Dancing With The noise nouvelle version. dernièrement:

ROUTE DU ROCK 2015. Comment quatre princesses s'emparèrent du trône abandonné par la reine mère






Quoi de mieux pour le meilleurs festival rock d' été qu'une édition chaotique pour fêter sa 25 ème fois. En 20 ans je n' avais vécu une Route du Rock  qui ressemblait émotionnellement autant à des montagnes russes. La joie, la déception, l' émotion la plus intense, les frustrations les plus rudes. La plénitude chassant l' angoisse à l'image de la météo. La pluie et le vent disparaissent en un claquement de doigt à l' ouverture des portes, quelques gouttes histoire de rappeler que dieu est indie mais que monsieur s'est bien amuser à taquiner les organisateurs et le public. Le cadeau de cette  édition anniversaire, la reine mère islandaise, annule et nous interroge sur la définition du mot professionnalisme et son association au terme "Artiste", un groupe anglais autrefois adoré la remplace et manque d'annuler à son tour. Une bataille de paille magique, des lancés de boue via les gobelets recyclable, un site enfin bien agencé, des hippies entreprenantes et les légendaires chèvres toujours présentes. Du haut de ces remparts 25 ans de merveilles musicales et de chèvritude vous contemplent. Enfin et surtout la version 2015 sera à classer dans les grands crus par la grâce d'un seul concert. Dans mon panthéon personnel PJ Harvey et Portishead  en 1998 (et 2014 pour les derniers) étaient inaccessibles en émotion. Il me venait toujours une excuse pour ne pas perturber ma hiérarchie. Nick Cave par exemple aurait pu mais (malhonnêtement ou judicieusement) je prétextais le fait qu'un Nick Cave plus jeune,  ça aurait possédé plus de gueule et de pèche. Et puis un regard déjà croisé en 2012 revint transpercer nos âmes et nos coeurs. Un regard, un corps au pieds nus en équilibre sur une barrière, les abysses d'un coté, le paradis de l' autre.



Cette édition  chaotique commença bien malgré elle le 5 Août à 10 heure du matin. Bjork annule sa tournée européenne. La mémère islandaise par son geste amena moult réflexion dans la petite tête de votre serviteur. La colère et l' effroi laissèrent la place à bon nombres de questions que tout fan de musique devrait  se poser. Selon la dame le sujet de son dernier album, la séparation, devenait trop lourd  à présenter en public. Vrai ou fausse excuse, la réalité est toujours  complexe, Bjork questionne surtout sur le lien entre oeuvre artistique et l' intime. Outre le débat du style Christine Angot qui est de savoir si exposer sa vie personnelle à travers son art est de l' exhibitionnisme déplacé, sa défection prouve que c' est avant tout une terrible prise de danger pour l'artiste lui même. 
Si notre époque voit les nouveaux groupes  se succèder à un rythme frénétique elle dévoile  aussi une sensation face à ce flux de formation qu'ils sont interchangeable et que finalement un manque de profondeur et d' âme  apparait. Il est à s' interroger de savoir si l' épisode Bjork est un mal pour un bien salvateur. La chanteuse depuis ses débuts a sans cesse fait preuve d'un investissement hors norme et d'une honnêteté rare. C'est à cause de ça avec bien sûr son talent que Bjork  possède la stature qui est la sienne.  Un artiste est un professionnel comme un autre qui doit répondre à ses obligations? La réponse parait évidente mais ne l'oublie-ton pas pas trop souvent. Dans ce blog je passe mon temps a traiter de la musique populaire comme une forme d' art avec un fond et une forme plutot que comme un simple produit de consommation que l'on décrit par une énumération sans fin d' adjectifs. Je comprend la déception des fans mais ne devenons-nous pas de simple consommateur en réagissant violemment? N' adoptons-nous pas l' attitude infantile trop présente qui est "je paie donc j'ai tous les droits". Quelque soient les conséquences. Tu veux des "pros" sur scène, toujours présents, qui jouent malgré tout ce qu'une vie peut amener comme complication? Vas voir des robots tel U2 ou Beyonce et leur machinerie bien huilée et ne t'étonnes pas qu'il manque de l' âme. Y' a toujours un prix à payer.  Un artiste doit-il être à votre service comme un commerçant de fruits et légumes? Alors faudra m' expliquer ce petit coté totalement humain que tout le monde raconte regretter chez  Jim Morrisson bourré,  Kurt Cobain déprimé,  une Beth Gibons statique et la franchise de Mark E Smith. Pourquoi c'est quand il y a des couaques qu'une certaine magie opère.
En fait je pense que le seul vrai tord accordable à  Bjork n'est pas d' avoir poser un lapin à son public mais à une association à l'intégrité absolue qui lutte dans une industrie musicale devenue sans pitié  face au consumérisme triomphant.
Conclusion, RDR et Bjork : un simple rendez-vous logique mais manqué pour cause de Burn Out Artistique.


Qu'est-ce qu'un disque culte ?

Alors bien sûr le loupé islandais a servi les blagues sarcastiques de Mark Kozelek dès la soirée inaugurale à la Nouvelle Vague. Set maîtrisé  laissant également une large place à l'impro, Sun Kill Moon en ouverture restera l'un des grands moment du festival. Kozelek a réglé le problème des portables et des photos en concert. Tu les fauches à leur proprio et tu te contentes de vivre l'instant présent. Ce qui est déjà un geste énorme contre l' image et le divertissement triomphant. Les chansons solides et un peu retravaillées issues de "Benji" ont une nouvelle fois prouvé qu' avec ce disque Kozelek est l'un des plus grands chanteurs/improvisateurs du moment et qu'il tient là son chef d' oeuvre absolu appelé à devenir culte. Et comme c'est un grand il se permis le luxe d'une reprise de Nick Cave en hommage au fils de ce dernier tragiquement disparu. Reprise à ranger d' office dans la catégorie très rare des cover réussies de l' australien.
A propos de disque culte toujours  les Notwist et Ride ont eux aussi amené à la réflexion.
 Au bout de 25 ans de passion musicale indie qui t'ont fait écouter tout ce qui a été enregistré ou au moins ce qui a compté tu te réveilles un bon matin et tu apprends que "Neon Golden" est devenu culte alors que "Nowhere"  autrefois la risée d'une certaine presse y a enfin accédé plus lentement comme il se devait. "Neon Golden" ? Un disque parmi tant d' autres petites pépites de deuxième division indie dans ma collection. Avec le recule je pense que l' aspect culte est surtout venu du fait qu'il représentait à sa sortie la rencontre parfaite entre le coté pop indie sentimentaliste et le glitch électro tant appris chez Warp et autres. Un disque crossover  entre deux mondes qui allaient s' éloigner après plusieurs rencontres fructueuses. Un disque  qui avait avant tout la qualité d' exister si ce n'est de révolutionner son époque. Une époque où l'indie aventurière et innovatrice allait faire place au revivalisme ghettoïsant et nostalgique du renouveau rock (Strokes, White Stripes et les Libertines).
Bien en dessous de la portée artistique, révolutionnaire  et sentimentale du "Nowhere" des Ride présent le dernier soir.
Les deux prestations allèrent dans le sens de ma pensée. Le set des allemands à malheureusement prouvé que, malgré un travail laissant place à une improvisation bien trop prévisible et mille fois  vue, leur fameux disque était bien foutu mais franchement pas un "classique" ni une "claque". Je risquerai la caricature je dirai que Notwist m'a plus laissé l'impression d'une récitation très lèchée et disciplinée comme seules savent faire les allemands. Si il y avait de l'émotion et une certaine naïveté en 2001  je ne l'ai plus ressenti à la Nouvelle Vague. Pire, c'est un certain calcul froid qui m' a parfois sauté aux yeux. Certains disques vieillissent plus mal que d' autres. Ride quant à eux se sont juste contenter de répéter leur titres et ont encore une fois prouvé que le culte autour des formations shoegaze est mérité. Comment ne pas aimer cette alliance parfaite d'un songwritting indie pop classique et d'un amour immodéré pour le bruits et les textures sonores. Le choc ressenti en 1991 face à ces paroles et ces voix  mélancoliques rencontrant la fureur bruitiste causés provenant des pédales d' effets. Ces coups de massue donnée par un batteur se lachant tel un Keith Moon et cette putain de basse  lorgnant à la fois sur le post-punk et le funk de Madchester.  Magistrale démonstration de la puissance britanique dans le monde indie du début 90's. 


Les déceptions et ceux qu'on oubliera tout simplement, prévisibles ou pas.

Malheureusement c'est la vie. Tout ne peut pas être parfait. 2015 n'y a pas échapper.
Certains concert vous laissent le goût amer de l'ennui totale. Vous y alliez sans conviction en espérant juste une bonne surprise mais elle n' arrivera pas.
Ratatat me rappela qu'ils ont eux aussi pas sorti de "classique" à part peut-être leur LP éponyme mais c' était il y a ...11 ans. Depuis plus rien de passionnant. Donc sentiment d' avoir à faire à un radotage un peu trop tape à l' oeil à l' instar d' un aspect visuel via des vidéos lui aussi un brin m'as-tu vu et ringard. Dans le même style "on a adoré mais franchement là on a honte de s' afficher avec" je demande Lindstrom qui n' a gardé du space disco aventureux de son "Where you go i go too" de 2008 (7 ans déjà ) que le coté plan-plan du disco. La magie space a du restée à Oslo.
Il y a ceux dont on attendait rien et dont il n'est rien venu justement.
La blague indie de l' été  Hinds. Pour le cas des ninas espagnoles ce n'est pas leur manque de professionnalisation qu'il faut blâmer, au contraire, je trouve ça rafraîchissant les voix qui déraille et les fausses notes, c'est plutot le manque total d' originalité et l' aspect rétro de l' ensemble. Tout comme Only Real qui après le peu que j'ai vu confirme son statut de Di Marco bis.  C'est mimi, c'est bien fait, ça veut être fun mais franchement c'est que du pur divertissement. De la muzzack pour festival et apéro dînatoire. Quand on sait ce que DWTN pense du clown Di Marco  c'est dire le désintérêt face à son suceur de roue british.
Rone après un disque sans intérêt n'a pas pu caché trop longtemps ses grosse ficelles et sa non prise de risque si traditionnelle chez une majorité d' artistes français électro. Le jour où nos compatriotes vont découvrir des types comme Logos, Lotic, Powell ou Andy Stott avec leurs manière si bizarre de redéfinir ce que doit être la pratique du dancefloor et du mix, bref un endroit pas fait seulement pour remuer son joli corps bronzé, mais aussi pour avoir la peur, pleurer ou réfléchir.
Jay Reatard après le psychédélisme assaisonnant cette vieille épave qu'est le garage s' est attaqué à Black Sabbath et des choses plus rude de sa collection de disque. J' avoue que Fuzz m' a un peu surpris dans le bon sens au début mais une fois mis de coté la supériorité du bonhomme sur une scène garage bornée et sans intérêt dans sa quête d' authenticité trompeuse  l' ennui s'est vite pointé. Un hamburger fait maison sera toujours meilleurs que sa version mc Do  mais n' aura jamais la classe d'un homard cuisiné originalement par un grand chef. Et puis surtout comment se laisser emporté par le garage omniprésent, cette anormalité temporelle  ghettoïsant  l' esprit. Jay a du talent, mais c'est un gâchis de passer sa à pasticher le passé. Et en plus les visages maquillés n' arrivent plus à cacher  la lassitude du roi du garage. Je croyais que le garage était anti-artifice et pro-authenticité? Peut-être le miracle va avoir lieu et ce petit génie va laisser les copains dans le garage de popo-moman?



Et parfois c'est plus de la déception, c'est de la colère.

Dans le genre "faut qu'on m'explique" , que foutait sur la grande scène Timber Timbre? 10 ans d' existence, 5 albums et pas un seul truc jouissif. Un micro culte certes mais un micro culte quasi-exclusivement ...français. Ceci explique peut être celà mais aussi la disponibilité plus grande des groupes moins demandés à l' étranger (on se demande bien pourquoi ?) et le lobbiying Canadien en France. Je comprend que les junkies en manque de Tindersticks et Nick Cave puissent s'en contenter mais la méthadone ce ne sera jamais de l'opium. Songwritting se résumant à un malin assemblage de connaissance totalement dénué d'originalité et d'une personnalité forte. Ils jouent à faire comme , pas à être soi-même. Et en plus ils ont décidé de forcer sur le coté rock pour s' adapter au format festival. Pensée émues pour la première prestations sans compromis  des Tindersticks dans le même lieu il y a si longtemps.
Mais si comme je vous le disait précédemment 2015 restera l' année du concert gigantesque de ... bipp... que dire de l'une de mes plus grandes déceptions de 20 ans de RDR.
En 2011 Dan Deacon fut un cataclysme au point que c'est à la suite de l' hystérie collective provoquée par le bonhomme que les organisateurs avaient décidé pour des raisons de sécu d'une deuxième scène bien plus grandes. Ses deux premiers albums avec leur électro furibarde et aventureuse m' avait tout bonnement mis à terre.  Envolées lyrique, coté cartoon se disputant avec un bruitisme digne des Fuck Buttons ou Pete Swanson. 4 ans plus tard toujours pour des raison de " sécurité" mais cette fois de la sienne j' évitai soigneusement de croiser le même homme. Ses deux derniers disques avaient bien dévoilé un Deacon capable de grandiloquences gênantes ("America") et d'un retour à la normalité la plus chiante mais je rèvais de passer un putain de bon moment de jouissance musicale ou communautaire. Son concert 2015 me fit gerber. Le petit coté gentil animateur hippie lo-fi " tout le monde il est beau tout il est gentil "de 2011 à laisser la place à un espèce de clown du music hall qui s' auto caricature. John Lydon nous l' avait pourtant dit, y'a pas plus réac et tricheurs que les hippies et les babes. Un type qui veut votre bonheur quitte à interdire avec un humour pitoyable et un brin vulgaire un pogo . Monsieur Deacon si vous voulez la jouer peace & love n'oubliez pas aussi le concept "il est interdit d' interdire". Plutot que diaboliser et ridiculiser trois ou quatre gamin un brin enthousiasme ou neuneu j' aurai préféré vous voir plus porté sur le dialogue que sur le monologue. Vous avez confondu communion avec son public avec manipulation et spectacle. Ah  au fait, à propos de dialogue,  en France  ça peut vous paraître bizarre mais peu de gens parlent anglais. Donc votre blabla à la manière des prédicateurs, ils comprennent rien les jeunes. Ce qui est con et franchement contradictoire  quand dans certaines interviews et chansons vous vous faites l' ardent geek pourfendeur de l' impérialisme américains. En fait votre dernière prestation en était un exemple parfait.  Terrible passage du second au premier degré. Coté musicale il n'y a plus rien si ce n'est de la redite, de la roue libre, ce que je croyais impossible chez le Deacon version 2011. Je reconnais que vous en avez converti de nouveaux fidèles avec votre force de conviction. Mais à part une ou deux exceptions ces gens n' étaient pas là en 2011 et ne vous connaissez pas. Quel va être leur fussoir quand ils vont découvrir votre discographie dans le sens chronologique. Vont-ils le faire justement? Je me demande justement si ça vous intéresse l' avis des autres.


 Les bon concerts attendus et les bonnes surprises.

 Foals après l' abandon de l' héritage post-punk (ou virage FM, c'est comme on veut) depuis deux lp ils remplacèrent donc au pied levé la mémère. N' attendant donc rien de tonitruant je misais sur leur qualité indéniable sur scène pour doper les morceaux récents un rien crispant sur disque et faire passer la dragée FM/stadium. Mission réussit malgré un bassiste remplaçant. Peut-être pas le frisson de leur deux premiers passages au fort mais loin d' être grossier le concert fut agréable et honnête. Foals? Un groupe que l'on a pas envie de détester.
Wand et The district me surprirent eux aussi en se révélant parfois intriguant. Si n'est une reprise pitoyable des Doors pour les premiers.
Et le père Thurston Moore me direz-vous? Parfait et toujours fringuant. Seul truc prévisible à déplorer. Le remplaçant de Steve Shelley n' était pas du même gabarit que son prédécesseur. Bien  sûr le grand blond sans les autres membres de qui vous savez c'est pas pareil . Conclusion : y'en a avait pas un de remplaçable dans la formation et surtout l' alchimie au sein Sonic Youth était un cadeau béni des dieu et expliquait bien du miracle New Yorkais.


Kiasmos a reçu un super accueil plus que mérité. Si leur musique se révélait profondément  planante et introspective sur leur disque ils réussirent à bien sortir  le public de sa torpeur estivale et transformer le fort en fjord nordique.Ce qui n' était pas gagné en passant en premier et sous le soleil  d' aout. Cf par ici pour en savoir plus (http://dancingwiththenoise.blogspot.fr/2014/11/en-passant-kiasmos-du-violon-sur-le.html. Tout sauf une surprise. Comme Spectres et Viet Cong. Disques parfaits sortis en début d' année (voir ici et  pour les chroniques DWTN) et concert parfait. Avalanche sonore shoegaze et noisy pour Spectres, post-punk impeccable pour Viet Cong même si ce sont de vrai diésels avec début de set mou et  la voix méconnaissable tellement devenue rocailleuse et éloignée de ses habituelles intonations à la Interpol. Daniel Avery avec sa relecture de 30 ans d' électro a réussi à me convaincre gentiment là où Disclosure m' avait agacé. Moins rentre dedans, démago et rat de discothèque comme sur  son premier album  il nous a finalement délivré un mix sobre et parfait même si c'était au risque de décevoir ceux qui attendaient une tornade façon Big Beat et Chemical Brothers.


Les révélations et le top du top.

Tout d' abord parlons du plus beau déhanché du festival. Father John Misty. Le bonhomme par sa prestation "spectaculaire" a soit agacé, soit charmé. C'est vrai que le bonhomme fait dans pas dans la demi-mesure mais la théâtralité ne m'a pas vraiment choqué personnellement. Un peu de sensualité mêlée à de la déconne ça fait pas de mal. Le personnage est attachant et sa prestation m' a apparu bien plus rafraichissante que celle si millimétrée et calculée du pathétique Dan Deacon ou de Fuzz. Mais revenons à l' essentiel, la musique. Quand son album est sorti en début d' année je l' ai tout de suite rangé dans la case "faille spatio-temporelle". Mais depuis je me suis surpris à y regoûter souvent et ce disque joli sans plus mais est devenu attachant . En se la jouant à fond  l' ex des Fleet Foxes a finalement réussi ,dans un genre différent rétro, à  prendre une place similaire que celles des Temples l' an dernier. Pas de réelle originalité mais un putain de songwritting au top teinté d'une vraie émotion et d'une critique sarcastique du temps présent. Il est le bon côté de la médaille partagée avec Timber Trimbre. Avalanche de références mais ce coup-ci portées par une vraie forte personnalité qui ne surjoue pas. Le Father peut faire son mariolle, sa musique et sa sincérité sont son gage.


Ils étaient attendus comme les futurs Tv on The Radio version 2015 et les Algiers n'ont franchement pas déçu et la comparaison va devenir inutile et hors propos. Plus poignant encore que sur leur très beau premier album, plus sauvage et encore plus intrigant. Les influences indus/post-punks sont encore plus visibles en live et donnent à l' ensemble de l' originalité que l'on entrevoit sur disque.  Son chanteur Franklin James Fisher (prof en Bretagne dans une autre vie) éclabousse tout sur son passage par sa force, sa sincérité et sa classe. Il m' a laissé une impression encore plus forte que Tunde Adebimpe avec les TV. Mais attention , je le répète, la comparaison entre les deux groupes s' arrête là même si la guitare reluque parfois dans les vapeurs sonores shoegaze ou noisy  tant inspiratrices pour le David Sitek des débuts. Il y a un mystère Algiers. Comment font-ils pour nous envouter à ce point-là. Bien sûr phrasé gospelien mais combien nous ont fait le coup par le passé. Le mélange rare indus-gospel après Soft Moon la veille  ça ne pouvait pas sur le papier  être une réponse suffisante. Le contenu hautement politique tout sauf démago y est pour quelque chose. Peut être le choc antre l' atonalité musicale et les incantations du chanteur. Ils me font penser à un autre grand disque politique 2015 dans un style musicale éloigné, le merveilleux Jam City ou aussi à celui de Gazelle Twin de l'an dernier. Comme les deux cités Algiers nous pond une pop pas vintage pour deux sous. Une pop du présent si pas du futur, musicalement. A une époque où on peut pas vraiment dire que beaucoup de formation indie offre un contenu philosophique et politique solide tout en collant à leur époque Algiers avec une alchimie magnifique délivre de l' émotion pure, du fond et de la forme nouvelle. Et enfin et surtout, malgré les apparences, je le réitère, cette musique est bien plus révolutionnaire qu' elle ne l' est.



Originales furent les Algiers, originales et avec encore moins de  compromis furent les gamins de Dublin, Girl Band. Enorme coup pied bruitiste au cul . Si l' héritage Liars est visible les gosses offrent une musique bien différente. Si Liars s'est mis aux synthés et regarde du coté de l' électro avec un classicisme parfois trop sage dans la manière, les Girl Band offrent de l'inespéré ou tout du moins promettent ce que l'on attendait plus. La volonté de faire sonner et d' utiliser les guitares comme jamais autrefois. Comme Sonic Youth, MBV ou Main il y a bien longtemps. Leur son et surtout les textures sonores avaient plus à voir avec l' électro qu' avec le rock et son héritage country/blues. Question de technique. La technique oublie aussi les influences jazzy du post-rock et les vapeurs shoegaze de Mogwai. Ils utilisent les guitares comme un sampler ou un synthé. Des accords chez Girl Band, oui,  mais comme chez Thurston Moore ils sont déchiquetés, maltraités, transformés. Le chanteur, ne calcule pas, si il ressemble physiquement à Kurt Cobain ce n'est que dans l' apparence au repos seulement. Il hurle, gémit et bouge différemment. Le travail de chaque membre est de toute façon à observer avec minutie comme il était chez ceux de Ride 25 ans plus tôt. Il se passe quelque chose de fort, nouveau et totalement jouissif. Le tout avec une franchise purificatrice face au garage rock et l'indie-pop  puant de la chaussette.


Une question me turlupinait. Soft Moon allait-il enfin être digne réellement de son premier et de son dernier disque. Allait-il offrir en prime des tueries electro pop noisy de son récent "Deeper" du boucan bien plus audacieux. Réponse positive. Bien sûr on est encore loin de l' effroi et de la stupeur de la nouvelle scène dark triomphant dans ce blog. Ce n'est pas Vatican Shadow question noirceur ou Perc pour le tabassage et encore moins la complexité d'un Powell mais ce type entrouvre sans compromis des portes que le public indie n' aurait jamais osé s'en approcher. Ainsi beaucoup ont enfin remarqué et apprécié le parti pris de chansons au format court s' arrêtant net et la non-systématisation du traditionnel schéma des lentes montées de lave sonore. Tu plonges direct dans son univers indus/noisy et sans passer par la case trempette de la nuque pour les frileux.
Vous l' aurez compris, comme depuis quelques années sur disque, le  style grand gagnant de la Route du Rock 2015 c'est tout ce qui touche de près ou de loin au Post-Punk. Ce sommet musicale de liberté artistique, de prise de position politique et de critique sociale triomphant entre 1977 et 1982. Une période égale au 60's. Et le grand moment de la Route du Rock 2015 ne fera pas exception.

En 2012 DWTN écrivait ceci:" Les doutes ont été vite dissipés. Jenny Beth est l' antithèse de ceux que j' ai étripé précédemment. Il fallait voir ce putain de regard pour comprendre que tous les Alt J et Breton de la terre ne sont que du vide. Oui, elle ressemble à la fille cachée de Siouxie et Ian Curtis avec sa coupe de cheveux et sa gestuelle. Oui, sa musique ressemble fortement à tout ce que j' adore, Pop Group, Swell Maps, Raincoats, The Slits. Oui c' est du revivalisme. Mais un putain de revivalisme bien dans notre époque. Le post-punk joué et vécu comme ça aura toujours sa place dans toutes les époques de l' histoire".En 2015: le "putain de regard" était encore plus intense, Siouxie balancée aux oubliettes et Ian a enfin trouvé son équivalent frenchy.


Comment décrire ce concert. Une semaine après les mots me manque. La musique? Je ne sais plus. La prestation scénique? Des bribes. Des bribes d'un magnifique rêve éveillé. Mais surtout le sentiment d' avoir subi un choc émotionnel intense. J' ai retrouvé les mêmes expressions dans une large partie du public que celles vues après les sets de PJ Harvey et Portishead. Des humains hébétés, les yeux brillants mais le regard dans le vide. Les gorges nouées de certains. Pas vraiment d' exclamations du style "c'est énorme" ou "claque". Les spécialistes du débriefing se révélèrent bien muets. Des ombres titubant retournant à leur quotidien de festivalier. Il s'est passé un truc. Ce qui me reste de lucidité peut juste me permettre de vous dire que le groupe a progressé sur scène, que Jenny se lache sur le coté show mais avec une classe magistrale sans tomber dans la vulgarité. Il se dégage de ce bout de femme une force et à la fois une sincérité hallucinante. Ses copines font bloc et surprennent à chaque instant. Les vieux titres sont retravaillés pour permettre la surprise inespérée. Les nouveaux semblent encore plus direct, brutaux et viscéraux. Un exemple de la grande classe de la grande dame, alors que d' autres se seraient empressés dans un but plus ou moins démago de nous raconter que ce festival est génial (comme certainement le font-ils à chaque festival) la Jenny a attendu d' avoir mis KO tout le monde  et la fin du concert  pour une touchante vérité. "La première fois que je suis venue j' avais 15 ans et j' étais là!" et de pointer du doigt le coté gauche de la scène. Quel plus beau cadeau que celui-ci pour la Route du Rock qui fêtait sa 25 ème fois.
Bien entendu le prochain album nous éclaircira l' esprit sur  le choc Savages de cet inoubliable soirée du Dimanche 16 Août. Mais si le miracle n' a pas lieu une nouvelle fois,  si ce disque s' avère décevant, ce moment si fort alors encore inexplicable suffira à lui seul pour que Savages et cette éditions rentrent dans le panthéon des plus belle Route du Rock.


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