (techno et house de Detroit). Un peu comme quand le mini documentaire à forte consonance ethnologique de la série succédait aux technologies hyper futuristes des Olmèques du récit De cette rencontre  entre le naturel et l' artificiel, le passé et le futur, le mythe et la science fiction,  l' auditeur a l' impression de voyager et de découvrir des paysages  vierges. La production donnant un son "étouffés" amène l' étrange impression de claustrophobie dans ce périple à travers le temps.


Parfois avec sa manipulation des attributs mémoriel accordés par notre cerveau à la techno  et ce son "étouffés" Leeds évoque Laurel Halo et Actress. Et qui dit travail sur la mémoire des sons dit immanquablement Daniel Lopatin et hypnagogic-pop (cf ici ) . Pas étonnant donc de retrouver Huerco.S sur Sofware Records aux cotés de James Ferraro (cf ici).
A d' autre moment ses méthodes proches de l' Hauntologie et son goût pour les mythes et civilisations du passé rappellent les démarches et les travaux d'une Julia Holter (son amour de l' antiquité greque), The Haxan Cloak et les Demdike Stare (la sorcellerie du Moyen Age).
Huerco.S  et ses collages sonores ambient qui semblent avoir été enregistrés de l' extérieur d'une boite de Detroit perpétue la volonté affichée d'une partie de l' avant-garde électronique et musicale de repousser les frontières et faire une nouvelle musique en piochant dans un passé et une culture bien au delà du rock et de la pop musique (Laurel Halo, Oneohtrix Point Never, Julia Holter  l' hypnagogique-pop et tant d'autres déjà cités).

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